Par Dr. Elouali Ailla Fondateur et Président du Congrès international sur l'économie du désert – Dakhla. Professeur à l'Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) à Dakhla
Peu à peu, nous reconnaissons les avantages incroyables de la collaboration interafricaine (et le coût énorme du manque de coopération interafricaine), tant pour l'Afrique elle-même que pour le monde. Grâce aux coopérations multilatérales africaines et internationales, les déserts et les zones arides du monde entier, notamment en Afrique (Sahara et Sahel), avec leurs vastes côtes naturelles et leurs riches façades maritimes, sont un atelier ouvert et une scène de mégaprojets transsahariens et d'infrastructures substantiels : Le projet Desertec (Energie propre et renouvelable), l'Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel (Verdir le Sahara et lutter contre la désertification), le projet «Trans Africa Pipeline, TAP» (l'Eau), l'Initiative «Power Africa», l'Initiative «Desert to Power» … De tels mégaprojets et initiatives prometteurs, s'ils sont pleinement mis en œuvre, aideront sans aucun doute à redonner à l'Afrique la place qu'elle mérite et joueront un rôle central dans le développement durable et dans la préservation de la sécurité alimentaire en Afrique. Mieux, ils fourniront l'abondance de la production pour l'exportation. L'Afrique possible réunit tous les ingrédients nécessaires : diversité et jeunesse, richesse en ressources naturelles, configuration géographique et morphologie uniques : savane, forêts, montagnes, lacs, vastes côtes, déserts et le grand désert du Sahara. Le désert du Sahara, au lieu d'être sous-exploité, il pourrait être un avantage concurrentiel exclusif et une image de marque mythique et mémorable pour l'Afrique. Aussi, pourrait-il être le lieu idéal pour démarrer une coopération interafricaine et internationale forte et à long terme au service de l'humanité. Le développement durable ciblé dans les régions arides, comme partout ailleurs, est régi par une transformation environnementale, qui modifiera profondément notre mode de vie, la durabilité étant la pierre angulaire de ce développement. En effet, des concepts tels que l'économie verte ou l'économie circulaire, l'économie bleue ou océanique et l'écotourisme (tourisme du désert), sont tous supposés dépendre d'énergies propres et renouvelables. Ainsi, l'impact environnemental de l'activité humaine, comme l'industrie du voyage et du tourisme, la logistique et les transports terrestres et maritimes, l'agriculture et la pêche … constitue un critère essentiel pour marquer le degré de réceptivité et de continuité de ces activités économiques, à la lumière d'un arsenal juridique de plus en plus respectueux de l'environnement et axé sur la finance verte et les technologies propres. Notre développement économique dépend entièrement des interactions entre l'énergie comme ressource et les systèmes économiques. Notre dépendance à l'égard d'énergies propres et renouvelables est donc de plus en plus confirmée. L'économie de l'énergie pourrait être définie comme une branche d'études économiques, consacrée au décodage quantitatif et qualitatif de notre bien-être et de notre prospérité dans leur interaction avec les ressources énergétiques. Selon l'Agence Internationale des énergies renouvelables, d'ici 2050 l'investissement total dans le secteur énergétique devrait atteindre 110 000 milliards $ (environ 2 % du PIB annuel moyen sur cette période), ainsi 15 000 milliards $ est le niveau des investissements supplémentaires nécessaires pour parvenir à une solution plus respectueuse du climat. La part des énergies renouvelables dans le total de la consommation finale d'énergie, au niveau mondial, doit être multipliée par six pour atteindre les objectifs climatiques convenus. Plus précisément, le septième objectif de développement durable, qui vise à garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable. Pour cela, les flux financiers internationaux vers les pays en développement, en faveur des énergies propres et renouvelables, ont atteint 18,6 milliards $ en 2016, soit presque le double de 9,9 milliards $ en 2010. Cette tendance est susceptible de s'accentuer en raison des opportunités prometteuses offertes par une baisse constante des coûts de production d'énergie renouvelable, ce qui se traduit par un recul des prix. Jusqu'à présent dans certains pays, les océans sont la principale source d'énergies conventionnelles (pétrole, gaz), malgré leur richesse en énergies marines renouvelables : énergies marines renouvelables et traditionnelles (l'énergie éolienne marine et l'énergie solaire marine), l'énergie des vagues et celle des marées, en tant que formes spécifiques de l'énergie marine (océanique). Sachant aussi que les coûts d'énergies renouvelables basées sur les océans n'ont pas encore atteint le niveau d'économies d'échelle nécessaires pour réduire les coûts de manière significative, mais, puisque les océans et les mers couvrent plus de 70 % de la surface de la Terre, il n'est pas surprenant qu'une grande partie de la production future d'énergie, proviendra probablement d'énergies renouvelables basées sur les océans. Pour en montrer la surabondance, des études publiées ont révélé que le potentiel d'énergie éolienne des océans est si important et largement suffisant, qu'il pourrait théoriquement être utilisée pour propulser la civilisation humaine. Le Maroc s'est lancé le défi d'augmenter la part d'électricité issue d'énergies renouvelables à 52% d'ici 2030, cette part étant initialement fixée à 42% d'ici la fin de cette année. Ce plan a réussi grâce à l'adoption d'une stratégie énergétique ambitieuse, incluant la production d'énergies renouvelables dans les déserts Marocains : le complexe solaire d'Ouarzazate (Noor), le plus grand parc éolien d'Afrique, situé dans le désert côtier de la ville de Tarfaya, ainsi que le projet devant être mis en œuvre au Sahara dans la région de Dakhla, qui vise à générer de l'énergie renouvelable et propre, à partir du vent. Cette énergie éolienne sera utilisée dans l'extraction minière en en assurant le suivi par la technologie du Blockchain, comme le Bitcoin.