Les Marocains sont inquiets. Le pays enregistre le premier cas confirmé de la nouvelle variante du coronavirus. Et là, c'est tout le cauchemar vécu depuis mars dernier qui revient à l'esprit. Ces craintes sont-elles justifiées ? Quel est le degré de dangerosité de cette nouvelle variante ?…Eclairage. Quelques minutes après l'annonce de la détection du premier cas de la nouvelle variante liée au covid-19 au Maroc, les autorités ont suspendu les vols en provenance d'Australie, du Brésil, d'Irlande et de Nouvelle-Zélande. Des destinations qui s'ajoutent au Danemark, au Royaume-Uni et à l'Afrique du Sud, en suspension depuis quelques semaines. Quels risques ? L'enregistrement de ce premier cas a soulevé la polémique sur les réseaux sociaux. Les Marocains sont inquiets d'autant plus que le vaccin tarde encore à arriver. Beaucoup de questions se posent quant à la dangerosité de ce virus, ses symptômes, ses risques...et aussi sur la possibilité d'instauration d'un nouveau confinement. D'après l'épidémiologiste Jaâfar Haykal, les variants ont toujours existé en virologie. Et cette nouvelle variante liée à une maladie qui a posé problème depuis un an à l'échelle mondiale se caractérise par sa vitesse de circulation. « Son taux de reproduction (R0) est à 40% voire même 70% plus important », déclare Haykal qui note par ailleurs « qu'il n'y a pas de données scientifiques prouvant que cette variante est plus dangereuse et plus mortelle que la covid-19 ». La seule certitude jusque là, selon l'épidémiologiste, concerne la vitesse de propagation. Et donc « il y a une forte inquiétude liée à une éventuelle contamination plus forte chez des personnes vulnérables et âgées. C'est là où il faut être plus prudent », prévient t-il. Au vu des données actuelles, cette nouvelle souche touche plus les enfants et les adolescents. «Elle est plus rapide, plus fréquente chez cette population, mais elle n'est pas plus mortelle et n'entraine pas plus de complications. Elle a les mêmes symptômes et les mêmes conséquences que la covid-19 », explique Jaâfar Haykal sur la base des constats faits en Angleterre, en Afrique du Sud, et au Nigéria. «Il faudra attendre plusieurs semaines ou quelques mois pour voir si son impact est uniquement du à sa vitesse de propagation ou alors malheureusement à sa virulence », tient t-il à souligner. Néanmoins, à l'international, des institutions ont exprimé leurs inquiétudes quant à la dangerosité de cette nouvelle variante. Le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estime que les nouveaux variants provoquent plus de décès et juge le risque plus élevé. Quid de l'efficacité des vaccins Pour l'épidémiologiste, «avec les vaccins actuels testés en phase 3, nous aurions une protection quasiment similaire à celle liée à la covid-19 ». Mais pour éviter une recrudescence des cas positifs et un retour à la case de départ, Haykal préconise un renforcement de la surveillance épidémiologique, un séquençage de tous les variants en circulation et un dépistage massif auprès des jeunes adolescents. Aussi, il appelle à plus de prudence et de vigilance et un maintien et durcissement des mesures barrières en attendant le lancement de la campagne de vaccination. Sur la possibilité de l'instauration d'un nouveau confinement, il ajoute «Ce n'est pas un confinement qui va régler le problème. Cette souche est apparue en Grande Bretagne au moment où les britanniques étaient confinés. Il faudrait donc des mesures ponctuelles et transitoires en fonction de l'évolution des données épidémiologiques ».