Bilan La Botola Pro est finie, voire oubliée, et le Raja de Casablanca est sacré champion du Maroc. Mais il est important de revenir sur l'arbitrage, ce point noir qui a rongé le championnat et a accablé la crédibilité des hommes au sifflet. Le 25 mai 2013, le Raja de Casablanca décroche son onzième titre de champion du Maroc en l'emportant in extremis à domicile face au Difaâ El Jadida (2-1). Après le nul concédé par l'AS FAR face au Moghreb de Fès (1-1), les Verts ont donc décroché le sacre à une journée de la fin grâce à un penalty (très controversé) sifflé à la 88e minute de la rencontre. Si les hommes de Fakher ont fêté en grande pompe leur exploit qui leur ouvre la porte du mondial des clubs prévu au mois de décembre au Maroc, les Faristes, classés deuxième, accusent le club vert d'avoir profité des coups de pouce de certains arbitres. « Aujourd'hui, il est clair que le club qui a le plus de moyens est celui qui rafle la Botola et c'est injuste », se désole Mustapha Lamrani, joueur de l'AS FAR directement après le sacre du Raja. D'ailleurs, Abderrazzak Khayri, entraineur de l'AS FAR, a refusé d'assister à la conférence qui était prévue à l'issue de la rencontre. De son côté, le Jadidi Mehdi Karnas profite de son passage à la télévision à l'issue du Match Raja-DHJ pour exprimer toute sa révolte contre le corps arbitral de cette rencontre capitale pour le titre. Même si Kernass a félicité le Raja pour son sacre, ce talentueux joueur n'a pas raté l'occasion pour insister sur le rôle de l'arbitre. Ce dernier a, selon Kernass, généreusement offert un penalty aux Rajaouis en fin de rencontre. « Pour nous, on n'a pas perdu ce match », insiste-t-il avec rancœur. Baraka ! Ce n'est pas la première fois que les décisions du corps arbitral sont remises en question. Le long de cette saison, il n'y avait pas une journée qui passait sans qu'un club envoie un rapport à la Fédération royale marocaine de football pour dénoncer le niveau médiocre de l'arbitrage. Penalties non sifflés, buts marqués en position de hors-jeux, avertissements et expulsions distribués au lot... Le championnat 2012-2013 aura été riche en mauvaises appréciations arbitrales. Pour Fakhreddine Rajhi, ancien entraineur de Raja de Beni Mellal, le niveau de l'arbitrage cette année est loin de faire l'unanimité. « On a vu énormément d'erreurs du corps arbitral, surtout lors de la phase retour du championnat». En particulier lors des derniers matchs de la compétition. Lorsque le rapport contre l'arbitre est soumis à la Fédération et que l'erreur est reconnue, le club plaignant n'en profite pas malheureusement. Soit l'arbitre est suspendu pour quelques mois, soit il est innocenté. Et dans les deux cas, les points indument gagnés ne sont pas retirés. « Il est rarement arrivé qu'un match controversé ait été rejoué », explique l'entraineur. Il n'y a qu'à voir le match du Raja de Casablanca contre la renaissance Sportive de Berkane. Le club Berkani a envoyé un courrier à la FRMF, destiné au président Ali Fassi Fihri, afin de contester l'arbitrage du match les ayant opposés au Raja. Dans sa lettre de protestation, le club demande l'ouverture d'une enquête pour mettre la lumière sur les injustices qu'aurait subies son équipe. Et pour cause ! L'arbitre Omar Lahlou a été au cœur d'une polémique lorsqu'il a décidé de fermer les yeux sur deux penalties qui auraient fait pencher la balance en faveur des orientaux. Les Berkanis se sont donc emportés contre cet arbitrage qu'ils qualifient de faible et à la solde du Raja lors du match RSB-RCA, comptant pour la 28e journée. Les décisions prises lors de cette rencontre ont, selon le club, nettement influencé le résultat final du match. C'était vrai puisque la Fédération a décidé de suspendre l'arbitre pour six mois et de le reléguer en suite en deuxième division. Par ailleurs, l'AS FAR jouait son match contre Khouribga, quand le Raja affrontait Berkane. L'arbitre a sifflé un penalty pour les militaires... sans aucune raison valable ! Les deux rencontres se sont soldées par un nul. Le champion et son dauphin ont joué à l'occasion les pires rencontres de tout le championnat. Il s'agit pourtant des deux meilleurs clubs du moment. Les avocats du diable Pour l'arbitre Mohamed Soulmani, il ne faudrait pas diaboliser les juges du foot. « L'arbitre est un être humain. Et je ne crois pas qu'il pourrait remettre en cause toute sa carrière en ayant l'intention de favoriser un club en particulier avant même le début de la rencontre. Les suspensions sont dures et l'arbitre peut risquer son avenir s'il est accusé de quoi que ce soit », argumente-t-il. Ces propos sont loin de convaincre Baddou Zaki. Pour l'entraineur du Wydad Casablanca, le club rouge a été victime de plusieurs erreurs durant cette saison. Même son de cloche pour Aziz El Amri, entraineur du Moghreb de Tétouan qui estime que son équipe a perdu 10 points au classement général à cause des erreurs d'arbitrage. L'entraineur Ait Djoudi du Moghreb de Fès n'est pas non plus amène avec les arbitres. C'est le même son de cloche qui se fait entendre du côté des clubs qui risquaient la relégation en 2e division. Ceux-ci se sont souvent plaints des décisions des arbitres, c'est le cas du KAC de Kénitra ou encore du CODM. Le club Hoceimi a également adressé à plusieurs reprises des requêtes contre le comportement des arbitres. Pour Hammadi Hmidouche, le problème d'arbitrage touche à la crédibilité du football marocain, surtout que le Maroc s'apprête à accueillir plusieurs événements sportifs dont le Mondial des clubs. « Un pays qui devrait accueillir le mondial des clubs deux fois de suite devrait d'abord mettre à niveau son propre championnat et son corps arbitral. Si on accuse aujourd'hui le Raja d'avoir remporté le titre grâce aux arbitres, le club vert devrait prouver qu'il l'a bien mérité lors du mondial des clubs » souligne-t-il. Aujourd'hui, le championnat a pris fin et les clubs s'apprêtent à tirer un trait sur cette saison pour être fin prêts pour la prochaine. La Fédération, de son côté, se prépare au mondial des clubs mais n'a encore rien prévu pour les arbitres qui devraient gérer la prochaine Botola. En attendant du nouveau, le Raja a intérêt à prouver son mérite lors du mondial des clubs face aux grands du ballon rond