Impossible, au Maroc, de songer courir les festivals. Les organisateurs des multiples rendez-vous essentiellement musicaux attendent la fin du printemps pour ouvrir de concert les hostilités. Jusqu'à la fin de l'été, c'est une folle bousculade qui s'empare de notre doux pays. Avec, parfois, les mêmes têtes d'affiche quand ce ne sont pas les mêmes dates. Mieux, on choisit des thèmes pour que ça fasse joli. Lorsqu'on voit les programmations, on sourit. A quelques exceptions. Le plus spectaculaire de tous, c'est le festival de Casablanca. En le saucissonnant (Casaciné, casa arts ), on a ôté son âme à la fête. Comment peut-on parler de festival lorsque les composantes de l'évènement sont éparpillées dans le temps. Ceci, à l'heure où les plus grands festivals du monde choisissent de ramasser leurs dates, de faire le moins long possible. A quelques kilomètres de Casablanca, c'est une rageuse débauche budgétaire qui a frappé en 2008. Le festival Mawazine a mis la concurrence hors d'état de nuire. Désormais, on doit au moins faire pareil. Les organisateurs de cette grand-messe r'batie le savent bien et ne comptent pas baisser pavillon. Et nous voilà ravis. Ravis pour toutes les autres villes qui claquent pour que ça clinque. A Marrakech, le Festival international du film a eu le mérite cette année d'avoir moins fait dans le people et plus dans la qualité. Mais revenons à Casablanca et souhaitons longue vie à «L'Boulevard» qui sauve la face. Sans lui, toute une jeunesse serait frustrée. En dix ans, il a réussi à faire partie des murs de la ville en investissant les sous-sols du Technopark. Autre bonne nouvelle : la transformation des anciens abattoirs en un espace culturel. Manqueront ensuite une vraie Bibliothèque, une réforme de l'école des Beaux arts et une gestion professionnelle et pédagogique du Conservatoire de musique. Ce qui nous conduit à parler de la nouvelle scène musicale qui existe depuis une décennie tout de même. L'originalité est venue cette année d'El Khansa Batma. Après le délicieux «Aux portes du désert» réalisé il y a près de cinq ans, elle revient submergée du son rock alternatif, un rock «rappant» en ce qui concerne «Gharni». Le single quoique sorti fin 2007, il ne s'est véritablement installé qu'en 2008- est d'une étonnante fraîcheur et la voix d'El Khansa est une chaude bise qui vient s'écraser sur la joue.