Le 7 septembre, a fait certainement date. Il marquera également le cours des années à venir. Déjà, la classe politique éprouve le besoin d'une recomposition qui donnera certainement naissance à trois pôles politiques : droite, gauche et centre libéral. Pour deux projets sociétaux : modernisme ou conservatisme. Analyse. Depuis le 7 septembre, des termes phares qui ont longtemps fait l'actualité de la nation sont tombés en désuétude. Terme générique d'une époque, «la transition démocratique» ne fait plus la bible quotidienne, ni de la classe politique, ni des observateurs et autres faiseurs de l'opinion nationale. Faut-il en conclure que cette époque est révolue, et partant, la démocratie définitivement installée ? La réponse peut se formuler loin de la question, tant il est vrai que le paradigme politique semble prendre une nouvelle tournure. Et pour cause. La classe politique, assommée par le verdict des urnes, se cherche un nouveau cap, et une nouvelle raison de vivre. Constat Le coup de semonce, qui, paradoxalement a touché tous les protagonistes de la vie nationale presque à une échelle égale, a sonné en même temps la fin d'une certaine béatitude. Grisés par les changements qui bouleversaient les us et traditions politiques, solidement ancrées pourtant, la classe politique baignait dans une autosatisfaction sans limite. Deux cas pour illustrer cette nonchalance. Un, de la majorité sortante, l'autre de l'opposition. L'USFP, longtemps pièce maîtresse de l'exécutif depuis le gouvernement dit de l'alternance, se targuait d'une popularité électorale qui sera mise à rude épreuve ce 7 septembre. Son ancien Premier secrétaire ne cessait pas de promettre aux siens un score de bonheur. Le verdict est tombé comme un couperet : une débâcle électorale qui a mis le parti de Mohamed Elyazghi sur la corde raide. Il ne finit pas d'en pâtir jusqu'à nos jours. De l'autre côté du miroir, le PJD. Bête noire de tous les politiciens du pays, il n'a pas pu réaliser l'oracle américain qui faisait de lui la force majeure du pays. Désenchanté, il ne sait plus sur quel pied danser. Le raz-de-marée n'ayant pas eu lieu, il sent la même frustration que son rival de toujours, le parti des socialistes marocains. La constitution du gouvernement a donné le coup de grâce et écorné davantage l'image, déjà ternie des partis politiques. A tort ou à raison, un vide s'est vite fait sentir, et le doute, quant à la capacité politique de l'élite, commence à s'installer. En parallèle, les aléas d'une ambiance plutôt d'instabilité régionale, prennent de plus en plus de poids dans l'analyse des développements futurs de la situation. Vide Se dessine alors un schéma, ou un scénario catastrophe. Le vide s'accompagne indéniablement de risque de tumultes. Du coup, face à un corps politique souffrant, l'alternative reste le projet passéiste, pour ne pas dire islamo réactionnaire. «Deux projets prennent de plus en plus corps», note cet observateur de la scène nationale. D'une part, une tendance conservatrice, qui a porté haut la main les échéances de septembre dernier, d'autre part un courant moderniste et démocrate qui peine à se constituer en bloc opérationnel. Autrement, le clivage gauche droite a laissé la place à un clivage davantage profond. Celui de projet sociétal. Politiquement, on se trouve avec les mêmes protagonistes certes, mais avec un magma fondu de petite formation sans étiquette claire entre les deux. Prosaïquement, la droite, a trouvé dans le PJD, le Mouvement populaire et l'UC, entre autres, une expression politique et partisane. La gauche, tout aussi hétéroclite que diversifiée, a, elle aussi, ses portes étendards : l'USFP, le PPS, le FFD, le CNI et on en passe. Reste une foultitude de mouvements qui lorgne un tant soit peu vers une identité libérale-progressiste ! Il y a fort à parier que cette tendance trouvera dans le Mouvement Démocrate, le Modem de Fouad Ali-Himma, un élément fédérateur, ou, pour reprendre un terme cher aux initiateurs du Modem, «un horizon fédérateur» ! Le programme déclaré des uns et des autres est : conservateur pour la droite, ou moderniste pour la gauche. Les libéraux seront plutôt du côté de la tendance moderniste. Il n'en demeure pas qu'ils seront tentés de jouer les équilibristes pour amortir le clivage. A suivre...