Séisme, Tsunami, radioactivité, la triple tragédie. les images sont terribles, apocalyptiques. Le samedi 12 mars, au pays du Soleil Levant, on se réveille sur une catastrophe naturelle sans nom. Un séisme de magnitude 9 (récemment corrigé) doublé d'un tsunami d'une puissance foudroyante ravagent le nord-est du pays. Une vague de plus de 10 mètres de haut balaie le littoral, emportant une nuée de villages sur son passage. Aguerris aux caprices de la terre, la population nippone s'arme d'un formidable sang froid. Pourtant, le cataclysme, cette fois ci, ne s'est guère limité à tester la résistance des constructions antisismiques japonaises, réputées comme les plus fiables au monde. La catastrophe, hélas, a eu de fâcheuses ramifications. Trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi ont été ébranlés par la fureur du climat. Les autorités parlent d'abord d'une fausse alerte, on essaie de rassurer une population effrayée par les risques d'irradiation. Mais, alors que le cœur du quatrième réacteur est touché, la comparaison honnie se propage : Tchernobyl. L'évocation est en cela insupportable pour le japon que les mémoires sont à jamais marquées par l'anéantissement en 1945 de Hiroshima et Nagasaki suite au largage d'une bombe H américaine. Les interventions du Premier ministre japonais Naoto Kan sont fréquentes mais lunaires et le message peine à passer. Alors, les populations s'organisent. Tokyo, trop proche de l'épicentre nucléaire de Fukushima est victime d'un exode massif. Prenant acte de la panique générale, les autorités auparavant dans le déni de la gravité de la situation, décident de mettre en place une zone d'isolation de 20 kilomètres de rayon autour de la centrale. La peur de l'atome Dans le même temps, les aides s'organisent. L'Amérique envoie treize navires militaires pour prêter main forte aux opérations de sauvetage. En outre, les Marines en mission à Okinawa sont redéployés vers Honshu pour concourir à leur tour au soutien des populations touchées. L'ONU de son côté dépêche une escouade de spécialistes en catastrophe dans les zones affectés. Effet collatéral de l'incident nucléaire : le débat naissant autour de l'utilité du nucléaire civil. Energie propre est de ce fait, plébiscité par de nombreux pays dans l'ère du tout-écologique, celle-ci a fait l'objet d'une adoption de plus en plus large. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel décrète un moratoire de trois mois sur la prolongation de la durée de vie des réacteurs. En Suisse on décide tout simplement d'interrompre le processus de remplacement de centrales produisant pourtant 40 % de l'électricité nationale. Tandis qu'en France, pays en pointe en matière d'énergie atomique, le son de cloche est moins radical. La directrice d'Areva, (Leader mondial en nucléaire civil) Anne Lauvergeon minimise «Nous ne sommes pas dans la situation de Tchernobyl (...) les réacteurs sont arrêtés mais il faut refroidir les combustibles à l'intérieur». Pour autant, les élus verts n'en démordent pas. Ils profitent de l'argument japonais pour prôner une interdiction définitive de ce mode de production énergétique. Le débat fait rage entre les pros et les anti-nucléaire, alors qu'au Fukushima, le taux de radioactivité aux environs des réacteurs endommagés est dix fois supérieur à la normale et que la traque aux portés disparus perdure. Et, dans se registre, les chiffres sont funestes. On dénombrerait plus de 10000 morts et un nombre incalculable de sinistrés. Une injustice tellurique. Pis, au Japon, un séisme n'arrivant jamais seul, des répliques de magnitude moins élevée devraient continuer à secouer un archipel digne mais manifestement maudit. Réda Dalil