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Tout sur la finance alternative
Publié dans Le temps le 17 - 01 - 2011

Trois ans après l'aval de Bank al Maghrib (BAM), les transactions relatives aux produits alternatifs n'ont pas dépassé les 200 millions de dirhams.
La finance islamique peine à se faire une place dans le paysage financier national, alors qu'elle représente un potentiel inestimable et la demande existe bel et bien. Sous d'autres cieux, du Japon à la Grande- Bretagne en passant par la Malaisie ou les pays du Golfe, les produits bancaires conformes à la chariaâ font un tabac, et attirent de plus en plus d'adeptes, sous l'effet notamment de la crise financière internationale. Des institutions et autres centres prodiguant des formations dans cette discipline ont poussé un peu partout en Europe (en France et en Angleterre notamment). Aujourd'hui, le marché mondial de la finance islamique pèse un mille milliard de dollars avec une progression annuelle de 25%. Au Maroc, en revanche, on tergiverse toujours, hésitant même sur l'appellation finance islamique, lui préférant plutôt «produits alternatifs». C'est dire que le chemin est encore long pour asseoir les bases d'une véritable industrie de la finance islamique.
Iniquité fiscale
Trois ans après l'autorisation de BAM pour les banques de la place à commercialiser des produits alternatifs, l'engouement des clients n'est toujours pas au rendez- vous. Tout d'abord, ces produits se sont vite révélés très chers par rapport aux produits bancaires classiques, à cause de leur traitement fiscal et de la double imposition dont ils faisaient l'objet. Bien que persiste encore un droit d'enregistrement de 1% auprès de la Conservation foncière qui continue à grever les coûts, les produits alternatifs sont devenus un peu plus compétitifs par rapport aux produits classiques. La Loi de finances 2010 a en effet réussi à instaurer une certaine équité fiscale. Ce qui n'a tout de même pas eu raison de la réticence des clients. Qu'est-ce qui bloque alors ? Pas question pour les clients, ayant des convictions conformes aux préceptes de l'islam, de franchir la porte des banques classiques. Attijariwafa bank (AWB) semble avoir trouvé le filon : il faudrait créer carrément une structure dédiée à la finance alternative.
C'est maintenant chose faite avec le lancement depuis juin dernier (en vertu de l'aval de la Banque centrale du 13 mai 2010) de la première société de financement alternatif au Maroc, en l'occurrence Dar Assafaa. Filiale à 100% de AWB, Dar Assafaa a réussi tout récemment à obtenir l'agrément de Bank Al Maghrib pour pouvoir procéder à la collecte de fonds avec, à la clé, ouverture d'un compte et octroi d'une carte de retrait et de paiement. «En plus du besoin de financement, le lancement de la collecte des dépôts est venu répondre à une demande pressante de nos clients qui ont besoin d'une nouvelle formule pour épargner leur argent», estime Nour Eddine Cherkani, président du directoire de Dar Assafaa.
Alors que son capital social (de 50 millions de dirhams) est aujourd'hui totalement consommé, Dar Assafaa serait à la recherche de sources de financement pérennes. Pour ce faire, elle envisage de recourir au contrat moudaraba avec sa maison- mère AWB. Celle-ci apporte le capital et Dar Assafaa l'expertise et le savoir faire. Dans ce type de contrat, le propriétaire du capital (rabo al mal) accepte autant le profit que la perte. «Et c'est une première que AWB daigne accepter un contrat de type moudaraba, donc l'éventualité de perte», se réjouit M. Cherkani. Dar Assafa peut également faire appel aux sukuks (instrument de financement de type obligations). «Nous souhaitons vivement que les entreprises développent les soukuks, comme l'OCP le fait d'ailleurs, pour qu'on puisse y souscrire», souligne le patron de Dar Assafaa.
100 MDH
En quelques mois d'activité, la filiale de AWB est parvenue à distribuer, via son réseau de neuf agences éparpillées dans les grandes villes du royaume, un volume de crédit de l'ordre de 100 millions de dirhams. Les transactions ont concerné pour l'essentiel des crédits immobiliers (acquisition d'un local commercial, d'un bureau ou d'un logement). Les crédits à la consommation demeurent très peu prisés par les clients. Ces derniers appartiennent, selon les dires de M. Cherkani, à différentes catégories socio-professionnelles (enseignants, commerçants, professions libérales, etc).
Aujourd'hui, c'est un nouveau virage que la filiale d'AWB entame avec le lancement de la collecte de dépôts. Reste à savoir si elle parviendra à susciter l'enthousiasme des clients. En attendant, il est clair aujourd'hui que la finance islamique représente une bouffée d'oxygène pour mobiliser davantage d'épargne (surtout de long terme, dont le Maroc a grandement besoin pour financer ses différents plans sectoriels), mais aussi et surtout améliorer l'accès de la population aux produits bancaires dans une société où le taux de bancarisation ne dépasse guère les 40%. Conscient de cet état de fait, les autorités monétaires du pays semblent vouloir procéder par paliers, ne voulant sûrement pas bousculer l'ordre établi. Lors d'une intervention au centre Links, le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri aurait laissé entendre que l'Institut d'émission recevait une pluie de demandes d'agréments émanant de plusieurs pays du Golfe. «Accorder à Untel et non à Untel aurait pu créer des problèmes politiques. C'est pour cela que nous avons jugé bon d'ouvrir plutôt des fenêtres consacrées aux produits alternatifs dans les différents guichets des banques classiques», avait-il souligné. Une approche qui n'a sans doute pas été concluante, à en juger par le volume des transactions jusque là traitées et qui ne dépassent guère les 200 millions de dirhams. Epsilon.
Said El Hadini
Dar Assafaa est présentée comme la fenêtre islamique de Attijariwafa bank. Le point avec
le président de son directoire.
«Dar Assafaa, une banque à part entière»
Avec le lancement de l'activité de collecte de dépôts, peut-on affirmer que Dar Assafaa est aujourd'hui une banque à part entière ?
Non pas du tout. Dar Assafaa est une filiale à 100% du Groupe Attijariwafa bank. A Dar Assafaa, nous avons jugé bon de procéder à l'ouverture d'une fenêtre sur Attijariwafa bank. L'objectif étant de pouvoir collecter les fonds pour le compte de Attijariwafa bank, qui va les réaffecter dans des investissements conformes à la finance alternative. Vous comprenez alors aisément qu'il ne s'agit que d'une fenêtre que nous avons ouverte entre les deux structures, si bien qu'elle s'inspire largement de la finance islamique… je veux dire alternative.
Pourquoi insistez vous davantage sur la notion de «finance alternative» plutôt que «finance islamique» ?
Parce que tout simplement c'est la notion utilisée aujourd'hui par les autorités monétaires, à savoir Bank Al Maghrib. D'ailleurs, quand on parle de finance islamique cela sous-entend la finance alternative.
Pensez-vous qu'au Maroc la demande pour ce genre de produits bancaires alternatifs au financement classique existe ? Si oui, quels sont les autres produits que vous allez commercialiser très prochainement ?
Je pense qu'effectivement au Maroc le marché de la finance alternative est prometteur. Certes, c'est un marché de niches qu'il faut aller explorer, chercher d'abord ses clients et les convaincre par la suite pour pouvoir les attirer et les fidéliser. Pour la seconde partie de votre question, je pense que notre offre de produits et services sera incontestablement enrichie dans les mois qui viennent. Dans l'état actuel des choses, il est très difficile, voire impossible, de lancer le produit Moucharaka, qui demande beaucoup de transparence et de savoir- faire. Dans le monde, ce produit ne représente d'ailleurs que 10% des transactions. Nous espérons continuer à innover et à proposer des produits nouveaux (comme Ijara ou Iktinaa) ce qui d'ailleurs cadre avec notre orientation stratégique.
Propos recueillis par S.E.H
Lexique
La loi islamique appliquée dans le secteur de la finance repose sur quatre principes fondamentaux :
• Absence de Riba ou intérêt et usure
• Absence de Gharar et de Maysir ou incertitude et spéculation
• Absence de Haram ou produits illicites selon la loi coranique
• Principe solidaire de l'obligation de partages des profits et des pertes
Les opérations les plus courantes sont :
• Murabaha : La banque achète un bien pour le compte d'un client puis le lui revend avec une marge de bénéfice définie à l'avance.
• Mudaraba : partenariat d'investissement, dans lequel le capital est intégralement fourni par la banque tandis que l'autre partie assure la gestion du projet. Les bénéfices sont partagés selon une clé de répartition fixée au préalable et les pertes éventuelles sont supportées par l'investisseur.
• Musharaka : partenariat d'investissement dans lequel les conditions de partage des profits sont prédéfinies et les pertes sont proportionnelles au montant investi. C'est une forme de capital-investissement.
• Ijara : contrat de crédit-bail au terme duquel la banque achète un bien pour un client puis le loue en crédit-bail pour une période déterminée.
• Ijara-wa-Iqtina : Similaire à l'Ijara, à cette différence près que le client a la possibilité d'acheter le bien à la fin du contrat.
• Sukuk : similaire à une obligation adossée à un actif, le Sukuk est un billet de trésorerie qui confère à l'investisseur une part de propriété dans un actif sous-jacent en lui assurant un revenu à ce titre. Le Sukuk est généralement émis par des entreprises, certaines institutions financières et des Etats souverains.


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