Les chiffres de contaminations ont explosé cette semaine. Les autorités ont pris des décisions drastiques pour maîtriser les choses. Fallait-il reconfiner ? et est ce que la situation est aussi inquiétante aujourd'hui ? Eclairage de l'épidémiologiste Jaâfar Haykal. Samedi 25 juillet le Maroc a battu le record en matière de cas positifs d'infection au covid-19. Le nombre dépasse les 800. Le lendemain, le chiffre a atteint 633 cas avant d'arriver à 609 hier. Devant la gravité de la situation, le ministère de l'intérieur et celui de la santé ont annoncé la suspension de la sortie et l'accès à huit villes marocaines où le nombre des contaminations ne cesse d'augmenter. La décision n'a pas plu aux citoyens surtout à la veille d Aid Adha. Mais les scientifiques ont un autre avis. «je pense que c'est une décision judicieuse. Il fallait passer à l'action et mettre en place des mesures restrictives pour certains quartiers, zones et régions », commente l'épidémiologiste Jaâfar Haykal. Selon lui, «l'augmentation vertigineuse des nombres de cas n'est pas due aujourd'hui à l'élargissement du dépistage. Mais, plutôt au relâchement inapproprié par rapport à des mesures barrières que tout le monde n'a pas respecté. En quelque sorte, ceci a facilité la possibilité de circulation du virus d'autant plus que certains espaces publics n'ont pas garantit de sécurité sanitaire à leurs clients ». Saturation du système de santé La tendance haussière du nombre de cas positifs de cette dernière semaine inquiète les scientifiques. «On se retrouve avec des centaines de cas alors que notre politique de prise en charge est très particulière au Maroc. Tous les cas positifs même asymptomatiques sont en milieu de soins. Donc, on dépiste, on isole et on traite. Or le problème, si nous continuons à ce rythme de centaines de cas tous les jours, la capacité de notre système sanitaire risque de se saturer et ne permettra pas de prendre en charge l'ensemble des cas », prévient Haykal qui pour lui, le problème risque de se poser rapidement dans les jours qui viennent. Retard de diagnostic L'un des indicateurs alarmants aussi : la hausse du nombre de cas graves et de décès. Pour Haykal, «si nous enregistrons des cas graves c'est parce que nous avons des retards de diagnostic chez certains qui n'ont pas envie d'être dépisté. Ils sont positifs, ils le savent et attendent assez longtemps avant d'être pris en charge par le système de santé ». En tant que médecin spécialise dans le domaine qui prend en charge ces cas, il nous confie que depuis le début du mois de mars jusqu'à mi avril, il avait à faire avec cas difficiles et compliqués. Pendant le mois de mai, le nombre de cas graves était en baisse avec une prédominance de personnes asymptomatiques. «Là, ça reprend. Soyons prudents. Une vague arrive et on doit tout faire pour qu'elle ne fasse pas des ravages », alerte Jaâfar Haykal qui met l'accent sur des facteurs amplificateurs tels que l'arrivée de l'Aid et de l'automne qui pourraient entrainer une forte circulation du virus surtout chez les personnes âgées vulnérables. Agir vite ! En même temps, il appelle les autorités sanitaires à réagir rapidement. «J'avais dis et répéter en début juin, qu'en cas de déconfinement, l'enjeu majeur serait de planifier et de préparer notre système de santé public et privé, pour qu'il soit réactif », souligne t-il avant de compléter « Aujourd'hui il va falloir réagir rapidement et se poser les bonnes questions liées à la gouvernance d'une crise. Nous ne sommes plus dans la gestion classique. Nous avons bien géré le confinement encore faut-il bien gérer le déconfinement ».