Présente aux noces du siècle, la First Lady impressionne Londres par sa grâce. Vendredi 29 avril 2011, 11h13. Le prince William, sanglé dans un uniforme rouge de la Royal Army, quitte Clarence House dans une Bentley royal custom. Il est accompagné de son frère Harry. Quelque peu fébrile, il s'apprête à se lier pour la vie avec «Waitie Katie». Les tabloïds anglais, prompts à coller des sobriquets aux «girlfriends» princières avaient choisi ce surnom pour Kate. De fait, celle-ci a dû patienter plus de dix ans avant que William ne s'agenouille pour faire sa demande, une bague diamantée de 14 carats appartenant à sa mère Lady Di en obole. A 11h18 précise, il arrive à l'abbaye de Westminster, où, furtivement, il s'isole dans une chapelle en attendant l'arrivée de sa promise. La procession des invités de la cour a commencé depuis 10 heures du matin. Plus de 1900 invités triés sur le volet sont conviés à la cérémonie. Londres est véritablement l'épicentre de l'attention mondiale. Derrière leur écran TV, deux milliards de téléspectateurs trépignent d'impatience. Les curiosités sont multiples. Kate pleurera-t-elle devant l'autel ? William bafouillera-t-il ses vœux ? L'événement, qui occupe la scène médiatique depuis six mois, atteint son point culminant. Pourtant, bien que la fièvre entourant les noces royales ait un caractère universel, chez nous, l'attente est tout autre. Depuis l'annonce de la présence de SAR Lalla Salma au mariage du siècle, il se joue un événement dans l'événement. La retransmission de l'arrivée des convives est scrutée à la loupe. Dès qu'un véhicule accoste les abords de l'abbaye, on retient son souffle. Est-ce Lalla Salma ? Que porte-t-elle ? Non ! Finalement ce n'est que le couple Beckham. David arbore une barbe naissante et Victoria, eh bien ! Victoria est toujours aussi cadavérique. Le suspens est entier. Canal+ s'est adjugé le commentaire de Karl Lagerfeld, histoire d'évaluer les fautes de goût des invités. Beckham est aussitôt taclé : «Voyons, on ne porte pas de médaille pendante sur une jacquette». Zéro pointé pour le footballeur bling bling. L'attente dure. Monsieur et…Monsieur Elton John arrivent. Le pianiste anobli est un pilier institutionnel pour la monarchie anglaise. Notons tout de même qu'il est gentiment sommé de produire son invitation, il s'exécute. Ensuite, défileront John Major, ex-premier ministre ; David Cameron, Premier ministre actuel et Nick Clegg…demi-Premier ministre. L'audimat national frise l'apoplexie. «Absolutely charming !» Mais où est donc Lalla Salma ? Surprise ! Les astronautes de la station spatiale internationale envoient leurs félicitations aux deux tourtereaux. Information totalement passée par pertes et profits. Les Marocains juchés devant leur plasma, réclament leur Princesse. La délivrance est proche. A 11H20 tapante, une Bentley s'immobilise devant Westminster. La porte s'ouvre. Une silhouette émerge. C'est bien elle. Les flashs crépitent et Karl Lagerfeld exulte : «C'est la Princesse Lalla Salma du Maroc. Ravissante, elle est venue en habit traditionnel, absolument ravissante». Escortée par deux gardes du corps, SAR Lalla Salma se dirige gracieusement vers l'entrée de l'Abbaye. Elle porte un somptueux caftan beige. L'habit est une ode à la superposition et à la fluidité. Les broderies en fils d'or sont d'une exceptionnelle précision. Elles confèrent une ligne éminemment moderne à la coupe traditionnelle de la tenue. Les escarpins de la Princesse reprennent la couleur du caftan et, détail important, paraissent incrustés d'un jeu harmonieux de perles et d'ornementations diverses. A mesure que notre First Lady progresse vers la chapelle, les regards se dirigent naturellement vers cette magnifique ceinture encastrée d'or blanc et visiblement de diamants couleur turquoise. Sur la Twi toma (Réseau marocain d'utilisateurs de Twitter), l'heure est au chauvinisme. @Houda est enchantée. Elle poste ce statut : «Je suis fière d'être marocaine, Lalla Salma est resplendissante». Beaucoup font la radioscopie du surprenant collier qu'arbore la princesse. «C'est sur, c'est du topaze !» interjette @Siham pour se voir opposer cette remarque de @Missy, «Mais non, c'est un assortiment d'émeraudes ! Lalla Salma n'est pas fan de Topaze !». Dont acte. En quelques crépitements de flashs, Lalla Salma vole la vedette au parterre de têtes couronnées conviées à la cérémonie. Sophie, la comtesse du Wessex, avouera en privé avoir été charmée par la grâce de notre première dame. Même son de cloche chez Camilla, duchesse de Cornouailles qui, lors du «private dinner» organisé par la Reine Elisabeth au Mandarin oriental Hotel, ne cessera de rappeler à quel point elle fut enthousiasmée par la personnalité de Lalla Salma et ce, lors de sa récente visite au Royaume. Mieux, la presse anglaise, pourtant réputée pour son irrévérence, est conquise. C'est ainsi que Hello Magazine place la princesse dans le groupe ultra-select des invitées royales les plus élégamment vêtues. La sélection compte, excusez du peu, la princesse Maxima des Pays-Bas, Victoria de Suède, Sonja de Norvège et la princesse Marie-Chantal de Grèce. Hormis Lalla Salma, aucune autre personnalité d'Afrique ou du monde arabe n'a été retenue. A son incomparable manière, notre première dame aura brillamment représenté son pays à l'événement le plus en vue de ce début de siècle. Une diplomatie de velours dont le Maroc peut être «so proud»… Réda Dalil