Natif de Châteauroux et joueur d'Amiens, le Marocain Oualid El Hajjam (26 ans) tout juste appelé en sélection nationale, est sur la route de la Coupe du monde. De Châteauroux à Moscou ? Enfant du quartier de Beaulieu, Oualid El Hajjam jouera-t-il la Coupe du monde 2018 avec le Maroc, en juin prochain ? Depuis la qualification des Lions de l'Atlas pour le Mondial, samedi dernier, après leur succès en Côte d'Ivoire (0-2), c'est un rêve qu'El Hajjam peut raisonnablement entrevoir. « La Coupe du monde, c'est à la fois proche et assez loin. Je sais ce qu'il me reste à faire pour espérer y participer, ou du moins ne pas avoir de regrets si je ne suis pas sélectionné : être performant cette saison avec mon club d'Amiens », tempère-t-il toutefois. Mais depuis ce week-end mémorable, Oualid El Hajjam sait que la porte s'est entrouverte vers une participation pour le plus grand événement du foot mondial, car ledit week-end a correspondu avec son tout premier appel en sélection marocaine. Juste récompense de son très bon début de saison en Ligue 1 sous le maillot du promu de Picardie, avec lequel il a même inscrit son premier but dans l'élite, il y a quinze jours, sur la pelouse de Guingamp (1-1). A 26 ans, d'aucuns diront qu'il était temps. Mais, justement, le temps a été le plus précieux allié du Castelroussin de naissance. " Être appelé c'est déjà quelque chose d'exceptionnel " Lentement mais sûrement, ce milieu de terrain de formation, poli au Pôle espoirs de Châteauroux après des débuts dans le foot au FC Déols et à l'Etoile de Châteauroux, s'est forgé une place au soleil du haut niveau. Son premier contrat pro, il ne l'a signé qu'à 22 ans, assez tardivement au regard des standards du foot moderne. Mais c'était au bon endroit et au bon moment, puisqu'il a ensuite été l'un des artisans majeurs de la trajectoire supersonique du SC Amiens, passé du National à la Ligue 1 en deux petites saisons. Déjà remarqué en Ligue 2 la saison dernière, où il était considéré comme l'un des meilleurs, sinon le meilleur arrière latéral droit du championnat, Oualid El Hajjam a prouvé qu'il avait le niveau L1 depuis cet été. Hervé Renard, le sélectionneur du Maroc, n'est pas resté insensible à sa progression. « C'est un entraîneur qui donne sa chance à tout le monde, à partir du moment où le joueur est performant. Il est très exigeant, mais juste, explique Oualid. Et puis, il faut bien l'avouer, il dégage quelque chose d'impressionnant en tant qu'homme. Moi, j'étais nouveau, mais son attitude avec moi a fait que je me suis senti comme si j'étais là en sélection depuis toujours. Il fait confiance à tous les joueurs, donc ceux-ci ont envie de se battre pour lui. » Oualid El Hajjam, lui, va se battre pour une place dans les 23 du Maroc pour la Coupe du monde : « Je vais me donner à fond sans me prendre la tête. Si cela arrive, je serai le plus heureux des hommes ; si ce n'est pas le cas, je serai le premier supporter du Maroc en Russie. Mais c'est déjà une immense fierté, quelque chose d'exceptionnel, d'avoir été appelé une première fois. Surtout dans ce contexte. Notre retour au Maroc, c'était quelque chose, avec toute cette foule venue nous acclamer à Rabat et à Casablanca ! » Il sait sa campagne personnelle de Russie délicate et l'ouverture finale en forme de trou de souris. Samedi, à Abidjan, le néo-international marocain est resté en tribunes. Logique selon lui. « Devant moi, il y a des joueurs qui sont là depuis longtemps, qui sont installés. Mais je vais me donner à fond pour gagner ma place, bien sûr », assure-t-il. L'histoire aurait l'allure d'un conte de fées pour l'enfant de Beaulieu, lui qui n'a jamais coupé le cordon avec sa ville natale. « Mes parents habitent toujours à Châteauroux et j'y ai conservé beaucoup d'amis d'enfance, dit-il. Du coup, je reviens aussi souvent que je le peux. » Mais personne dans son cercle intime ne souhaite vraiment le voir débarquer en juin prochain...