A l'heure où les consommateurs se convertissent enfin à la 3G, la nouvelle génération de téléphonie mobile se profile déjà à l'horizon. Il ne faut pas être un expert pour pouvoir assurer que l'internet du futur sera en grande partie mobile. En effet, de plus en plus de personnes équipées de smartphones type iPhone, Blackberry ou autres ne peuvent déjà plus se passer de leur téléphone pour consulter leurs flux RSS ou leurs mails à chaque fois qu'ils en ont l'occasion et qu'ils sont loin de leur ordinateur. Ce succès déjà bien avancé de l'internet sur mobile a entraîné la multiplication d'applications mobiles (notamment sur iPhone) qui utilisent toujours plus de ressources en permettant par exemple de faire de la VoIP, de regarder des vidéos sur YouTube ou d'écouter des Webradios à tout moment et où qu'on soit. Cette évolution est telle qu'on est déjà bien souvent limités dans notre utilisation de ces services par une connexion parfois trop lente. Une des solutions à ce problème est la technologie 4G LTE (Long Term Evolution) qui constituerait la 4è génération de réseaux de téléphonie et serait en vérité une connexion haut débit mobile. Très vite, les smartphones et la navigation web mobile se sont accaparé la technologie afin de faire transiter les données, la «data». En 2010, quatre ans après le lancement de la 3G au Maroc, le réseau rapide UMTS couvre, d'après l'ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications), 1,3 million d'abonnés, répartis entre les trois opérateurs nationaux. Plus rapide et gourmand que les capacités que lui offre le réseau 3G, le smartphone, avec l'avènement de ses applications en masse, a besoin de tuyaux plus grands pour obtenir les infos et les données. Et ce n'est pas tout ! Avec l'apparition des clés 3G/3G+, des ordinateurs portables embarquant une carte SIM 3G, la multiplication des tablettes et autres terminaux connectés, la 3G n'est pas près de souffler. L'ANRT plébiscite la 4G Pour développer davantage le très haut débit mobile, la note d'orientation à l'horizon 2013, faite par l'instance de régulation, visant le développement du secteur des télécommunications, est claire en ce sens. Elle appelle à la mise en place de la 4G. «Pour développer davantage le très haut débit mobile, l'introduction des nouvelles technologies mobiles de 4è génération par les opérateurs mobiles en place sera soutenue par l'attribution, à partir de fin 2011 et après avoir réaménagé le spectre correspondant, des fréquences, aux opérateurs intéressés. Cette attribution sera assortie d'engagements de ces operateurs pour le déploiement de ces technologies et se fera dans des conditions qui seront arrêtées sur la base d'une étude menée à cet effet», lit-on dans la note d'orientation. Par ailleurs, les opérateurs qui développent cette technologie dont le lancement est prévu dans les prochains mois aux USA, en Europe ainsi qu'au Japon, la proposent comme alternative de la saturation des fréquences de la 3G. Quid du Maroc ? L'ANRT considère que l'avènement de la 4G n'est pas lié à la saturation des réseaux 3G. Des responsables de l'Agence estiment que la 4G a été évoquée comme une solution d'avenir. par tous les acteurs lors des Congrès mondiaux de la téléphonie mobile tenus à Genève en 2009 et à Barcelone en 2010. En effet, à travers cette technologie, on envisage plusieurs applications, la voix, le haut débit, telles que la télévision Haute Définition ainsi que d'autres applications en relation avec le commerce électronique. Cette technologie 4G permet entre autres une fluidité data à moindre coût par rapport à la technologie 3G.Elle permettra aussi une meilleure qualité de service et des débits supérieurs. La 4G à la rescousse Une étude de Booz et Cie parue en 2009 avance que nous serons près de 400 millions à utiliser un terminal mobile connecté en 3G/3G+ ou au-delà. En effet, plus de 50 % des terminaux mobiles étaient remplacés par un smartphone 3G/3G+ à la fin de l'année 2010 et quelque 50 milliards de produits connectés feront leur apparition dans les poches des consommateurs dans les 15 prochaines années. Il y a donc urgence pour tous les acteurs du secteur. Avec ses théoriques 100 mégabits par seconde en transfert de données, la quatrième génération des réseaux téléphoniques multiplie par trois les capacités offertes par la 3G ! La 4G en sauveur des réseaux, un scénario qui devrait prendre corps entre fin 2010 et début 2011. Les premières mises en place des stations compatibles seront tout d'abord effectuées dans les zones à forte densité démographique. Une mise en place facilitée par la transformation d'un réseau 3G en 4G, plus proche d'une mise à jour logiciel que d'une restructuration complète d'une station réseau. Un «soulagement» pour les opérateurs qui ont longtemps grogné contre l'arrivée apparemment prématurée de cette 4G, prétextant des dépenses faramineuses dans la 3G de leurs propres deniers (et toujours pas rentabilisés). Mais la pression exercée par un réseau de plus en plus propice à l'engorgement pousse tout le monde à la réflexion et l'accélération de la mutation vers la 4G. Rappelons que New York en a vécu l'amère expérience avec un écroulement total de son réseau 3G, Noël dernier, à cause de connexions data nombreuses depuis les smartphones (l'opérateur AT&T a même suspendu les ventes d'iPhone pour ralentir le débit). Et la prise en charge de cette mutation des stations réseaux par des pros de la connexion comme Qualcomm (conception de matériels et systèmes compatibles) ou ZTE, facilite aussi la tâche aux trois opérateurs. Pour quels services ? Avec un tel tunnel de transfert, les possibilités d'exploitations sont nombreuses. La TV sur mobile va pouvoir bénéficier d'un débit plus qu'acceptable et, du coup, il se pourrait bien que des mobiles dotés d'écrans encore plus grands débarquent courant 2011. La navigation web mobile va également connaître une révolution, avec des temps de chargements de pages insignifiants et une expérience de surf équivalente à ce que l'on observe devant son ordinateur de bureau. Enfin, grande évolution et non des moindres, la voix, un peu la base d'un réseau téléphonique, va gagner en qualité. Car, à l'arrivée de la 3G, les opérateurs promettaient une amélioration des conversations téléphoniques. Cela n'a jamais été le cas, l'ampleur prise par la data ayant cannibalisé tout autre développement. A vrai dire, les stations GSM/2G/3G+ n'ont pas beaucoup de différences dans leur traitement de la voix, avec une capacité de 65 à 70 appels en simultané (maximum sans venir perturber lourdement le réseau data). Avec la 4G, c'est tout l'univers de la conversation qui est repensé. Le nombre d'appels simultanés passe à plus de 200 et, surtout, les appels ne passent plus par le réseau traditionnel de la voix mais par les canaux «data». En gros, les stations encapsulent les appels et les transforment en données. Un peu comme si chaque appel était réalisé en VoIP. La conséquence? Une qualité d'écoute et de conversation meilleure sans pour autant perturber la partie données. Reste à savoir comment va se passer la cohabitation entre les réseaux 3G+ et 4G, même si elle devrait être plus simple que lors du passage 2G et 3G. Et surtout, quels produits seront compatibles et quand. Des tests sont réalisés un peu partout par les opérateurs et les équipementiers préparent déjà des mises à jour matérielles à la sauce 4G. Il faut tout de même garder à l'esprit qu'au même titre que la 3G et la 3G+ à leur lancement, plusieurs mois seront nécessaires avant d'avoir à disposition des offres et surtout des terminaux capables d'utiliser au mieux le potentiel de la 4G. Par ailleurs, avec les sommes considérables investies dans la constitution et la diffusion du réseau 3G/3G+, les opérateurs vont poursuivre encore longtemps leur exploitation de la technologie, déjà dépassée. Yassine Ahrar