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Promesses d'avenir
Publié dans Le temps le 13 - 09 - 2011

Le «oui» l'emporte, mettant un terme à trois mois d'interrogations et de doute. Fort bien.
Une journée de canicule, un vendredi de prières, les relents d'une fin de semaine éprouvante, l'apothéose d'un trimestre chargé d'angoisse, d'instabilité, le combat contre un surmoi a priori insensible à la chose politique et, plus prosaïquement, la mollesse de ces journées torrides qui n'en finissent plus de s'étirer, etc. Les raisons de passer outre le scrutin étaient nombreuses. Il y eut cependant une épiphanie. Le peuple s'est agglutiné autour des urnes. S'agissait-il d'un sentiment d'urgence, de l'idée qu'en se sédentarisant, on risquait l'acte manqué, le rendez-vous avec l'histoire ? Un ange passe. Qu'importe, à ces supputations infertiles, il existe désormais 9,4 millions de démentis. Premier juillet, premières lueurs d'un soleil rebelle. Peu ou prou, aux petites mottes éparses de votants matinaux vinrent se joindre des grappes d'électeurs du midi, profitant de la pause déjeuner pour déposer leur «oui» dans un boxum transparent. Puis, se pressèrent les seniors et les ménagères et les cadres BCBG et les sportifs de haut niveau, tractant leur lots de fans, et les rappeurs wesh wesh, des bandanas frappés de l'étoile verte comprimant leurs têtes penchées de 50 cents wannabes.
Un «oui» retentissant
Les citoyens ont croqué le songe d'une journée d'été démocratique. Oui, oui et encore oui se sont-ils gargarisés dans une communion inédite. Neuf millions d'âmes apaisées par la confortable certitude qu'un roi a inscrit leur destin sur la voie du bonheur. Oui, oui et encore oui, ont-ils vibré, conscients qu'avec un simple bulletin de vote, ils ont foulé du pied l'Elysée des libertés, de l'essor, de la diversité, de la multiethnicité, du multiculturalisme et de la bonne gouvernance. Le moment n'est nullement à la dissection arithmétique du referendum, il appartient à cette béatitude éprouvée au lendemain d'une victoire commune, celle d'un peuple et de son roi, celle d'expectatives d'un meilleur avenir. Y croire, toujours y croire car la route est encore longue et l'effort nécessaire. Modestement, nous avons identifié pour vous, ces filaments d'espoir dont fut jalonné le trimestre précédant le vote, les 98 %, les 73 % et, de surcroît, le OUI national. Bonne lecture.
Réda Dalil
Les 5O raisons d'espérer
1- 98, 54 % «clair et net»
Le «oui» s'est imposé d'une manière éclatante. Eu égard aux appels au boycott et aux nombreuses incitations à voter non, beaucoup ont cru à un score moins écrasant. Ce ne fut pas le cas. Aujourd'hui, la Constitution jouit d'un blanc-seing quasi-unanime. De quoi légitimer définitivement les règles qui régiront le Maroc de demain.
2-73 % «Yes we vote !»
C'était la grande inconnue. Cette variable qui, selon son niveau, adouberait ou discréditerait partiellement l'issue du scrutin. Avec 9,4 millions de votants et 73 % de taux de participation, le Maroc s'extirpe de l'ornière apolitique qui avait flétri les législatives de 2007 (32 %), donnant l'impression que le citoyen était insensible à la chose politique. Cette donne est désormais caduque.
3- Cohésion nationale
Multiethnique, multiculturel, multiconfessionnel, le Maroc de la diversité s'est exprimé d'une seule voix. En accordant un vote de confiance à la nouvelle Constitution, cette majorité silencieuse, dont on s'interrogeait sur l'opinion, alors que les 20 fébréristes battaient le pavé chaque dimanche, dispose à présent d'une identité politique ferme. Ce modèle de cohésion nationale représente un pré-requis nécessaire à la construction d'un progrès durable.
4- Commission collégiale, signe des temps
Certains appelaient une assemblée constituante de leurs vœux. Le contexte politique (vacance du pouvoir) ne s'y prêtait pas. Le processus inclusif de conception de la Constitution a été décisif. Consultant partis, syndicats, ONG et société civile, les sages de la Commission Mennouni ont intégré une composante pluraliste dans la rédaction du texte. Résultat, une majorité de courants ayant été pris en compte, le oui à 98 % est loin de détonner.
5-«Majorité calme et silencieuse»
Tandis que les mouvements de contestation émaillaient les rues de nos villes, hormis la formation passagère du mouvement du 9 mars, le peuple, acquis aux principes réformateurs du roi, a judicieusement patienté de prendre connaissance de la Charte fondamentale pour affirmer son adhésion. Partant, il n'y eut pas d'affrontement civil notable. La majorité silencieuse s'est réveillée au moment idoine. Résultat, une transition démocratique sans heurts et sans animosité.
6-20 février, les acquis d'une jeunesse politisée
Le rôle fondamental qu'ont joué les jeunes du 20 février dans la genèse du texte constitutionnel ne prête aucunement à débat. Véritable catalyseur du changement, cette jeunesse numérique a dynamité les clichés selon lesquels la conscience politique est Terra incognita pour les moins de 25 ans. Pour peu que le mouvement se structure en entité politique légale, défendant un projet sociétal rationnel et défini, le principe de vigilance brandi par le 20 février pourrait devenir un levier institutionnel de la plus haute importance.
7-Conseil de la concurrence, le réveil…
Bien avant la promulgation de la loi fondamentale, le roi avait pressenti l'apport essentiel dont pourrait se prévaloir le Conseil de la concurrence. Doté du pouvoir d'auto-saisine puis constitutionnalisée, l'instance que dirige Abdellali Benameur s'active déjà à démêler les pratiques anticoncurrentielles des opérateurs télécoms. Assainir le milieu des affaires et combattre l'économie souterraine sont deux missions que le Conseil devrait s'atteler à matérialiser.
8-Visibilité de l'ICPC
Longtemps cantonnée au rang de simple gadget, l'ICPC (Instance centrale de prévention de la corruption), présentement constitutionnalisée, dispose désormais d'un arsenal de moyens pour lutter contre la gangrène corruptive. Abdeslam Aboudrar, son président, devrait profiter de l'échéance législative pour engager son instance dans un combat vertueux contre le négoce de voix. Notons toutefois qu'il faut redéfinir les prérogatives de l'instance afin d'éviter tout chevauchement avec le périmètre judiciaire.
9-Amazighe, l'an 1
Une des grandes révolutions constitutionnelles. La langue amazighe devient, au même titre que l'Arabe, une langue nationale et officielle. L'article 5 de la loi suprême consacre cette langue comme faisant partie du patrimoine commun à tous les marocains sans exception. Cette nouvelle donne est l'aboutissement concret du discours royal D'Ajdir datant de 2001. Reste à promulguer les lois organiques nécessaires à la mise en application de cette officialisation historique.
10-Troïka démocratique
Avec un chef du gouvernement désormais investi de compétences décisionnelles majeures au niveau de l'administration et d'un pouvoir de nomination élargi, d'un parlement qui légifère, vote les lois et contrôle l'action du gouvernement, d'un conseil supérieur du pouvoir judiciaire dont l'indépendance des magistrats est constitutionnellement garantie, le principe du checks & balances (pouvoirs et contre-pouvoirs) est à présent dûment acté. Il faudra cependant huiler les rouages institutionnels pour assurer un fonctionnement sain de la troïka démocratique.
11-Respect et inviolabilité
L'article 19, érigé en cheval de bataille par le mouvement du 20 février, disparaît au profit de deux articles distincts, les articles 41 et 42. Fait notable, la sacralité du roi cède la place à son inviolabilité ainsi qu'à son respect. La nuance est majeure car la modulation ouvre la voie à une citoyenneté royale, concept éminemment démocratico-compatible.
12-Plébiscite du règne alaouite
Le plébiscite franc et massif de la Constitution admet plusieurs lectures, dont le satisfecit populaire de la politique menée par Mohammed VI lors de ses 12 ans de règne. De fait, il n'est pas insolite de conclure que le peuple a dit «oui» aux réformes réalisées depuis 1999, réformes qui, outre leur caractère économique, ont démontré selon Benjamin Stora (historien, politologue), que : «le règne alaouite est l'unique socle de stabilité du royaume».
13-Libération des détenus politiques
Quand le roi crée le CNDH (Conseil national des droits de l'Homme), peu s'attendent à ce que l'action conjuguée de Driss Yazami et Mohamed Sebbar se révèle aussi percutante. Jeudi 14 avril, la grâce royale tombe. On libère 190 détenus et on annule la peine de mort pour cinq condamnés. Les relents d'injustice entourant l'affaire Belliraj se dissipent. Chakib Khyari, condamné dans des circonstances brumeuses, est un homme libre. Les trente ans de réclusion d'un salafiste repenti, Mohamed Fizazi, s'évaporent. L'heure est au redressement des torts.
14-Elections anticipées ? Elémentaire !
La décision de programmer les élections législatives pour le 7 octobre prochain tombe à pic. Elle répond à une interrogation basique. Pourquoi étirer le mandat d'un hémicycle élu selon l'ancienne charte fondamentale ? Pour autant, il faudra que les chambres actuelles fassent voter les lois organiques nécessaires à l'organisation du prochain scrutin. La session parlementaire de printemps devrait être prolongée à cet effet.
15-Les quadras de la gauche
Le parfum de la liberté d'expression, qui a flotté au dessus de la société marocaine, a donné lieu à l'émergence de talents. La gauche, dans ce registre, tire son épingle du jeu. Omar Balafrej, Ali Bouabid, Youssef Belal, Hassan Tarik… ont émergé des décombres du socialisme antidaté pour faire valoir de pertinentes analyses. La relève semble assurée. Attention toutefois aux oppositions par trop radicales et, donc, infertiles car non porteuses de propositions réalistes.
16-Des partis contraints de muer
PAM, RNI, Istiqlal, USFP, PJD, PPS. Les partis régaliens souffrent d'un mal-être chronique. Ce dernier, magnifié par les bouleversements du dernier semestre, a subi une amplification notoire. Attaques physiques, injures, boycott de réunions partisanes. La violence inouïe que suscitent les formations politiques peut, le cas échéant, créer un sursaut d'orgueil et de renouveau au sein d'appareils devenus manifestement obsolètes.
17-Nouveau PM : je nomine !
Immense élargissement des compétences du chef du gouvernement. Désormais, dans le cadre du conseil des ministres, le nouveau PM pourra procéder aux nominations des walis, ambassadeurs, gouverneurs, et, plus largement, à tous les emplois civils liés à l'administration. Bien que les choix de la primature doivent être assortis d'une validation royale, le changement est de taille.
18-Dialogue social relancé
Bilan du bras de fer, un 1er mai exaltant pour les syndicats. El Miloudi Moukharik a de quoi se réjouir, son début de mandat à la tête de l'UMT est sanctionné par d'importants acquis. Inventaire. Augmentation des salaires des fonctionnaires de 600 DH, fixation d'un plancher de 1000 DH pour les petites pensions et plus récemment augmentation des greffiers. Le tout, en attendant l'application de l'échelle mobile des salaires et l'indexation des revenus sur l'indice du coût de la vie. Un sans-faute.
19-Progressistes vs conservateurs
Plus que tout autre acquis politique, le débat autour de la Constitution aura donné naissance à deux mouvances clairement identifiables de notre société. Les progressistes, plutôt laïques, défendant une vision très libertaire du vivre-ensemble et une autre, traditionalo-conservatrice, attachée aux fondamentaux nationalistes et religieux de la patrie. En somme, notre clivage politique gauche-droite.
20-L'Algérie démasquée
Une révolution des jeunes noyée dans l'œuf, un pouvoir présidentiel décati, une mainmise asphyxiante des généraux sur l'économie. L'Algérie se perd dans ses contradictions. Jugée à l'aune du Maroc, le voisin semble avoir raté son rendez-vous avec l'histoire. Pis, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia nous accuse de suggérer en catimini à l'ONU le soutien algérien au régime Khadafi… Tout en mimant, par ailleurs, notre réforme constitutionnelle ! Chercher l'erreur.
21-Printemps arabe à Tindouf
Contesté à l'intérieur des camps à cause des conditions de vie insoutenables qu'il y fait régner, fustigé par la communauté internationale en raison du rôle trouble qu'il fait jouer au Polisario dans la défense du régime diabolique de Kadhafi, Abdelaziz Marrackhi est plus que jamais en proie à la «dégage» sanction. Sa défection accélérerait de facto la mise en place du plan d'autonomie proposé par le royaume. Croisons les doigts !
22-INDH reloaded
C'est plus que le projet d'un règne. L'INDH se veut une feuille de route systémique dédiée à l'éradication du mal le plus tenace dont souffre le royaume : la précarité. A une première phase probante ( 22 000 projets concrétisés, 5,2 millions de bénéficiaires, investissement global de 14,1 milliards de DH) succède une deuxième phase aussi ambitieuse. Plus de 17 milliards de DH seront employés à désenclaver environ 700 communes et 530 quartiers urbains défavorisés. Louable.
23-Augmentation du SMIG
A la CGEM, on a reproché à Mohamed Hourani de s'être «couché» devant les coups de boutoir des syndicats. En émargeant le protocole d'augmentation du SMIG de 15 %, le gouvernement donne un sérieux coup de fouet au pouvoir d'achat et, par réverbération, à la demande intérieur, condition sine qua non d'une consolidation pérenne du PNB. Plutôt une bonne nouvelle pour la croissance future.
24-Résilience de l'économie
La relative immunité de l'économie marocaine à la grande crise financière de 2008 était, dit-on, due à un processus d'octroi de crédits sain et entourés de garanties. Cette année, malgré le printemps arabe et l'attentat d'Argana, l'économie reste sur les mêmes perspectives de croissance. Tirée par le dynamisme des télécoms et le réveil de la consommation des ménages, le PIB à fin 2011 devrait croître de 4,8 %.
25-Forget 2003 !
Jeudi 28 avril. Le café d'argana, plaque tournante du tourisme à Marrakech et cœur de l'illustre place Jamaâ El Fna, implose. L'attentat fera 17 morts et 21 blessés. Un carnage. Au même moment, Mohammed VI préside un conseil des ministres à Fès. Mot d'ordre, ne pas céder à la panique. On s'attend à des arrestations sommaires. Et bien non ! En moins d'une semaine le coupable est appréhendé sans qu'aucune infraction aux droits de l'homme ne soit commise.
26-«Business as usual» attitude : Mawazine
A quoi reconnaît-on un pays qui avance ? Très simple. Lorsque le mécontentement populaire atteint son acmé et que les plannings de projets, inaugurations et chantiers ne sont pas entamés, on y vit ! Ainsi, tandis qu'une colère homérique a ciblé le Festival de Mawazine, taxé d'événement dilapidateur des deniers publics, celui-ci s'est déroulé sans heurts, fortifiant le rayonnement culturel de notre pays hors frontières. Business as usual !
27Pluralisme des ondes
Grande première, le pluralisme des opinions s'est largement exprimé dans les médias officiels et autres. Le verdict de la HACA corrobore cette nouveauté. Ainsi, la majorité a eu droit à un taux de parole de 52 % pour 40 % en faveur de l'opposition. Fait notable, le mouvement du 20 février s'est octroyé un peu plus de 5 % du temps de parole dédié à l'univers associatif. Ça ne s'invente pas !
28-Un parlement dopé
En sus de prérogatives enrichies en matière de vote des lois, de contrôle de l'action du gouvernement et de l'évaluation des politiques publiques, nos parlementaires pourront présenter une motion de censure à hauteur d'un cinquième des voix seulement. Mieux, en augmentant les domaines de législation des députés de 30 à 60, la nouvelle Constitution accorde à l'hémicycle un poids décisionnel quasi-analogue à celui du gouvernement.
29-Nayda-Citizen !
Longtemps relégués au rôle de colifichets doublés de porte-voix niais de la propagande nationaliste, les artistes font aujourd'hui valoir un engagement citoyen tout de décibels composé. Le rappeur Don Bigg, avec son single polémique «Ma Bghitch» a sacrément secoué le cocotier de la bien-pensance. Said Mousker, Daoudia, Masta Flow et d'autres ont contribué à une resucée de «We are the world» pro-oui intitulée «Koulna Hadrine». Nayda-citoyens de tous bords, unissez vous ?
30-Satisfecit international
De Nicolas Sarkozy à Hillary Clinton en passant par Juan Manuel Barosso et Ban Ki Moon, les leaders du monde libre ne cessent de vanter le courage de Mohammed VI. En effet, alors que la plupart des régimes arabes se sont fourvoyés face à la colère de la rue, le Maroc, par contraste, fait office de modèle d'intelligence politique et de stabilité institutionnelle.
31-Fémination !
Le nouvel article 19 de la Constitution stipule désormais que : «l'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental». Ajoutez à cela la création du Conseil de la famille et de l'enfance, les acquis passés en matière de Code de la famille ainsi que la transmission de la nationalité, et vous avez le pays arabo-musulman le plus émancipé en termes d'égalité des genres. Si cela pouvait rapidement imprégner les consciences…
32-Liberté de conscience…
Malgré la suppression tardive du principe de liberté de conscience du texte constitutionnel, il est rassurant de constater que les dix-neuf sages ont sincèrement envisagé cette hypothèse. Las, celle-ci fut éliminée de la charte sous la pression du PJD. Pour autant, qu'il y ait eu concertation et, in fine, approbation de la CCRC au sujet de cet article, est en soi un symptôme d'ouverture d'esprit inattendu de la part de la commission. Bon présage.
33-Le self-control relatif de la police
C'est un euphémisme, le bras de fer entre les forces de l'ordre et les manifestants ne fut pas un long fleuve tranquille. Lorsque les jeunes fébréristes se mirent dans la tête d'inspecter le centre de détention «secret» de Témara, il y eut castagne. Toutefois, les interventions musclées, contrairement aux autres pays touchés par la bourrasque protestataire, ne résultèrent guère sur d'innommables bains de sang et ne produisirent aucune victime. (le cas de Kamal El Ammari étant en cours d'investigation).
34-La face cachée d'Al Adl Wal Ihssane
Au début des manifestations dominicales, le franc-jeu de la Jamaâ, sa conduite irréprochable et ses marches aux pas cadencées ont fait mollir les critiques les plus acerbes. Mais, au fil des semaines, il est apparu que le parti théologico-républicain du Cheikh Yassine affectionnait un agenda moins avouable : phagocyter le mouvement du 20 février et selon un de leur membre dirigeant : «nettoyer les rues avec du sang» (Sic).
35-Reconversion du vingt
Rêvons. L'électrochoc du réveil démocratique, l'aiguillon constitutionnel, ce mouvement du 20 février dont l'action et l'endurance ont fondamentalement influé sur le cours politique de ce pays, est en droit d'en devenir une force agissante. Dans tous les cas, un certain nombre d'analystes estiment que, si d'aventure le 20 février se transformait en parti, la démocratie naissante n'en serait que renforcée. Vœu pieux ? Peut-être pas.
36-Informatisés et décomplexés
Selon une récente étude, les jeunes de 15 à 29 ans lisent à 90 % en français et passent plus de 10 heures par jour sur internet. La prégnance des réseaux sociaux a en cela dopé la conscience politique, que le débat y est devenu aisé, voire ludique. Mieux, les jeunes connectés semblent s'être affranchis des carcans traditionnalistes. Prématurés ces ados !
37-Fi des ministres de souveraineté !
La nouvelle Constitution sonne le glas des ministres de souveraineté. Le chef du gouvernement issu du parti arrivé en tête des élections législatives, devra composer un gouvernement de coalition et arrêter des choix ministériels à racine partisane. Technocratie et parachutage de dernière minute ne brouilleront plus la mécanique démocratique d'un gouvernement élu.
38-2M se rattrape
Alors que la deuxième chaîne nationale se débattait dans les affres de la contestation sociale, une autre problématique est venue grever sa légitimité : le traitement partial de la gronde populaire. Reportages frelatés, scènes rasées aux montages. Le pot aux roses fut dévoilé sur la forme d'une interview hachée d'un médecin gréviste. Fort heureusement, les débats (Jamal Goulahsen, Driss Bennani…) retransmis en marge du référendum, francs et équilibrés, ont réussi à sauver les meubles. Pourvu que ça dure.
39-Génération 4 juin
Samedi 4 juin 2011. Alors que les Lions de l'Atlas viennent de pulvériser les Fennecs, leur infligeant une défaite sans appel (4-0), le peuple s'élance éperdument dans les rues. Très vite, la joie liée au football se transmue en quelque chose de plus viscéral, du patriotisme brut de décoffrage. Tout s'est passé comme ci, atone depuis près de trois mois, la majorité silencieuse a laissé éclater sa fidélité pour les trois fondamentaux du royaume. Allah, Al Watan, Al Malik. Sportivement parlant, la victoire augure d'un bon avenir pour le Onze national.
40-La politique, cette ex-mal aimée
Un des maux les plus persistants du royaume tenait jusqu'ici en onze lettres : apolitisme. Un taux d'à peine 30 % de participation aux législatives de 2007, a fait de ce scrutin une sorte de simulacre, affaiblissant de ce fait l'autorité et la légitimité du gouvernement élu. Avec plus de 73 % de participation et 9.4 millions de votants au référendum constitutionnel, ce funeste paradigme est en passe d'être atomisé. Gageons que les prochaines législatives susciteront un intérêt analogue.
41-Justice affranchie du ministère
Rappelez-vous de ces deux juges Jaâfar Hassoun et Mohamed Amghar, suspendus de leurs fonctions pour avoir ébruité des décisions du Conseil supérieur de la magistrature. La décision, alors prise par le ministre de la Justice a fait grincer des dents. Avec la nouvelle Constitution, aucune ingérence ministérielle ne sera plus possible. En effet, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire nouvellement créé se dote d'un vice-président corporatiste : le président de la Cour de cassation.
42-Transhumance ? Que nenni
Qui est Mohamed Moubdie ? Ce député, actuellement président du groupe parlementaire MP, a en 14 ans d'expérience politique, changé six fois de parti. Zigzaguant de formation en formation, il a endossé les couleurs d'une demi-douzaine de partis différents : MNP, MP, PSD, PSU, etc. Que l'on se réjouisse car l'article 61 de la nouvelle Constitution barrera la route aux apprentis Moubdie. La transhumance, cette gangrène du parlementarisme, a péri. Bon débarras.
43-L'invitation du CCG
L'invitation adressée au Maroc par le CCG a émoustillé les plus conservateurs d'entre nous. Les craintes se cristallisent autour d'un possible abandon du projet panarabe au profit d'une régionalisation strictement monarchique. En filigrane, on lira dans les velléités de rapprochement des pays du golfe, un début d'émulation du modèle démocratique marocain jugé, à juste titre, plus occidentalisé et de ce fait, plus abouti. Une invitation qui, sans engager, lustre une réputation.
44-D'un statut à l'autre
La réaction marocaine aux soubresauts du printemps arabe a valu au royaume une reconnaissance internationale unanime. Tandis qu'une poignée de satrapes déchaînèrent l'artillerie lourde contre une population avide de liberté, chez nous, le traitement fut tout autre. Prenant acte de l'exception marocaine, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe décernera au Maroc le statut de «partenaire pour la démocratie». Notons que cette distinction n'avait jamais été remise à un pays autre qu'européen. Alors, «upgrade» du statut avancé ?
45-Facebook, plateforme de débat
Avec ses 3 millions d'utilisateurs, le Maroc est, derrière l'Egypte, la plate-forme arabe communautaire la plus dense. Véritable vivier d'opinions, Facebook a été le théâtre d'âpres débats concernant la Constitution. Pro-oui et tenants du non ont ferraillé vidéos et commentaires à l'appui en vue de pousser leurs projets sociétaux respectives. Une démocratie à la sauce Zuckerberg qu'on aimerait voir durer.
46-La diaspora du cœur
Pour la première fois de l'histoire, nos ressortissants ont pu faire valoir leur voix lors du référendum. De Bruxelles à Montréal, ils ont afflué vers ambassades et autres consulats pour affirmer leurs statuts de citoyens à part entière. Parallèlement, les transferts effectués par les MRE se sont bonifiés de 6,8 % sur les six premiers mois de l'année. Plus de 75 % de ces fonds sont réservés au soutien familial. Une solidarité exemplaire.
47-Faites vos jeux, rien ne va plus !
Au lendemain du référendum, aucun parti politique ne peut se prévaloir d'une quelconque certitude devant les urnes. Le PJD s'enorgueillit de sa virginité politique, le RNI met en avant sa dream team technocratique, le PI promotionne son implantation territorial et tutti quanti. Cependant, à y voir de plus près, aucun parti ne possède ce facteur de différentiation, synonyme d'une nette démarcation. Les jeux sont on ne peut plus ouverts et cela est une excellente nouvelle pour une démocratie naissante.
48-La marocanité des sages de la Commission,..
Une constitution pensée par des Marocains pour des marocains, voila qui tranche avec les pratiques du passé. Jadis, l'essentiel des chartes fondamentales fut rédigé par des sages venus d'ailleurs, dont le plus notable fut l'académicien Maurice Druon, ami intime et conseiller de feu Hassan II. L'installation de la CCRC et son caractère consultatif laissent à penser qu'outre le processus pluraliste de sa création, la loi fondamentale est bel et bien l'œuvre d'un génie bien de chez nous. A la bonne heure.
49-Le PAM dans l'arène
Il avait atterri tel un météorite sur la scène politique, raflant, en 2009, plus de 40 000 strapontins communaux et asseyant, par la même, un maillage territorial digne du Léviathan de Hobbes. Désormais privé de son homme fort, le PAM devra se reforger une légitimité populaire. Le défi est intéressant et les prochaines législatives seront l'occasion de démontrer que le parti du tracteur est à même d'exister sans son illustre fondateur.
50-Le discrédit des snipers
Ils ont glosé, accusé, persiflé, voué ce pays et son avenir aux gémonies. Voyant dans le mouvement du 20 février un tremplin à leur conception nihiliste de la démocratie, ces zébulons du verbe ne peuvent que s'incliner face à l'inclination du peuple envers son roi. Avec 98 % de oui, ils peuvent aller se rhabiller. A moins qu'en total déni de l'expression populaire, ils ne voient dans ce score une quelconque manipulation. Cela, d'ailleurs, n'étonnerait plus personne…
Réda DALIL


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