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Faire réussir et éduquer, mission impossible ?
Publié dans L'observateur du Maroc le 21 - 01 - 2013


Par : Abdejlil Lahjomri
Dans une école de formation d'enseignants, un professeur de sciences de l'éducation avait intitulé son séminaire : « Grandeurs et Misères de la profession enseignante ». Les apprentis professeurs allaient très vite se rendre compte qu'il allait y être question de beaucoup de misères, d'interrogations et de peu de grandeurs. Un peu plus avant dans sa formation le futur enseignant rencontrera Freud qui lui dira que trois métiers sont des missions impossibles : gouverner, éduquer, soigner.
Certains praticiens de l'éducation affirmeront que « faire réussir » est une mission possible, et apporteront pour cela des exemples édifiants.
Faire réussir ou éduquer est fort possible. Mais
« faire réussir et éduquer » : tous diront que c'est une utopie. Cette interrogation est un paradoxe puisqu'elle présuppose que l'école peut être à la fois le lieu qui prépare à la réussite professionnelle, à la promotion sociale et qui en même temps éduque, élabore un processus « d'adaptabilité » pour une participation éthique dans la vie de la cité. Ce paradoxe au cœur de la problématique de l'éducation, fonde toutes les réformes.
Réfléchir sur « faire réussir et éduquer », c'est réfléchir en fait sur pourquoi les réformes n'ont pas cessé d'échouer, pourquoi toutes les innovations didactiques qui feraient de cette équation une équation viable, sont restées vaines.
Si des formateurs nous disent que « faire réussir » est une mission possible, c'est parce que l'école : c'est des enseignants, des élèves, et une relation entre eux de transmission d'un savoir. Et cette transmission peut réussir, réussit sans aucun doute. Le maitre transmet à l'élève non seulement un savoir mais parvient à l'y faire réussir. Souvent il réussit aussi à lui « apprendre à apprendre », à apprendre à réussir. Certes, la tâche n'est pas facile, mais réussir à transmettre un socle de connaissances, un socle de compétences, est possible.
Mais « éduquer », leur parait une mission impossible, parce que comme le dit Michel Serres, l'éducateur est un « passeur de l'entre-deux, de l'entre « deux rives » : de la rive de l'enfance, à celle de l'âge adulte, de la rive du milieu familial, à celle de la responsabilité sociale. La réussite, si elle n'est pas impossible se révèlera précaire.
« Faire réussir et éduquer » serait une utopie parce que l'école doit faire acquérir des socles de compétences, mais aussi, et en même temps, avec la même efficacité piloter le passage d'une rive à l'autre.
Mais les rives sont mouvantes. Le changement est rapide, et le rythme du changement, vertigineux.
Il faudra alors que l'école s'adapte au « changement du rythme de changement lui-même », imaginer une éducation au changement. Comme le propose l'une des multiples réformes, elle ne doit plus seulement
« dispenser des connaissances, les savoirs – faire », mais les « savoirs – être » qui donnent à chacun les moyens de faire face aux situations nouvelles. Mais cela, dans l'état actuel des choses, l'école ne sait pas encore faire. Elle doit en plus « soutenir les plus faibles, tout en encourageant les meilleurs à se dépasser ». Elle devrait contribuer à la fois « à l'élévation du niveau général de la population et au recrutement social élargi des élites ». La recherche de l'équilibre entre les plus faibles et les plus « méritants », l'éducation au changement, l'acquisition d'un socle de compétences, « l'adaptabilité » des « savoirs – être » sont toutes tâches si elles sont hâtivement engagées font de l'école « un opérateur produisant de l'échec ».
L'organisation des parcours scolaires, l'orientation, l'évaluation, la prise en compte des choix propres des élèves, l'équation « éducation – formation – emploi », le redoublement, ou non l'organisation du soutien à ceux qui ne montrent pas d'aisance dans la maîtrise des socles de compétences, autant de solutions à imaginer, de didactiques à innover, pour que le fameux « contrat individuel de réussite scolaire » ne soit pas une illusion, mais offre plus d'ascension sociale, que d'exclusion.
Le défi selon un penseur serait de réussir la promotion de tous, avec, en même temps l'inévitable sélection des élites. Cela aucune réforme ne semble pour l'instant l'avoir réussi. Parce qu'aucun système éducatif ne dispose en lui-même d'un « mécanisme d'adaptation » qui l'aiderait à piloter sa dynamique interne face au changement social, économique, technologique, scientifique imposé par la modernité. Aux lendemains de l'indépendance, l'instance éducative, en optant légitimement pour une unification du système éducatif, sa marocanisation, sa généralisation, et en instaurant un « bilinguisme de fait » est parvenue à
« faire réussir» toute une génération qui a pris en main les destinées du pays. Un enfant né dans un village de l'Atlas pouvait devenir un professeur de médecine réputé. « Faire réussir, paraissait une mission possible ». Qu'est ce qui a fait qu'il le peut de moins en moins ? C'est parce qu'au moment où la société s'épanouissait dans un désir de modernité, l'instance éducative décidait d'un aménagement linguistique hâtif et qu'aucun mécanisme dans le système éducatif ne s'est mu pour l'alerter sur le danger qui le guettait. Cet aménagement linguistique finit par accoucher d'une situation qui en fait n'a pas permis au système éducatif de répondre à l'interrogation lancinante : quelle langue d'enseignement, quel enseignement de langues ? L'action de l'éducateur s'inscrira donc inévitablement dans une dynamique périlleuse de la diversité et de l'unité. Il aura à penser d'abord son action dans ce chemin chaotique de la diversité interne vers plus de stabilité. Et aussi de contribuer à plus de cohésion et d'harmonisation des diverses composantes d'une identité qui se veut et est déjà plurielle. Tant que cet aménagement linguistique n'invente pas une pédagogie des langues, et reste ainsi en suspens, « faire réussir et éduquer », serait une mission impossible. Les apprentis-enseignants confièrent dans un moment de fatigue à leur maître leur découragement. Il leur rappela la phrase de Samuel BECKET : « Vous n'avez cessé d'essayer ? Vous n'avez cessé d'échouer ? Aucune importance. Réessayez, échouez encore, échouez mieux ».


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