«Bzzzzzzzzzzzzzzzz...» Sur le terrain, dans les tribunes, à la télévision, la nuit, le jour, partout, tout le temps, un bruit d'essaim résonne depuis le début du Mondial en Afrique du Sud. Un «bruit d'enfer», «insupportable», une «torture» : un vent de fronde se lève contre le bourdonnement continu des vuvuzelas, ces trompettes qui font partie de la panoplie de base du supporteur de football en Afrique du Sud. Pétitions en ligne, groupes facebook, protestations des sélections, des titres de presse assassins... L'omniprésence des très fatigantes et assourdissantes vuvuzelas est attaquée de toutes parts. La Fifa avait un temps pensé à les interdire avant de se ranger à l'avis de la fédération sud-africaine. Sur son site, elle présentait ainsi l'instrument :«Imaginez le barrissement d'un éléphant et multipliez-le par des milliers de spectateurs, vous obtiendrez une petite idée de l'ambiance qui règne dans un stade sud-africain». Si l'image ne parle pas, on peut essayer le simulateur de vuvuzela... «La communication fait aussi partie du football» Premiers à s'en plaindre, les joueurs. A l'issue du match contre l'Uruguay, Yoann Gourcuff s'en est plaint. «On ne s'entendait pas avec tout le bruit dans le stade. On ne pouvait communiquer que par gestes. D'habitude, on prévient un coéquipier lorsqu'il est seul. Là, c'était impossible ». «La communication fait aussi partie du football», a déploré de son côté Lionel Messi, le Ballon d'Or argentin au terme du match contre le Nigéria. «Il était absolument impossible de dire quelque chose à un équipier» Si les joueurs ne peuvent pas communiquer entre eux, imaginez les sélectionneurs. Celui de l'équipe d'Allemagne, Joachim Löw, a prévu le coup : il se prépare à donner des consignes à ses joueurs par gestes. Bert van Marwijk, le patron de la sélection néerlandaise, a quant à lui interdit l'utilisation des vuvuzelas pendant les entraînements : «C'était agaçant et je n'arrivais pas à me faire entendre [...] Ça ne sert à rien de s'entraîner si je ne peux pas parler à mes joueurs.» Lizarazu : «On va devenir dingo» «Trompettes qui infestent les stades» pour «La Republica», «terribles trompettes du diable» pour l'Espagnol AS, les quotidiens étrangers se font l'écho de ce ras-le-bol. «Vous nous tapez sur les nerfs !», s'insurgeait samedi le quotidien populaire «Bild» en Allemagne. «Quand un stade entier souffle, le bruit se transforme en torture», surenchérisait le quotidien uruguayen El Observador. «Ca te prend la tête dans tous les sens du terme... On va devenir dingo». Après deux jours de compétition, l'ancien international français, Bixente Lizarazu, n'en peut déjà plus. «Il faut porter plainte là ! C'est pas bien pour l'animation d'un stade, parce que du coup, les gens ne chantent pas». «On finira par regarder les matchs sans le son !» Mais le bourdonnement permanent est planétaire ! Nul besoin d'être en Afrique du Sud pour en souffrir... Suivre un match à la télévision peut rapidement s'avérer douloureux. Le standard de TF1 en aurait fait les frais vendredi, certains pensant à un problème technique, selon le site footballmood. Mais non, malgré le perfectionnement des micros utilisés, le bruit des «vuvus» est partout ! Et les fans se plaignent aussi. «On finira par regarder les matchs sans le son !!!», écrit Hervé sur le groupe Facebook «les vuvuzelas me saoulent déjà» créé dès samedi. «Si ce bruit continu, je ne regarde plus cette coupe du monde! C'est trop stressant», lâche Christian. Une pétition a été lancée en ligne et affichait dimanche à 11 heures quelque 8 600 signatures. En Afrique du Sud, en tout cas, pas question de se passer des «vuvus» presque aussi importantes que les schémas tactiques pour les Bafana Bafana. «Après les Pienaar, Mphela et consorts, la vuvuzela est notre meilleure arme», écrivait vendredi le quotidien Cape Times. «On veut des vuvuzelas plus bruyantes que ça lors de notre prochain match, contre l'Uruguay. Il y a eu des moments dans le match où les fans ne soufflaient pas dans leur vuvuzela», s'est de son côté plaint le gardien sud-africain, Itumeleng Khune, déçu par le niveau sonore lors du match contre le Mexique. Le «symbole du tournoi» Avec un son pouvant atteindre 130 décibels, l'instrument peut néanmoins se révéler dangereux pour l'ouïe et dans les tribunes, beaucoup ont pris leurs dispositions en se procurant des bouchons d'oreille. Seulement, au second jour de compétition, il n'y avait plus une seule paire de «Vuvu-Stop» à vendre au Cap. Les vuvzélas sont le «symbole du tournoi», s'est de son côté défendu le comité d'organisation (Loc). Un symbole qui pourrait pourrir la compétition... «Nous n'avons reçu aucune remarque négative concernant les vuvuzelas», a encore déclaré Rich Mkhondo, responsable de la communication du Loc lors d'un point presse. Peut être auront elles été couvertes par le bourdonnement...?