De plus en plus disposé à s'occuper de lui, il semblerait que le marocain tende tout comme ses congénères des autres pays à se «métro sexualiser ». Désormais courant, le terme, désigne cet homme New Age soucieux de son esthétique ou plus « poétiquement » cet homme en harmonie avec sa parcelle de féminité. Notre Cheb et ses aînés puisqu'il s'agit d'eux ici sont devenus comme partout ailleurs des cibles à part entière pour les marques de cosmétiques, instituts de beauté et autres centres de remise en forme. C'est en analysant leur comportement acheteur que l'on se rend compte que ces messieurs font la part belle à leur apparence à laquelle ils allouent des budgets que l'on qualifiera de coquets pour rester dans le contexte. Ajuster, corriger, voire perfectionner sa plastique sont devenus monnaie courante. Mais que fait exactement notre marocain métro sexy ? Il se masse, s'exfolie, traque ses rides, puise dans les rayons cosmétiques, s'occupe de ses mains et va parfois jusqu'à s'épiler. Dans certains centres de remise en forme la répartition du chiffre d'affaires spa entre hommes et femmes est plutôt intéressante. Selon les chiffres d' Imane Maaroufi directrice Spa d'un centre de remise en forme à Rabat, la clientèle masculine du club génère 70% des ventes en massages Tonifiants, 20% des ventes en soins du visage et tout de même 10% des ventes en Lumière pulsée (Une méthode dernier cri pour une épilation définitive), avec une nette progression d'année en année. D'autres établissements confirment les faits. « Si pour l'instant mon chiffre d'affaire homme tourne autour de 6%, il ne fait nul doute que ce taux finira sous peu par doubler voire même tripler , car chez l'homme aussi on décèle maintenant cette envie de refléter le bien-être, d'avoir des produits spécifiques. » c'est dans ces termes que s'exprime Michel Senouf (directeur général d'un distributeur OmniMerca, l'un des leaders au Maroc de la distribution cosmétique en institut). Le recours à des moyens plus pointus tel que le Botox ou la chirurgie devient lui aussi de plus en plus en vogue parmi la gente masculine. Seulement à considérer le coût de certaines prestations, on s'interroger sur les catégories véritablement concernés par cette mouvance. Des cadres ou des entrepreneurs à fort pouvoir d'achat, soucieux d'incarner l'image parfaite du Golden Boy qui en impose également par son physique sophistiqué ? Assurément non, puisque les moins fortunés mais non moins pourvus de goût font avec les moyens de bord pour eux aussi afficher cet air « In » tellement d'actualité de nos jours. C'est à coup de gel (effet mouillé, look coiffé décoiffé), de teintures, de relaxants capillaires et de produits à prix abordables, qu'ils font progressivement leurs entrées dans l'univers du métro sexy. L'homme serait-il une femme comme les autres pour reprendre le titre du film? Pas si sûr, plutôt un fin stratège. La tendance actuelle est à amadouer la psyché de l'autre, à tirer sur ses cordes sensibles afin d'obtenir une certaine marge d'avance dans un monde de plus en plus compétitif où la défaillance de l'esprit ou du corps n'est plus tolérée. La jeunesse et la beauté sont devenues synonymes de victoire puisqu'elles permettent de renforcer le pouvoir que l'on a sur autrui, un pouvoir de séduction certes mais un pouvoir quand même, susceptible de faire pencher la balance en faveur de ses détenteurs. Rien à voir en fin de compte avec une quelconque féminisation du genre ; certes la quête du Bien être ou plutôt du Mieux être physique est bel et bien présente mais elle n'est pour ainsi dire qu'un fil menant aux autres préoccupations de ces messieurs : la performance à tous les niveaux, la maîtrise de l'âge et donc le quasi surpassement d'une fatalité. Pour les avoir eux même édictés, les hommes ne peuvent qu'être doublement conscients des critères de réussite sociale mais aussi physique de leur environnement. Entre les deux existent dorénavant des interactions palpables, n'en déplaise aux partisans de l'homme standard et « sans fioritures ». Ce dernier a certes encore des jours heureux devant lui, mais se laissera tôt ou tard séduire (ne serait-ce qu'un peu) par cette nouvelle forme de force...