L'Europe doit aider l'Italie et Malte, pays qui se trouvent en première ligne, à faire face à l'afflux de personnes fuyant les troubles en Afrique du Nord, mais la grande majorité des exilés de Libye ont trouvé refuge au Maghreb, a souligné mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'afflux de migrants a provoqué ces dernières semaines des tensions entre la France et l'Italie, Rome reprochant à ses partenaires européens un manque de solidarité, tandis que Paris disait refuser de "subir" cet afflux. Nicolas Sarkozy s'est prononcé mardi à Rome pour une réforme du traité de Schengen sur la libre circulation des personnes en Europe, avec "davantage de moyens pour que les frontières de l'espace Schengen soient garanties". Quelque 25.000 migrants, pour la plupart originaires de Tunisie et le plus souvent désireux de gagner la France, ont débarqué cette année sur l'île italienne de Lampedusa au terme d'une traversée périlleuse. Mais la grande majorité des 665.000 personnes, pour la plupart des travailleurs immigrés, qui ont fui la Libye depuis février se sont réfugiées en Tunisie, en Egypte, au Niger, en Algérie, au Tchad et au Soudan, ont souligné des ONG. "GRANDE GENEROSITE" Seuls 5.182 d'entre eux ont atteint l'Italie et Malte. "Je pense que nous devons le replacer dans un contexte. Nous avons plus de 600.000 personnes qui ont quitté la Libye et ont transité par des pays voisins. La Tunisie et l'Egypte ont gardé leurs frontières ouvertes. Le Tchad, le Mali et d'autres ont fait de même", a relevé Jean-Philippe Chauzy, de l'OIM. "En termes de migration, la pression migratoire n'est pas pour le moment placée sur l'Europe, elle l'est sur des pays d'Afrique du Nord", a-t-il dit lors d'un point de presse à Genève. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) établit pour sa part une distinction entre les personnes fuyant les combats et de possibles persécutions en Libye et les migrants économiques qui ont quitté la Tunisie en quête d'un emploi. "Nous avons appelé de nombreuses fois les pays européens à faire preuve de solidarité avec les pays en première ligne, à savoir l'Italie et Malte", a déclaré Andrej Mahecic, du HCR. "Mais nous aimerions souligner le fait que l'essentiel de la crise en Libye est assumée par les pays d'Afrique du Nord, principalement par la Tunisie elle-même, où sont arrivées plus d'un quart de million de personnes, et par l'Egypte et les autres pays de la région", a-t-il dit. Quelque 30.000 civils libyens ont fui leur domicile dans les Montagnes de l'Ouest et se sont réfugiés dans le sud de la Tunisie au cours des trois dernières semaines. La plupart de ces réfugiés sont des Berbères qui veulent échapper aux combats et au bombardement de leur ville ou de leur village, a observé Mahecic. "La grande majorité de ces réfugiés libyens sont accueillis par les communautés locales tunisiennes qui manifestent ainsi une fois de plus leur grande générosité", a-t-il dit. (Reuters)