Jamais depuis la guerre israélienne contre Gaza durant l'hiver 2008-2009, la violence ne s'est déchaîné avec l'intensité de ces derniers jours sur la bande de terre palestinienne et le sud d'Israël. Quatre jours de bruits et de fureur qui, du 9 au 13 mars, ont fait 25 morts (et une cinquantaine de blessés) côté palestinien, dont une fillette de 13 ans. La majorité des autres victimes palestiniennes étant des combattants du Jihad islamiste. Côté israélien, les 200 missiles tirés de Gaza n'ont fait qu'un seul blessé. Pourquoi ce regain de violence alors que le Moyen- Orient est déjà tétanisé par la guerre civile qui se profile en Syrie et les coups de menton impérieux des Iraniens et des Israéliens sur le nucléaire ? La première raison est l'élimination ciblée, le 9 mars, de Zouheir al-Qaïssi, le chef des Comités de résistance populaire (CPR) par un drone israélien. «J'ai donné ordre de frapper tous ceux qui projettent de nous attaquer», affirme le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui n'apporte pas le moindre commencement de preuve de l'éventualité d'une attaque des CDR. Dans ce jeu de ping-pong mortel entre groupes radicaux palestiniens et Tsahal, la réplique des CDR et du Jihad islamique ne se fait jamais fait attendre. Une pluie de missiles s'abat dès le 9 mars (et se perd largement dans le désert) du sud d'Israël. L'armée israélienne a pris soin de tester, avec succès, son nouveau système anti-missiles, «Dôme d'acier». Très coûteux (50.000 dollars le tir), largement financé par les Etats-Unis, Dôme d'acier a pulvérisé une quarantaine de missiles palestiniens. Il est fabriqué pour détruire les roquettes les plus puissantes qui risquent d‘atteindre les grandes villes du sud du pays. Ce test voulait aussi rassurer les Israéliens sur l'efficacité du système anti-missiles en cas de conflit avec l'Iran. Le second objectif des Israéliens était politique : ils veulent montrer que l'évolution du Hamas qui n'est plus engagé dans la lutte armée – sans le proclamer ouvertement – est largement cosmétique. L'Etat hébreu a raté sa démonstration. Non seulement le Hamas, maître de la bande de Gaza, n'a revendiqué aucun tir de missiles, mais associé à l'Egypte, il a joué les médiateurs entre Israël et le Jihad islamique et est parvenu à imposer une trêve. Mardi 13, le calme est revenu, même si les Israéliens affirment qu'ils poursuivront les éliminations ciblées et le Jihad qu'il continuera à y répliquer. Le Hamas est dans une phase difficile, tiraillé entre son aile intérieure menée par Ismaël Hanieyh, Premier ministre de Gaza, et son aile extérieure, hier dirigée par Khaled Mechal installé à Damas. Ce dernier a quitté la Syrie, rompu avec Damas et Téhéran depuis la répression syrienne. Mechal ne veut pas être accusé de s'être allié avec un régime qui réprime les sunnites syriens. Conséquence ? L'ancien patron du Hamas s'est coupé des approvisionnements en matériels militaires syriens et iraniens. Il s'est rapproché de l'Egypte, du Qatar et de l'Arabie Saoudite et n'évoque plus la lutte armée contre Israël. A l'intérieur de la bande de Gaza, la position d'Ismaël Haniyeh est plus délicate. Ses rivaux directs sont les CDR (un rassemblement de combattants venus du Fatah et du Hamas) et le Jihad islamique. Il ne peut annoncer l'abandon de la lutte armée contre Israël sauf à envoyer dans les bras des groupes radicaux les Palestiniens qui ne croient pas à la paix avec Israël, faute de la voir se concrétiser sur le terrain. Pas d'articles associés.