Tous les jours, Tarik El Mlih suivait la même routine: réglé comme un métronome, il se levait à 5 heures du matin, effectuait sa prière. Puis sortait courir à jeun environ 4 heures, rentrait à l'hôtel faire le "check out" et prenait la route en voiture vers une autre ville. Malgré d'importants trajets (comme celui entre Dakhla et Boujdour, de 400 km), une blessure à Marrakech et une séance de kinésithérapie à El Jadida, le marathonien a reçu la reconnaissance de ses compatriotes au fil des courses. Un appel qui a tout changé Lors d'une séance de kinésithérapie à El Jadida, Tarik El Mlih a reçu un appel qui a tout changé. Nouceiba, une jeune femme de 19 ans atteinte du cancer du col de l'utérus lui a dit: "tu es une lueur d'espoir pour nous, tu ne dois pas t'arrêter". Boosté et ému, Tarik El Mlih a senti l'importance du défi qu'il s'était promis de relever. Il ne l'a plus vécu comme une expérience humaine, mais comme une cause nationale, nous confie-t-il. "A partir de ce jour-là, ma mission a changé. J'ai senti son poids sur mes épaules. Je l'ai fait pour moi-même mais également pour les Marocains", explique-t-il. Sa rencontre à Kenitra avec une fille de trois ans qui avait perdu un rein parce qu'elle manquait de 700 dirhams pour recevoir une chimiothérapie l'a aussi particulièrement touché. Tarik s'est rendu compte de l'importance d'aider ses concitoyens: "J'ai compris l'ampleur du désarroi que vivent de nombreux Marocains", explique-t-il. Un vrai Forrest Gump Au fil des courses et des villes, il a pu recevoir le soutien de nombreuses associations et de coureurs, qui l'ont accompagné parfois pendant de longs trajets, ou sur des courtes distances, comme à Marrakech, Casablanca, Taza, Khouribga, Kenitra, El Jadida, Tanger, Ifrane et Agadir. Tarik El Mlih a ainsi senti l'impact de chacun de ses pas sur le bitume. Entouré pendant la course, il l'était aussi sur les réseaux sociaux. "Je ne m'attendais pas à autant de soutien des Marocains" nous confie-t-il. Il a toutefois remarqué, durant son périple, un certain nombre d'incivilités dans le pays, et appelle les citoyens marocains à éviter de jeter les détritus dans la rue ou à respecter la chaussée. Enfin, à l'occasion d'"Octobre rose", le mois de lutte contre le cancer du sein, et pour les dix ans de l'association Lalla Salma de lutte contre le cancer, le coureur explique vouloir sensibiliser les femmes âgées de plus de 45 ans à se faire dépister avant qu'il ne soit trop tard. "C'est gratuit et dépister un cancer peut permettre de guérir, alors que si on laisse trainer, celui-ci peut nous tuer", explique-t-il. Métamorphosé, le marathonien est aujourd'hui le premier Marocain a avoir parcouru 1.000 km en 23 jours. Mais comme Tarik El Mlih souhaite toujours se dépasser, il prévoit maintenant de courir 1.000 km en 10 jours... Soit 100 km par jour.