A travers sa nouvelle stratégie, l'ONDA veut se doter d'un nouveau modèle économique. Réalisations et perspectives. Rupture totale avec le passé et management participatif. La recette du nouveau directeur général de l'Office national des aéroports (ONDA), Dalil Guendouz, ne fait pas mystère. Les ingrédients de cette recette sont concoctés dans ce qui est désormais appelé Plan stratégique 2011-2016. Débattu par les cadres de l'Office (le 29 janvier), après avoir reçu l'aval du ministère de l' Equipement et du Transport (le 26 décembre 2010), ce plan vient d'être rendu public (le 1er février). Ceux qui s'attendaient à de grandes révélations, sont restés sur leur faim. D'autant que ce plan ne verse pas dans le détail et se contente de tracer les grands axes, cinq au total. Il est clair en tout cas que la nouvelle stratégie ambitionne de doter l'Office d'une feuille de route qui tranche avec la gestion et le mode de management tant décriés par le passé. D'ailleurs, le Conseil d'administration, tenu fin décembre 2010, s'est enquis des suites managériales données aux remarques et recommandations de la Cour des comptes et de l'IGF (Inspection générale des Finances) et les décisions et actions entreprises dans ce sens. Et pour commencer : la conduite des marchés de l'ONDA. Depuis février 2010, date de la désignation de Dalil Guendouz à la tête de l'Office, le nombre de marchés passés en mode négocié (traduisez de gré à gré) s'est situé à seulement 5,8% de la totalité des marchés. «Ce qui traduit une volonté ferme de retour vertueux et sain à la concurrence et à la transparence d'adjudication des marchés», souligne-t-on auprès de l'Office. Chasse au gaspillage Signe de la rationalisation des dépenses entamée depuis l'arrivée du nouveau directeur général : les charges d'exploitation ont connu une diminution de 9 % par rapport au montant initialement prévu (1,3 milliard dirhams, contre 1,4 milliard dirhams préalablement budgétisés). Certaines rubriques, à prestation égale, ont vu ainsi leurs coûts réduits de moitié. Ses performances traduisent les efforts du comité de rationalisation des coûts, nouvellement institué. Impliquer les cadres de l'Office dans la conception et l'élaboration de la nouvelle stratégie est aussi un leitmotiv ayant guidé l'action du nouveau directeur général. «La nouvelle stratégie est le fruit de la réflexion de tous puisqu'elle a été élaborée dans le cadre d'un processus participatif», avait laissé entendre M. Guendouz lors de la présentation de cette stratégie au début du mois de février à Casablanca. En plus du comité de rationalisation des coûts, M. Guendouz a aussi mis en place un comité des investissements devant superviser les projets retenus et évaluer leur état d'avancement, aussi bien technique que financier. La maîtrise du rapport coût/délai des projets engagés par l'Office a été particulièrement pointée du doigt par les limiers de la Cour des comptes. M. Guendouz en a retenu la leçon. La nouvelle vision prônée par le DG place le client (compagnies aériennes et passagers) au cœur des préoccupations de l'Office. Objectif : atteindre un taux de satisfaction client de 80% pour l'ensemble des prestations aéroportuaires. Un défi qui ne saurait être relevé que dans le cadre d'une approche collective. M. Guendouz compte ainsi intégrer ses différents partenaires (douanes, polices, prestataires de service, etc.) dans une démarche fédératrice de qualité globale. La nouvelle stratégie se donne aussi pour objectif d'améliorer les performances de l'Office, dans la mesure où il faudrait passer d'une logique d'opérateur technique à une logique d'entreprise. Dans cette perspective, le nouveau patron de l'Office des aéroports peut déjà se targuer d'une série de réalisations encourageantes. En effet, l'exercice 2010 s'est distingué par des clignotants presque tous au vert. Hormis le trafic du fret, qui accuse une baisse de 6% (contenu à 55 000 t), les autres indicateurs se sont bien comportés : +15% pour le trafic passager (15,6 millions de voyageurs), + 9% pour le résultat d'exploitation et +7,4% pour la capacité d'autofinancement. Dans la foulée, le chiffre d'affaires a culminé à 2,6 milliards de dirhams, en hausse de 9,2% par rapport à l'exercice 2009. Fort de ces réalisations, l'ONDA prévoit d'investir près de 2 milliards de dirhams pour l'exercice en cours. Relais de croissance Assurer la pérennité de la croissance est un souci majeur qui se dégage à la lecture du plan stratégique 2011-2016. Pour ce faire, l'équipe de M.Guendouz devra puiser dans de nouvelles sources de croissance, comme la capacité de diversifier le portefeuille d'activités tout en assurant une gestion maîtrisée des risques. En attendant, les redevances aéroportuaires constituent aujourd'hui 85% du chiffre d'affaires (CA). Le développement de nouvelles activités (non encore arrêtées) devra booster la part des recettes extra-aéroportuaires pour la porter à 25% du CA, au lieu de 15% actuellement. Dans cette perspective, l'Office cherche à s'ouvrir davantage à l'international et il a vraisemblablement les yeux rivés vers le Sud où il cherche à exporter son savoir-faire et son expertise. Le développement des parcs d'activité et des prestations de service à haute valeur ajoutée cadrent également avec le nouveau modèle économique que l'ONDA cherche à promouvoir. La signature récemment d'un partenariat avec l'équipementier aéronautique Ratier Figeac, filiale du groupe américain Hamilton-Sundstrand, pour l'implantation d'une usine dédiée à l'assemblage des équipements de cockpit et de cabine de haute technologie au sein de la Technopole de Nouasser s'inscrit dans le droit fil de cette volonté de diversification du portefeuille d'activité. Il s'agit d'une «refonte profonde du modèle économique de l'entreprise et de l'appropriation de nouvelles opportunités, à côté des métiers aéroportuaires, pour pouvoir diversifier à terme les sources de revenus de l'ONDA, en se prémunissant des grands aléas pour assurer la pérennité à notre office, à nos métiers, à nos actions», avait souligné M. Guendouz à l'adresse de 450 cadres présents à la convention annuelle tenue le 29 janvier à Skhirat. En quête de compétitivité Et pour être dans l'aire du temps, la nouvelle stratégie n'a pas omis de prendre en considération la dimension régionale comme facteur de compétitivité. Dans ce sens, il est prévu de procéder à un accompagnement ciblé des stratégies sectorielles nationales. Ce qui passe notamment par le renforcement du rôle des aéroports comme acteur de développement régional, en augmentant leur capacité notamment de fret. Le dernier axe sur lequel repose la nouvelle vision stratégique est celui de la sûreté et sécurité. L'ONDA cherche à se conformer aux impératifs en la matière (homologation et certification des aérodromes) dans un contexte de renforcement des exigences réglementaires nationales et internationales. Du pain sur la planche. Said El Hadini