Snob, on l'est tous un tant soit peu sinon comment aurait-on pu dessiner de façon aussi nette les contours de l'arrivisme, de l'élitisme ou du vrai faux raffinement ? Tous ces concepts sont à proprement parler les pâles reproductions d'un objectif lui-même absurde «paraître au devant de la scène dans le plus grand éclat qui puisse exister». Qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit nullement de procéder à l'advertizing d'une crème cosmétique, mais plutôt de vanter une appartenance à la crème sociale (cela s'entend bien). Paraître devient une fin en soi, quitte à adopter une attitude à laquelle on n'entend pour ainsi dire rien Choisir non pas par conviction mais parce que c'est ce qu'il faut faire pour aligner au vu et au su de tous les signes ostentatoires d'une certaine opulence. Celle-ci doit se manifester dans tous les aspects d'une vie n'en déplaise aux partisans du «pour vivre heureux vivons cacher». A ceux qui se demandent concrètement ce que représente le snobisme made in Morocco, on pourrait répondre doctement : «Regardez moi et croyez à mon bling bling même si pour l'entretenir j'accumule parfois des découverts bancaires qui font 4 fois la taille de l'Ouzbékistan». «Comme pour se rassurer, certains cherchent à tout prix à démontrer leur aisance, gage de reconnaissance sociale mais également sorte de parapluie mental pour les temps plus difficiles » explique Bahia Atlassi, psychanalyste. Ce genre de comportement superficiel ne dénoterait rien de plus si ce n'est une envie de se distinguer, de marquer à tort ou à raison son appartenance à une caste supérieure. La Snob- attitude consisterait tout bonnement à en mettre plein la vue aux autres, par définition : les voisins, les amis, les proches et comble du comble la famille elle-même ! En effet à quoi rimerait tout ce cirque si on n'arrive pas à laisser un cousin ou une belle sur baba d'admiration et d'envie Le snobisme part d'une idée, avant d'aboutir à une consommation élitiste. C'est ainsi que nos snobs finissent par exploser des budgets innommables en voitures, destinations de luxe, pièces signées et soins dans les spas les plus excessifs, rendant impossible le côtoiement de cadres de la fonction publique ou d'employés de bas étage. Un snob type s'attend et cherche même à payer le prix fort sans quoi, devenant accessibles à tout le Monde, les privilèges n'ont plus le même goût... «Payer très cher me garantie un seul luxe, celui de filtrer mon environnement et d'en limiter l'accès à ceux qui ont les mêmes standards que moi », Sanae, 34 ans, épouse de X, est le prototype parfait de la bourge fière de l'être et décidée à le rester le plus longtemps possible, loin de tous les gâches- paysages gravitant ici et là! Pour ça elle s'en donne largement les moyens! Snobment scolarisée, la progéniture de notre élite ne fait évidemment pas exception à la règle, et c'est à coup de missions françaises, écoles américaines ou espagnoles que la question des études est réglée. Assez étonnant lorsqu'on sait que pour beaucoup de parents ce genre d'établissement reste un univers très peu, voire pas du tout familier. L'explication à tout ceci ne réside nullement dans une quelconque velléité d'assurer un cursus scolaire ultra soigné à sa descendance, mais plutôt dans une furieuse envie de paraître encore une fois et de marquer une certaine scission avec le commun du mortel, à majorité fruit de l'école marocaine, celle là même où les cours sont dispensés en arabe par un fonctionnaire couleur locale (l'horreur beldo à l'état pur). «Fuir l'horreur n'est plus honteux, c'est même très bien vu lorsqu'on en a la possibilité» Sociologue, Brahim Tahiri reconnaît que depuis quelques décennies la richesse a perdu ce côté un peu tabou et que le fait de l'étaler est pour ainsi dire devenu un Must. Une fois le théorème des revenus, bien démontré par les principaux concernés, vient la classification intrinsèque au sein même de la haute sphère. En d'autres termes savoir distinguer entre les bleus et les anciens. Ces derniers ayant le mérite d'être nés «dedans» depuis au moins 4 générations ont réussi à convertir leur snobisme en seconde peau, pour mieux dénigrés les nouveaux venus sur des maladresses de style ou sur l'existence d'une aile plutôt modeste de leurs familles, vivant encore en périphérie des grandes villes. En dépit d'un pouvoir d'achat exponentiel et d'un vif désir d'être assimilés à des anciens, les bleus restent des bleus, récemment enrichis et surtout inconnus au bataillon des grands noms. C'est ainsi que l'on tombe dans le schéma tragi-comique d'une crème sociale qui finit par tourner à l'aigre, faute de freins. N'ayant en somme absolument rien à envier aux autres, notre Jet set en fleur est tout aussi bien ficelée à ses idéaux et ses complexes de supériorité que ne le seraient ses homologues d'ailleurs, médiatisation en moins peut être