L'armée égyptienne a pris jeudi l'initiative politique au Caire alors que la démission imminente du président Hosni Moubarak, réclamée depuis dix-sept jours par l'opposition, semblait de plus en plus probable. Selon la chaîne de télévision Al Arabia, Moubarak s'est rendu avec le chef d'état-major de l'armée dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud de la péninsule du Sinaï. Le Conseil supérieur des forces armées s'est réuni dans la capitale et a décidé de siéger en permanence pour "répondre aux demandes" des manifestants rassemblés depuis le 25 janvier place Tahrir, épicentre de la contestation dans le centre du Caire. Un officier supérieur, Hassan al Roweny, s'est rendu sur la place et a solennellement déclaré aux manifestants que tout ce qu'ils souhaitaient allait "se réaliser." Il a été acclamé aux cris de "Le régime est tombé!", a rapporté un journaliste de Reuters sur place. Le Premier ministre égyptien Ahmed Chafik a déclaré pour sa part à la BBC que le président Moubarak pourrait démissionner. La situation sera rapidement clarifiée, a ajouté le chef du gouvernement. Mais à la télévision égyptienne, il a tenu a préciser que le raïs était toujours en poste et conservait tous ses pouvoirs, ajoutant que le dialogue national se poursuivait. Prié de dire si le raïs allait démissionner, un responsable proche du gouvernement égyptien a répondu: "très probablement". DEMISSION DANS LA SOIREE ? Le directeur de la CIA, les services secrets américains, Leon Panetta, a jugé pour sa part que le raïs allait probablement quitter le pouvoir dans la soirée. D'après NBC également, Moubarak démissionnerait dans la soirée. Le ministre égyptien de l'Information, Anas el Fekky, a dénoncé quant à lui les "rumeurs propagées par les médias". "Le président ne démissionne pas", a-t-il assuré. Un autre responsable a dit que le raïs négociait toujours pour savoir s'il allait déléguer ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane. Le nouveau secrétaire général du Parti national démocrate (PND, au pouvoir), Hossam Badraoui, a jugé que Moubarak devait "laisser la place". Interrogé par la BBC, il a dit s'attendre à ce que le président s'adresse à la nation avant la fin de la journée. La chaîne de télévision américaine CNN rapporte que le raïs va renoncer à ses fonctions de chef des forces armées. Moubarak ne figure d'ailleurs pas au sein du Conseil supérieur, qui est présidé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui. Le vice-président Souleimane ne fait pas non plus partie du Conseil, précise la télévision publique égyptienne. "Le Conseil supérieur des forces armées a tenu aujourd'hui une réunion sous la direction de Hussein Tantaoui, chef des forces armées et ministre de la Défense, pour examiner les mesures nécessaires à prendre pour protéger la nation, les acquis qu'elle a obtenus et les aspirations du peuple", rapporte l'agence de presse Mena. "Le Conseil a décidé de siéger en permanence afin de voir les mesures à prendre dans ce but", ajoute-t-elle. (Reuters)