L'Opep a maintenu son niveau actuel de production. Ainsi, elle transcende les pressions des pays consommateurs et se donner du temps pour évaluer les risques de récession aux Etats-Unis et l'impact sur la demande pétrolière d'ici sa réunion prévue le 5 mars. "Il y a un équilibre sur le marché" entre l'offre et la demande d'or noir, "il n'y a pas besoin de prendre de décision à l'heure actuelle", a affirmé le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Abdallah el-Badri, lors d'une conférence de presse après la réunion. La décision a été "facile" et "unanime", a remarqué le ministre du Nigeria, Odein Ajumogobia. L'Opep a ignoré, comme en décembre, les appels des pays consommateurs, qui accusent le cartel de ne pas mettre assez de pétrole sur le marché pour répondre à la demande hivernale et d'avoir contribué à pousser les prix du brut jusqu'à 100 dollars le baril début janvier. Les ministres des 13 pays membres se sont toutefois voulu rassurant en déclarant leur "détermination à prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir la stabilité du marché". Actuel président de l'organisation, le ministre algérien du Pétrole, Chakib Khelil, a rappelé que l'Opep a produit "100.000 barils de plus en janvier" par rapport à son offre officielle de 29,67 millions de barils par jour (mbj) pour les 12 pays soumis aux quotas. En incluant l'Irak, qui n'a pas de quota, l'Opep pompe 32 mbj actuellement, soit 40% de la production mondiale. Pourtant, lors de sa réunion ordinaire le 5 mars, le cartel pourrait être amené à prendre une décision difficile: baisser son offre pour empêcher un éventuel surplus pétrolier et éviter ainsi une possible chute des prix. "Nous devons défendre les prix", a affirmé le ministre vénézuélien Rafael Ramirez. A. el-Badri a admis que le cartel était "inquiet" de la situation économique mondiale, en particulier des risques de récession aux Etats-Unis, qui représentent un quart de la consommation mondiale. "La crise économique et la possibilité d'une récession vont dans le sens d'une baisse de la demande", a fait valoir Chakib Khelil, qui s'attend aussi à ce que les stocks pétroliers augmentent au cours des prochains mois. Pour Paul Tossetti, analyste de PFC Energy, une baisse sera à l'ordre du jour, en mars, surtout si "les stocks de pétrole continuent à monter comme ces trois dernières semaines", un facteur baissier pour les prix. Les cours du brut ont perdu près de 10 dollars depuis leurs records de début janvier alors que le baril avait grimpé en séance jusqu'a 100,09 dollars à New York. Vendredi à l'ouverture de ce marché, le baril de brut perdait 54 cents à 91,21 dollars. Le marché pétrolier avait ainsi largement anticipé la décision du cartel. Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, partisan d'une politique agressive sur les prix, a été le plus offensif vendredi. "Il faudra sans doute procéder à une baisse" de la production de brut en mars, a-t-il noté devant des journalistes. Selon P. Tossetti cependant, "si les prix se maintiennent dans la fourchette de 90 dollars le baril, ils pourront difficilement baisser la production". Ce qui pousserait les prix encore plus haut et réduirait les revenus des pays membres. L'autre solution serait un maintien officiel des plafonds de production et une réduction discrète de la production. Le chef de file du cartel, l'Arabie saoudite, dépasse largement son quota théorique (8,94 mbj) et a reconnu produire actuellement 9,2 mbj. Il pourrait, comme d'autres membres, ramener sa production autour de son quota, voire en-dessous, sans avoir l'air "d'aggraver le ralentissement américain", a conclu M. Tossetti.