Suite à l'intervention du Chef du gouvernement devant la Chambre des conseillers, Le Soir échos dresse les faits marquants de ses déclarations, de l'augmentation des prix du carburant à la lutte contre la corruption, en passant par le salaire de Gerets. Benkirane a passé, mardi après-midi, des moments plutôt délicats face aux Conseillers de la deuxième Chambre. 1 Les élections locales Initialement prévues en 2012, les élections locales n'auront certainement lieu qu'au plus tôt, en juin 2013. Selon le Chef du gouvernement, il serait très difficile d'organiser les élections locales vu le nombre d'élections qui devront avoir lieu avant, dont celles des chambres professionnelles. La question qui reste en suspens est celle de la recomposition de la Chambre des conseillers à partir de l'automne prochain. Va-t-on ou non renouveler le tiers sortant de la seconde chambre ? A cette question, Benkirane n'a toujours pas trouvé de réponse. 2 Lutte contre la corruption Sans livrer une véritable stratégie nationale de lutte contre la corruption, Benkirane s'est emporté dans un rappel historique. La corruption est l'héritage d'un demi-siècle d'indépendance. A en croire le Chef de l'exécutif, c'est un peu la faute aux nationalistes d'avoir refusé de collaborer avec feu Hassan II en 1961, citant une déclaration de l'ancien ministre de la justice, le socialiste feu Mohamed Bouzoubaa. Citant encore une fois l'exemple des dictatures déchues, Benkirane a mis en garde les Conseillers contre un scénario semblable car selon lui, le Maroc n'est pas encore à l'abri. Côté solutions, Benkirane préconise l'allègement des procédures administratives. Selon lui, plus la bureaucratie est lourde, plus elle favorise la corruption. 3 Les « démons » de Benkirane Comme lors de sa première sortie devant les députés de la première chambre, Benkirane a une fois encore parlé de « démons » et de « crocodiles », faisant allusion à la prédation économique de certains lobbies. Que ce soit l'octroi des marchés publics, ou bien la persistance de l'économie de rente, pour Benkirane, ces « crocodiles » sont un véritable danger pour la stabilité du pays. « C'est difficile de mettre la main sur des crocodiles. On ne les voit pas lorsqu'ils sont dans l'eau. Et quant ils finissent par s'accaparer leur proie, ils disparaissent aussitôt dans le fleuve », dixit Abdelilah Benkirane. 4 Dilapidation des deniers publics S'expliquant sur les récentes affaires judiciaires ayant conduit un certain nombre d'anciens hauts fonctionnaires derrière les barreaux pour dilapidation des deniers publics, le Chef du gouvernement souhaite, en somme, tourner la page. « Si nous commençons à piocher dossier après dossier, au lieu d'avancer vers l'avant, nous n'allons que retarder notre développement », a-t-il dit, avant d'ajouter « Nous ne souhaitons pas faire de chasse aux sorcières ». Toutefois, le Chef du gouvernement a annoncé que si une affaire apparaît en cours de route, elle sera inévitablement saisie. « Avant, il n'y avait que des petites gens en prison, maintenant on voit un nouveau genre de personnes », a-t-il déclaré, allusion faite aux récentes arrestations, celle notamment de Khalid Alioua. 5 Grimates Benkirane a sérieusement laissé transparaître des regrets quant au recul effectué par le gouvernement dans la publication des listes des licences et agréments. « Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes ont fait tout un tollé pour qu'on arrête la publication des listes des agréments. Je ne vois pas où est le problème. C'est tout le contraire qui devrait se passer », a-t-il lancé à l'assemblée. Trois mois après la divulgation des fameuses listes des «grimates», c'est un Benkirane impuissant qui a tenté d'expliquer le recul de Aziz Rebbah. Il semblerait que les pressions étaient trop fortes et la réforme de ce secteur semble être remise aux calendes grecques. 6 Gerets « Est-ce que c'est moi qui l'ai ramené au Maroc ? », s'est demandé Benkirane devant une assemblée hilare, à propos du contrat signé entre le sélectionneur de l'équipe du Maroc et la fédération de football. Rejetant toute responsabilité dans l'affaire Gerets, Benkirane a déclaré que le salaire du sélectionneur était tenu secret, conformément à un close signée entre la fédération et l'entraîneur belge, prenant même a témoin son bras droit Abdellah Baha. « Où étiez-vous lorsque notre parti s'était offusqué contre la venue de ce monsieur ? », a-t-il demandé aux Conseillers. 7 Le libéralisme face à la crise « Les peuples forts sont ceux capables de gérer les crises », a lancé le Chef du gouvernement devant l'assemblée. Selon lui, le Maroc a été relativement sauvé grâce à la prudence de son système bancaire, une prudence qu'il a souhaitée persister. La solution pour le Chef de l'exécutif est d'attirer les investisseurs, grâce notamment à une moindre bureaucratie et un allègement fiscal. « Le libéralisme est pour moi la solution », a-t-il déclaré, avant de préconiser de « se serrer la ceinture », exhortant les Marocains à la patience. Afin de démontrer sa bonne foi, Benkirane a assuré qu'aucun nouveau véhicule n'a été acheté par le gouvernement depuis son avènement. 8 Prix du carburant Il a défendu corps et âme l'augmentation du prix du carburant, avec quasiment les mêmes justifications faites lors de son entretien télévisé accordé il y a peu aux deux chaînes publiques. « Nous étions au bord de la dérive », s'est-il décrié, d'un ton alarmiste, prenant les exemples de l'ajustement structurel imposé par la Banque mondiale au Maroc lors des années 80. Benkirane a d'ailleurs réaffirmé qu'en cinq mois, 80 % de la Caisse de compensation était déjà consommé. Une preuve de plus, selon lui, qu'il faut radicalement réformer cette caisse, tout en aidant les familles les plus démunies, dont les femmes divorcées. * Tweet * * *