Sous-estimé en France, Nabil Baha (27 ans) est de ceux qui ont dû aller exprimer leur talent hors des frontières de l'Hexagone. L'Espagne et Málaga, son pays et sa ville d'accueil, n'ont pas à s'en plaindre. Arrivé au sein du club andalou en 2007, l'ancien joueur de Créteil (2006/07) a participé activement à la remontée en Liga l'été dernier (10 buts en 36 rencontres). Cette saison, l'international marocain explose littéralement au plus haut niveau. Titulaire indiscutable placé en soutien de l'attaquant de pointe, il confirme ses talents de buteur (9 buts en 33 rencontres). À l'image de son équipe toute entière qui joue les trouble-fêtes dans le championnat espagnol, il est l'une des révélations de cette année. Un statut qui lui avait d'ailleurs valu d'être approché par l'Olympique de Marseille lors du dernier mercato d'hiver. FootMercato a voulu en savoir plus sur lui, sur ses ambitions pour la fin de saison, mais aussi sur son avenir proche. FootMercato : Tout d'abord Nabil, comment allez-vous ? Nabil Baha : Ça va merci. Je me suis blessé une dizaine de jours fin mars à la jambe gauche, mais c'est oublié. J'ai bien repris et j'enchaîne les matches sans soucis. FM : Promu en Liga l'été dernier, vous jouez aujourd'hui les premiers rôles (8e) dans l'un des championnats les plus relevés d'Europe. Comment expliquez-vous que votre club réussisse une aussi belle saison ? NB : On a galéré au début (ndlr : trois défaites et un nul sans buts lors des quatre premières journées). Ensuite, il y eut un déclic. On s'est mis à marquer de plus en plus de buts, à gagner des matches, la confiance s'est installée et on a pu développer du beau jeu. Même s'il fait souvent l'ascenseur, Málaga est un club connu en Espagne qui a toujours eu de bons joueurs et fait de belles choses en Liga. Et si on en est là cette saison, c'est parce qu'on a un peu de chance, un peu de réussite, un bon groupe et un bon vestiaire. C'est ce qui fait notre force. FM : Quels sont vos objectifs à titre collectif et individuel pour cette fin de saison ? NB : En début de saison, l'objectif était le maintien en Liga. Cela fait 5 semaines que l'on est officiellement maintenu. Maintenant on va essayer de viser l'UEFA voire la Champion's League. Mathématiquement, c'est encore possible, on est qu'à 5 points, ça va être très dur, mais c'est faisable. Séville, Valence et Villarreal ont la pression du résultat. De notre côté, on a déjà atteint notre objectif. On n'a plus rien à perdre, on va jouer tranquillement nos matches et on donnera tout jusqu'au bout. À titre personnel, j'aimerais bien inscrire plus de buts que l'année dernière (ndlr : 10 buts). Pour une première année en Liga, ça serait bien. FM : Si tout va pour le mieux en club, la donne est bien différente en sélection. Dans un groupe très relevé (Togo et Cameroun), vous avez déjà grillé un joker en perdant face au Gabon (2-1). Pensez-vous que les qualifications pour la CAN et le Mondial 2010 sont d'ores et déjà compromises pour les Lions de l'Atlas ? NB : On n'a joué qu'un match, rien n'est perdu. On a beaucoup de bons joueurs à l'image de Youssouf Hadji et Marouane Chamakh qui figurent parmi les meilleurs attaquants du championnat de France. Il faut qu'on fasse bien notre travail. On jouera la qualification à fond jusqu'au bout même si le niveau est relevé. De toute façon, il n'y a plus de petites équipes en Afrique. De plus en plus de joueurs africains jouent en Europe donc le niveau s'est équilibré. Ça sera forcément dur de se qualifier, mais on y croit dur comme fer. Parfaitement adapté à l'Espagne FM : Personnellement, vous avez un itinéraire pour le moins atypique. Selon vous, pourquoi vous révélez-vous aussi tard au très haut niveau ? NB : Peut-être que l'on ne m'a pas assez fait confiance quand j'étais plus jeune. Mais aujourd'hui tout va bien. Mieux vaut tard que jamais comme on dit ! FM : Quel est votre sentiment sur le parcours de Créteil (actuellement 12ème de National) ? NB : Je ne les suis pas de près, mais je sais qu'ils sont descendus en National. C'est dommage, car il y a un gros potentiel. Il y a de l'argent. Beaucoup de joueurs aimeraient jouer en région parisienne, mais il y a beaucoup trop de problèmes du point de vue organisation. FM : Suivez-vous l'actualité du football français ? NB : Pas vraiment (rires). Je sais que Marseille est premier, mais c'est tout ! FM : Regrettez-vous de n'avoir jamais évolué en Ligue 1 ? NB : Je ne regrette pas du tout. Pour moi, l'Espagne est le meilleur championnat d'Europe au niveau du football, mais aussi au niveau de la qualité de vie et de la culture foot. C'est incroyable. Les gens sont vraiment passionnés. Même lorsque l'on était en deuxième division l'année passée, l'engouement autour du club était énorme. Rien à voir avec la vision du football en France. FM : Cet hiver, la presse vous a annoncé avec insistance du côté de l'Olympique de Marseille. Etiez-vous intéressé par un tel challenge ? NB : Bien sûr. Il faudrait être bête pour dire non à Marseille ! C'est un grand club. Mais j'étais bien à Málaga, j'étais sûr d'être titulaire, j'étais le meilleur buteur du club, il y avait beaucoup de paramètres à prendre en compte. Je n'aurai pas pris le risque de partir et de me retrouver sur le banc. De toute façon, l'OM n'a pas fait de propositions concrètes. Mon nom figurait sur la liste des joueurs qui les intéressaient, mais ils ont préféré prendre Brandão. Ils ont fait leur choix. Marseille, un challenge excitant FM : Si l'OM, qualifié pour la Ligue des Champions, revenait vers vous cet été, quelle serait votre position ? NB : Ça ferait réfléchir... (rires). Marseille, la Ligue des Champions : ça serait difficile de dire non. Mais bon va finir tranquillement la saison. FM : De nombreuses équipes espagnoles parmi lesquelles La Corogne, mais aussi Torino, Hoffenheim, la Sampdoria de Gênes et les Glasgow Rangers vous suivraient également attentivement. Quel est votre sentiment ? NB : (Rires) C'est la presse ! Les journalistes exagèrent toujours le nombre d'équipes intéressées ! FM : Votre avenir est-il lié à l'issue de la saison de Málaga ? NB : J'ai encore deux ans de contrat ici. Je veux d'abord bien finir la saison et essayer d'accrocher une qualification pour une compétition européenne. Ensuite, on verra quelles seront les ambitions du club et quelles propositions j'aurai sur la table. FM : Pour terminer, pouvez-vous nous parler de votre coéquipier portugais Eliseu, dont le nom circule du côté du Paris SG ? NB : C'est un joueur très rapide qui a marqué pas mal de buts cette année (ndlr : 7 buts en 31 rencontres de championnat). Il est plutôt jeune (ndlr : 26 ans) et a un grand avenir devant lui. Cependant, je pense qu'il aurait plus de mal à s'imposer en France. Ici, il fait la différence grâce à sa vitesse de pointe, mais en Ligue 1 il y a des joueurs aussi rapides que lui et il n'y a pas autant d'espaces qu'en Liga. Son jeu est vraiment fait pour l'Espagne ou l'Angleterre.