Frédéric Beigbeder s'est gouré. Les histoires d'amour ne durent jamais trois ans. En tout cas, pas de ce côté-ci de la Méditerranée. En réalité, dans le microcosme footballistique marocain, elles ne durent jamais autant que prévu, et le tout récent départ, aussi surprenant qu'inattendu, de Benzarti, huit mois après s'être installé sur le banc wydadi, alimente plus que jamais cette thèse. Séduit par le poste de sélectionneur national de la Tunisie, suite au départ de son compatriote Nabil Maaloul, Faouzi Benzarti n'a pas hésité un instant au moment de plier les gaules, direction le pays. Néanmoins, si les histoires d'amour finissent mal en général, celle qui le liait au champion d'Afrique en titre s'est achevée en toute sobriété. Mais a contrario, cet exode crée plusieurs zones d'ombre que la direction du WAC va devoir éclairer sans plus attendre. Qui pour lui succéder ? Le Wydad de Casablanca n'est pas un club comme les autres. Sa notoriété, combinée au poste vacant d'entraîneur, va certainement susciter moult convoitises. Et on se doute bien que la cellule technique va cravacher comme jamais au moment de faire le tri entre la pile de CV reçus, d'autant plus qu'il ne sera pas aisé d'égaler le taux de victoires élevé de Benzarti (65% en 23 matchs). Outre la piste du Portugais José Romao, qui a déjà entraîné le Wydad et avec lequel il a été sacré champion (2005-2006) et élu meilleur entraîneur de l'année, et celle un peu plus folklorique qui mène aux frères jumeaux égyptiens Hassan, c'est un recrutement interne qui tiendrait la corde. Nommé directeur technique en janvier dernier, l'ex-coach du Hassania d'Agadir, Abdelhadi Sektioui a d'ores et déjà pris les commandes à l'entraînement. Quand bien même sa direction affirme que ce n'est qu'un intérim, rien ne dit qu'il ne pourra pas poursuivre l'aventure. D'une part, car la quête d'un entraîneur de renom s'annonce ardue, à la lumière de la période actuelle où les meilleurs techniciens sont sous contrat, et d'autre part, parce que Sektioui jouit d'une immense expérience, après plus de vingt ans passés sur les bancs, et sa réputation de technicien ainsi que ses qualités managériales sont connues et reconnues. Ce qui est sûr, c'est qu'à l'approche des échéances continentales, la direction du WAC ne doit pas traîner en longueur pour nommer officiellement un coach. Quid du recrutement? A l'inverse du dernier mercato hivernal, lors duquel il a été mis devant le fait accompli, Benzarti aurait eu cette fois-ci la mainmise sur la fenêtre de transfert estival. Ainsi, en plus de William Djebbour de retour au bercail, ce sont principalement, le Nigérian Michel Babatunde et le Tunisien Oussama Darragi qui ont posé leurs valises sur les bords de l'Atlantique pour contenter le coach tunisien. Ce dernier les avait déjà eus sous ses ordres respectivement, au Raja de Casablanca et à l'Espérance sportive de Tunis. Le recrutement de l'attaquant natif de Lagos, à l'image du joueur libérien, ne souffre d'aucune interrogation, notamment au vu du manque dont a souffert le WAC à ce poste, la saison dernière, mais également en l'absence d'indemnité de transfert préalable au recrutement du joueur nigérian. Par contre, la situation du second devient plus que problématique conséquemment au départ de son compatriote. A vrai dire, le Wydad n'a sûrement pas déboursé 270.000 euros pour arracher le milieu de terrain tunisien au club qatari d'Umm Salal, rien que pour ses beaux yeux. Mais plutôt afin de répondre favorablement aux demandes de Benzarti. De même, ce dernier a œuvré pour convaincre le gaucher de signer. Du coup, le départ de Benzarti rend l'avenir de Darragi plus incertain, malgré un contrat qui le lie au Wydad jusqu'en 2020, selon transfermarkt. Plus sur la pente descendante qu'ascendante, l'ex-crack du football tunisien pourrait pâlir de la vision et des choix du futur technicien. En effet, rien ne dit qu'il aura ses faveurs comme il avait celles de Benzarti. … Et de l'institution ? Certes, il est difficile de résister à l'appel de la patrie, comme a argumenté Faouzi Benzarti. Position qui, au passage, n'aurait dû souffrir d'aucune incompréhension si c'était la première fois. Oui mais voilà, il avait déjà connu les joies et les malheurs de ce poste éphémère et à haut risque en 2011. Une réalité qui montre, en creux, le faible poids qu'a pesé le projet sportif du Wydad dans la balance, aux yeux de Benzarti, à l'heure de faire son choix. Evidemment, le gentleman agreement conclu entre le président du WAC Saïd Naciri, et son désormais ex-coach, mais encore l'indemnité versée par ce dernier, 50.000 dollars, ont permis une séparation à l'amiable et sans éclats. Néanmoins, on est en droit de se poser une question: le projet sportif wydadi était-il assez solide et de nature à résister aux éléments extérieurs ? Cela parait peu probable. A l'avenir, il serait préférable que ce soit le cas.