Le Chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane, aurait-il changé le programme électoral de son parti sur la base duquel les Marocains l'ont mis en tête durant les dernières élections législatives ? A-t-il fait de ses critiques à l'entourage du Roi une alternative aux mesures et décisions qu'il doit entreprendre pour tenir ses promesses électorales ? En fait, à suivre ses dernières sorties médiatiques (Interview avec Al Jazeera et surtout sa déclaration au quotidien marocain « Assabah »), on a tendance à croire que le nouveau cheval de bataille de Benkirane est de diaboliser les conseillers du Roi et d'en faire un écueil à la réussite de ses « programmes et actions ». De telles critiques, si elles ont leur bienfondé dans la tête de notre Chef du Gouvernement, elles n'ont aucune explication constitutionnelle. La dernière Constitution adoptée par les Marocains, à la quasi-unanimité, a vraisemblablement bien délimité les champs d'intervention de chaque pouvoir. Ainsi, le Roi peut-il se doter d'une équipe de conseillers, qu'il choisit lui-même, pour l'assister dans l'exercice de ses pouvoirs ainsi que dans la gestion des dossiers qui relèvent de ses prérogatives. Droit également assuré au Chef du Gouvernement, qui peut lui aussi, avoir à ses côtés des assistants dans différents domaines, pour l'aider dans le traitement des dossiers qui lui sont dévolus. Les choses sont donc claires, sauf si Monsieur Benkirane ne connait pas la constitution, et que sa montre est toujours réglée selon un autre temps, comme il en a l'habitude. Le travail en toute transparence impose que les choses soient soumises aux personnalités qui ont inspiré la confiance du Roi et font leur devoir en lui apportant conseil. A moins que notre Chef du Gouvernement ne veuille chercher à travailler en cachette avec le Chef de l'Etat, et remettre en cause tout un système constituant la base de la gestion étatique et annuler les canaux légitimes et constitutionnels mis en place pour faciliter cette gestion. Monsieur Benkirane est alors invité à relire la Constitution, s'il l'a déjà lue, et à laisser tomber ses rôles d'illusionniste et d'humoriste pour s'atteler à concrétiser ses promesses vis-à-vis de ce peuple qui ne semble pas concerné par ses « démons » et ses « crocodiles » , mais plutôt par le progrès et l'amélioration de son bien-être. Monsieur Benkirane, doit-on vous le rappeler : Vous avez beaucoup de pain sur la planche !