Donald Trump avait fait de la question de l'Immigration un fil rouge de son programme politique. Il avait construit un projet de mur, qu'il pensait faire financer partiellement par les pays d'Amérique Latine. La nouvelle administration, liée à l'histoire du parti démocrate et même à l'histoire des USA, pays d'accueil, veut changer de cap. Mais elle est déjà submergée par des flots de migrants, alors que la pandémie a fortement diminué les offres d'emploi et que la situation sociale est critique. Il faut donc trouver un moyen terme. Joe Biden a chargé sa vice-présidente Kamala Harris de mener les négociations à ce sujet. C'est d'abord la confirmation que le nouveau président veut une vice-présidence active, renouant avec son expérience personnelle, celle de l'ère Obama. Il y a aussi le fait qu'étant elle-même issue des minorités, cela évite les accusations, jusqu'au-boutistes, souvent sans fondements. Car le problème est réel. Des populations, affrontant la pauvreté, parfois les guerres civiles ou celles des gangs sont attirées par le rêve américain. Elles ont fait la vitalité de la société américaine pendant des décennies. Les entreprises américaines étaient heureuses de l'abondance d'une main-d'œuvre peu couteuse. Sauf qu'aujourd'hui l'économie n'est plus aussi florissante. Mais surtout que cela a suscité des phénomènes Identitaires très forts. Avec des dizaines de millions de voix qui se sont portées sur Trump, les USA, pays de l'immigration, se retrouvent rattrapées par la question identitaire, avec un mouvement réfractaire à l'immigration. Kamala Harris aura à négocier la gestion du flux immigratoire, l'objectif étant d'atteindre une jauge satisfaisante pour les pays voisins et supportables pour les USA. Ce n'est pas d'une facilité déconcertante. Les immigrés sont considérés comme un atout pour l'économie américaine lorsque celle-ci était en expansion, en pesant sur le niveau des salaires. Actuellement, les niveaux de chômage sont élevés et l'acceptabilité du phénomène migratoire a baissé socialement. Mais l'Amérique sait que ce voisinage est son espace vital. Il n'est pas question d'une possible confrontation sur la question de l'immigration, c'est entre ces lignes fines que va naviguer Kamala Harris.