Depuis son arrivée à la tête de l'Istiqlal, Hamid Chabat, ne cesse de s'attaquer de front au gouvernement. Bien que le plus souvent codées, les ripostes de Abdelilah Benkirane se font rarement attendre. Retour sur les phrases choc échangées, à distance, entre Chabat et Benkirane, retranscrites sous forme d'un dialogue qui semble être de sourds. Hamid Chabat : « Je suis pour un gouvernement fort qui prend et assume des décisions politiques fortes et non pour le rafistolage. » Abdelilah Benkirane : « Notre gouvernement est fort et il prend des décisions qu'il assume sans se voiler la face. N'en déplaise aux perturbateurs ! » Hamid Chabat, prenant mal de se voir traité de perturbateur : « Il ne décrit l'éfrit qu'un éfrit comme lui. » Hamid Chabat : « Je suis pour le respect des engagements pris par l'ancien gouvernement et donc, par souci de continuité de l'Etat, l'engagement pris en faveur des diplômés chômeurs devra être respecté par Benkirane. » Abdelilah Benkirane : « Je ne comprends pas l'effronterie de ceux qui revendiquent le recrutement direct et sans concours des diplômés chômeurs ! » Abdelilah Benkirane : « Nous sommes déterminés à mettre fin aux rentes et à mettre à nu les rentiers ». Hamid Chabat : « Ce n'est pas en publiant des listes sans aucune suite que l'on pourra mettre fin à l'économie de rente ». Hamid Chabat : « Benkirane c'est Benkirane et Chabat c'est Chabat. » Hamid Chabat : « Quand je critique Benkirane, je critique le chef du gouvernement, le responsable politique et non pas la personne de Benkirane. » Abdelilah Benkirane : « Nous ne sommes pas du genre à coller à nos sièges. Le pouvoir n'est pas un objectif en soi pour nous. Que celui qui se sente capable de gérer les lourds dossiers auxquels nous sommes soumis se présente. » Hamid Chabat : « Mon arrivée à la primature dépendra des résultats des prochaines législatives et nous sommes déterminés à l'Istiqlal à décrocher la première place au terme des prochaines élections. » Benkirane : « Que celui qui n'a pas goûté aux affres de la prison dans les années de plomb et de coercition de l'époque ne vienne pas nous donner des leçons sur le respect des droits de l'Homme. Il ne sait même pas de quoi il parle ! » Chabat : « Le parcours de Benkirane n'est pas le même que le mien. » Benkirane : « Le gouvernement a une vision claire de ce qu'il entreprend et les résultats sont déjà là, malgré le lourd héritage qu'il doit gérer. » Chabat : « Nous sommes en train d'élaborer une plate-forme politique qui présente notre vision de la majorité et du travail gouvernemental qu'elle doit mener. » Chabat : « Le remaniement ministériel est une nécessité et il est tout à fait normal que l'on remanie l'équipe gouvernementale au bout d'une année de travail, surtout quand les résultats ne suivent pas. » Benkirane : « Le remaniement ministériel n'est pas une priorité pour moi. » Chabat : « Nous voulons redonner confiance aux Marocains concernant la chose politique dans le pays. » Benkirane : « Les Marocains n'ont pas perdu confiance et ceux qui prétendent le contraire, qu'ils viennent se mesurer à nous sur le terrain. Je suis sûr que les Marocains m'écoutent, me comprennent et accueillent positivement les mesures que je prends. » Chabat : « On ne peut pas tolérer qu'on vienne tout à coup interdire aux enseignants du public d'enseigner dans le privé et perturber ainsi tout un pan de l'Education nationale. » Benkirane : « Il est intolérable d'accepter que les enfants des Marocains aient un enseignement à deux vitesses en favorisant ceux qui ont les moyens. » Chabat : « Le gouvernement ne fait rien face à la fuite fiscale au profit des riches et ce sont les pauvres qui sont contraints de payer. » Benkirane : « S'attaquer aux riches c'est risquer de les faire fuir comme cela s'est passé en Iran. Un pays dont les responsables ont dit aller voir des membres de leur communauté, partie à l'étranger, pour les supplier de revenir au bercail sous les conditions qu'ils veulent exiger. » Chabat : « En appelant à la reconstitution d'un gouvernement fort et efficace, nous exerçons notre devoir de prévention. La société va mal, surtout qu'on est en train d'affaiblir la classe moyenne. » Benkirane : « Certains s'érigent en porte-voix de la classe moyenne, mais celle-ci ne s'est jamais plainte des hausses des prix que nous avons été contraints d'appliquer pour instituer l'esprit de solidarité dans notre société. J'attire votre attention sur le fait que cette classe n'est pas sortie dans la rue. La classe moyenne réclame d'abord la stabilité. La classe moyenne voudrait être assurée pour son avenir. Elle ne voudrait pas d'un bouleversement ou d'une révolution dans le pays. » Chabat : « Le dialogue social est en panne et les protestations se multiplient, au point que l'on menace aujourd'hui de recourir à la grève générale. Où est le gouvernement dans tout cela ? » Benkirane : « La protestation, nous y réussissons tellement que nous l'avons amenée jusqu'au mont Arafat lors du pèlerinage à la Mecque. Je dois juste préciser que le jour de l'une des manifestations qui se voulaient être de dépit, 1 200 personnes sont sorties dans la rue dont 800 se comptent parmi les demandeurs d'emploi. » Chabat : « Les citoyens sont exaspérés par le coût de la vie et on parle aujourd'hui de l'augmentation des prix de l'eau et de l'électricité. C'est là une voie dangereuse ! » Benkirane : « Dites-moi ce que vous voulez ! Quand je hausse les prix vous criez, quand je les baisse vous faites la même chose. » Benkirane : « J'ai décidé de faire appliquer le ciblage direct pour les citoyens qui n'ont rien dans le monde rural, dans les régions montagneuses à Anefgou et ailleurs. Ce sont des régions dépourvues de tout. Les Marocains doivent comprendre que la stabilité a un prix. » Chabat : « On en a marre que Benkirane nous prenne pour ses élèves. » Chabat : « Nous demandons que les mesures devant être prises soient préalablement discutées au sein de la majorité. » Benkirane : « Je suis pour la démarche participative qu'on me réclame et je vais voir comment la concrétiser. »