« La problématique du transport à Casablanca est complexe et très coûteuse», souligne d'emblée Mohamed Kabbaj, Wali de la région du Grand Casablanca, lors de la journée d'information présentant les résultats de l'étude du Plan de déplacements urbains (PDU), organisée le 12 novembre à Casablanca. Le poumon économique du Royaume enregistre en effet dix millions de déplacements par jour (soit une moyenne de trois déplacements par personne). Pour leurs besoins en transport, les Casablancais dépensent, chaque année, 15 milliards DH. Un montant considérable, comparé aux 15 milliards DH alloués au programme des logements à 140.000 DH! A lui seul, le mode de transport par voiture (14 % de parts dans les déplacements) représente les trois quarts de ces dépenses, contre 7% seulement pour le transport en commun (13% des déplacements). Sans surprise, les dépenses pour l'aménagement et l'entretien de la voierie représentent un epsilon (moins de 0,5%). Les opérateurs de transport et les collectivités locales ne contribuent qu'à hauteur de 0,8% chacun dans le financement de ces dépenses, contre 81,7% pour les ménages. Eloquent ! «Les transports publics et les infrastructures n'ont pas reçu le financement adéquat de l'Etat, des collectivités ou des opérateurs privés», lit-on dans les résultats de l'étude du Plan de déplacements urbains (PDU). Pour les années à venir, l'effort d'investissement en «transport et circulation» sera conséquent. Cinquante milliards de dirhams sont à mobiliser au cours des vingt prochaines années. A commencer par la création d'un tramway (6,4 Mds DH) et d'une ligne RER (11 Mds DH). Au total près de 18 Mds DH à engager d'ici à fin 2012, date de départ, si tout va bien d'ici là, de la première ligne du tramway (28 Km). Suivra, un an plus tard, la mise en service du RER (une vingtaine de stations sur une soixantaine de Km). Les travaux pour le tramway, dont la convention de financement a été signée devant le Roi, vont bientôt commencer (début 2009). De quoi tranquilliser les citoyens face à une problématique qui n'a que trop duré. Dans cette perspective, quel devenir pour le réseau des autobus? «Il sera restructuré en fonction des réalisations et aura une fonction de rabattement sur les axes lourds et de dessertes des zones les moins denses», prédisent les architectes de l'étude du PDU, en l'occurrence la société française d'ingénierie BCEOM. Il est même préconiser de disposer d'un système de suivi de l'exploitation des opérateurs, via le système GPS. En attendant 2012, la restructuration des transports collectifs actuels urge. Les ingénieurs de BCEOM, qui se sont penchés sur la problématique des déplacements urbains voilà maintenant quatre ans, avaient suggéré la création de lignes pilotes avec la mise en place de couloirs réservés aux bus pour une vitesse accrue. Malheureusement, ces lignes «n'ont pas réussi jusqu'à présent à se mettre en uvre», regrettent les ingénieurs de BCEOM. L'arrivée à échéance en 2009 de la convention de gestion déléguée (donc des autobus privés) mettra les autorités de la ville face au choix de retour à un système de monopole (M'dina Bus) ou bien le maintien de la situation oligopolistique actuelle. Une chose est toutefois sûre : la gestion du tramway ne fera pas l'objet de gestion déléguée par le Conseil de la ville. Elle est plutôt affaire de capitaux privés (société Casablanca Transport). Transition Les Casablancais veulent bien croire que les projets programmés et les travaux ayant déjà commencé pour certains chantiers (restructuration de certains boulevards, par exemple) mettront un terme au calvaire quotidien du transport. L'optimisme est toutefois de mise. Après plusieurs années de tâtonnement et d'improvisation, les autorités de la ville espèrent que cette fois-ci sera la bonne. Maintenant que l'étude du PDU est achevée, une vision se dégage pour l'avenir du transport à Casablanca. Décliner, toutefois, sur le terrain ses recommandations en mesures pratiques (modes de transport, organisation, stationnement, signalisation et infrastructure routière, etc) ne sera pas une mince affaire. A la Wilaya de Casablanca, l'on est conscient des préoccupations de la période transitoire. «Des difficultés peuvent surgir lors de cette période transitoire, mais nous pourrons les réduire». Parole de Allal Sekrouhi, Gouverneur, directeur de l'Agence urbaine de Casablanca.