PORTRAIT - Nancy, la sélection marocaine, la succession de Mustapha... Youssouf Hadji revient sur sa carrière et évoque l'avenir. Ce n'est plus le même qu'il y a treize ans, ça c'est sûr. Aujourd'hui, Youssouf Hadji est quelqu'un d'épanoui. Pourtant, à ses débuts, on imagine forcément la difficulté d'avoir à porter un tel nom, après les exploits d'un certain Mustapha. «Les gens s'attendaient à voir le même joueur. En plus, cette année-là, mon frère avait remporté le Ballon d'Or Africain. Du coup, je n'avais pas le droit à l'erreur. Mais ça m'a formé et endurci. J'étais jeune et tendre, mais ça m'a forgé un caractère. Ça m'a servi même si c'était difficile». Et si le numéro 15 nancéien est si bien dans ses tongs aujourd'hui, c'est en partie depuis son retour au club en 2007. «Je savais où je mettais les pieds. J'avais le choix avec Toulouse, qui avait proposé une bonne offre financière, mais j'ai fait le choix du cœur. Le club venait de remonter et voulait progresser, je voulais rendre ce qu'il m'avait donné. C'était une bonne opportunité». Le choix du cœur, le choix du chardon. «Nancy a toujours été mon club de cœur. Déjà petit, je suivais mon frère qui y jouait, alors j'y suis resté attaché». Et quand on lui demande quelles sont les valeurs de ce club, c'est sans aucune hésitation qu'il nous répond: «Nancy est un club famille, c'est ce qui frappe le plus quand on y vient. Les supporters, les joueurs, le club, tout le monde est proche». Mais si Youssouf est revenu en Meurthe-et-Moselle, c'est aussi parce que tout n'a pas été rose loin de son club. Si sa première expérience à Bastia en 2003 s'est plutôt bien passée - «j'avais la chance d'être en famille, avec ma femme et ma fille, alors c'était plus facile. J'étais bien accueilli, il y avait un super groupe avec des gens comme Jocelyn Gourvennec (le joueur qui l'a le plus choqué et dont il dit s'être inspiré dans la suite de sa carrière) ou encore Florian Maurice, qui m'ont mis à l'aise» - sa seconde, à Rennes, en 2005, il l'a considère comme un échec. En effet, il ne se satisfait pas de ses trois buts en une saison et demie, car c'est un joueur qui «doit marquer des buts». Néanmoins, il en garde quelques bons souvenirs, découvrant notamment la Coupe d'Europe avec le club breton. Le rêve de l'étranger On peut parler d'une carrière bien remplie, pour celui qui a commencé à taper dans le ballon dans les quartiers de Creutzwald avec ses copains, et qui s'est inscrit en club parce que «c'était la mode». C'est avec des souvenirs plein la tête qu'il évoque notamment la sélection nationale. Le plus beau de sa carrière? «Difficile d'en dire un. Peut être la CAN 2004 en Tunisie. On était arrivés en finale, et quand on est revenus au Maroc, on a atterri à Rabat. De Rabat à Casablanca, soit environ 80 kilomètres, il y avait tout le monde, tous les supporters, et il y en avait encore à Casablanca-même. C'était vraiment quelque chose d'impressionnant». Et le pire? Il y a tout d'abord sa suspension après une altercation avec un arbitre l'an passé. «La suspension était méritée, je n'ai rien contre. Mais ce qui ne m'a pas plu, c'est qu'elle a été amplifiée. Le foot français était dans un contexte de crise, ce qui fait que c'était tendu. En fait, j'ai fait ça au mauvais moment. Je pense aussi que si j'étais à Lyon, j'aurais pris moins. Heureusement, le club m'a énormément soutenu». Il y a aussi la non-qualification de la sélection marocaine pour la Coupe du Monde 2006. «On avait échoué pour un seul point, en se prenant un vieux but... C'était vraiment dur». À 31 ans, s'y voit-il encore longtemps, dans cette sélection? «C'est vraiment une fierté de jouer pour mon équipe nationale, et j'y jouerai tant que je pourrais apporter quelque chose. On a des belles échéances, avec la Coupe d'Afrique des Nations qui arrive, et peut-être même la Coupe du Monde. Il y a un véritable engouement». L'aventure avec les Lions de l'Atlas, il veut la continuer. En revanche, il y a de grandes chances pour que celle avec le club du président Rousselot prenne fin en mai. «Si je pars, ça peut arranger le club au niveau financier, lui permettre de récupérer un peu d'argent et de se libérer d'un salaire. Il y a de grandes chances que je parte à la fin de la saison». Partir où? S'il n'a pas de destination particulière en tête, il estime avoir fait le tour de la France et rêve de l'étranger, «découvrir autre chose, une autre langue, une autre culture du foot». Mais avant ça, il y a un maintien en Ligue 1 à assurer. La dernière ligne droite, il l'évoque avec optimisme. «Si on aborde le sprint final comme on a abordé les matchs ces derniers temps, on ne devrait pas avoir de soucis». D'autant que l'ASNL peut à nouveau compter sur son attaquant, de retour après un mois et demi de blessure. Aujourd'hui, «tout va bien». C'est lui qui le dit.