L'ampleur des chantiers lancés par le Maroc a modifié les fondamentaux du BTP. «Le Maroc a construit ces dernières années comme il n'a jamais construit de son histoire et ce sans que l'approvisionnement en matériaux de construction ne soit interrompu», se réjouit le président de la fédération des industries des matériaux de construction (FMC), David Toledano. Le Maroc produit jusqu'à 90% des matériaux de construction dont il a besoin. Aujourd'hui le défi consiste moins à disposer de grosses capacités de production que de répondre aux contraintes du développement durable. Pour ce faire, la FMC s'efforce, selon les dires de son président, à promouvoir dans le bâtiment des produits normés et donc facilement contrôlables. En matière de respect de l'environnement, la FMC va encore plus loin. Réputé être un secteur énergivore, le secteur s'emploie, en effet, à traiter les déchets pour produire des énergies alternatives. Ainsi, 6 millions de tonnes de déchets, dont 250 000 tonnes de déchets industriels toxiques, sont traités par an dans les différents fours des cimentiers, membres de la FMC. «La Fédération dispose en outre d'un outil majeur qu'est le centre technique des matériaux de construction. Ce dernier se penche sur la labellisation dans la construction et procède à l'étude des différents aspects normatifs», rappelle M. Toledano. Surcapacité Représentant 10% du PIB, le secteur des matériaux de construction demeure largement dominé par deux composantes à savoir le ciment et le fer (rond à béton et fil machine). Sur la période 2000-2010, la consommation du ciment a doublé passant de 7,5 millions de tonnes à 14,5 millions, avec un taux de croissance moyen de 7%. Pour faire face à la forte demande ayant marqué la période 2006-2008, tous les acteurs du secteur ont dû procéder à des investissements de modernisation et d'augmentation des capacités de production. Conséquence : le secteur compte actuellement 12 cimentiers ayant une capacité de production installée de 20 millions tonnes, dont 5,5 millions tonnes en surcapacité. Longtemps monopolisé par la Sonasid, le marché de la sidérurgie a vu l'entrée en jeu de nouveaux acteurs, sous l'effet notamment de la bonne tenue de la consommation. En effet, sur la période 2002-2010, la consommation de fer a presque doublé passant de 0,77 millions de tonnes à 1,4 millions avec un pic de 1,5 millions en 2009. Avec les nouveaux arrivants (le turco marocain Univers Acier, Moroccan Iron Steel, Ynna Steel et Somasteel), la capacité de production installée est établie à 2,35 millions de tonnes, dont 1,1 millions pour la seule Sonasid, conduisant ainsi à une surcapacité effective estimée à 40%. «Aujourd'hui notre secteur fait face à de nouveaux défis tels que le coût de l'énergie, la réglementation drastique sur l'exploitation des carrières, le respect de l'environnement, la libéralisation et la baisse des droits de douane quand ce n'est pas leur disparition suite aux nombreux accords de libre échange signés par notre pays», conclut le président de la Fédération des industries des matériaux de construction. Créée en 1995, cette dernière regroupe plusieurs industries notamment le ciment, les produits en béton, les carreaux céramiques, les appareils sanitaires en céramique, les produits en terre cuite, les granulats, le fer à béton, le marbre, le plâtre, le sable, etc. Said El Hadini