Impossible de ne pas croiser le docteur Zahi, si vous suivez depuis un bon bout de temps déjà les prestations de l'équipe nationale de football ou celles encore de l'équipe des FAR. Sur le banc de touche, il ne quitte pas des yeux le premier joueur qui montre des signes de fatigue ou un autre remis sur pieds après un contact. Il sait qu'en sa qualité de médecin du sport, la responsabilité est grande et l'anticipation est primordiale pour ne pas dire quelquefois vitale. Dire que ce natif de Taza n'était pas destiné à une carrière médicale serait mentir. Le choix de la médecine du sport est la concrétisation d'un rêve de jeune. J'aimais le football comme tout Marocain, le football de quartier en particulier, et après chaque compétition je prenais une raclée dès que je rentrais à la maison car pour mes parents le football était une perte de temps; mais une fois médecin, le rêve reprenait le dessus mieux encore je me suis spécialisé dans le football en France et depuis je vis au rythme de l'interaction football- corps humain en essayant de comprendre l'énigme de l'adaptation du corps humain aux sollicitations de l'effort ou encore la dialectique (sport et être humain). Si à l'étranger ce secteur a pris beaucoup d'avance, le Maroc n'est pas en reste malgré des moyens limités comme le souligne Dr Zahi: La médecine du sport au Maroc a réalisé un pas de géant et ceci grâce au labeur de toute une équipe constituée du CNOM, la FRMF, le CHU de Rabat, le ministère de la Jeunesse et sport, le centre sportif des FAR et l'AMMS. D'ailleurs je rends un grand hommage à notre maître le professeur Sbihi du CHU de Rabat et l'équipe du Dr Sentissi de Casa pour la concrétisation de l'enseignement de la médecine du sport à Rabat et l'année prochaine à Casablanca sous la houlette du Professeur Arsi». Ce pas de géant n'a cependant pas empêché il y a quelques années les terrains marocains de connaître l'une des pires tragédies de son histoire, comme le docteur tout-le-monde a été marqué par le décès du joueur Belkhouja : «Je suivais le match à la télé à Rabat; j'ai immédiatement pris la route sur instruction du président de la FRMF pour superviser la suite des événements». Depuis ce moment, les équipes ont plus ou moins pris conscience de la gravité de la situation, d'autant plus que nos terrains de football connaissent actuellement une recrudescence de blessures, et pas des moindres, allant de la simple courbature jusqu'à la lésion gravissime, à savoir les détresses cardio-respiratoires mettant en jeu le pronostic vital du joueur. «Il faut disposer d'infrastructures médico-sportives et de potentiel humain spécialisé pour y faire face. De nos jours, la majorité de nos terrains est équipée en moyens d'évacuation sur les structures hospitalières de proximité». Comme tous les médecins du sport, son principal combat reste celui qu'il livre chaque jour contre le dopage «Notre pays subit des mutations à tous les niveaux. Le corps médical doit être conscient de cet état de choses et veiller à l'éthique et à l'intégrité du corps humain et barrer la route à toute manipulation spéculative (podium, performances, records...) compromettant la vie car si le sport ne donne pas des années à la vie il donne de la vie aux années.» Conscient du rôle qui est le sien au sein de la société, Boujemaa Zahi, en homme simple et affable, sait aussi que la valeur n'attend pas le nombre des années.