Pour poursuivre son plan de déveleppoment, Risma vient de lancer une opération d'ORA sur le marché financier. Aujourd'hui, vous sollicitez le marché à travers l'émission de 3,46 millions d'obligations, à 100 DH chacune, remboursables en actions (ORA). Pourquoi le choix de ce mode d'émission et quels sont les détails de cette opération ? A.G : L'ORA est un produit hybride. Dans une première phase, l'ORA se comporte comme une obligation mais une fois qu'elle est remboursée, elle devient automatiquement une action. Ce n'est pas comme l'OCA (obligation convertible en action) où vous avez la possibilité de reprendre votre investissement initial en argent ou le convertir en actions. Pour cette opération, durant la première phase, l'ORA rapporte un coupon de 5,5% et une fois convertie en action, nous allons distribuer des dividendes. Le choix pour ce modèle d'émissions est dû à un souci de distribution d'un dividende garanti aux actionnaires. La durée de détention de l'ORA est de 2 ans et 9 mois, donc cela nous ramène à septembre 2012, juste avant le début de maturité du groupe et l'avantage de l'ORA est de garantir une rentabilité pendant cette période. Par ailleurs, quand l'obligation est convertie en action, il y aura une décote de 15% par rapport au prix de l'action sur le marché. Donc, si on additionne le prix de 15% sur presque trois ans en plus des 5,5% par an de rendement de l'obligation ORA, on aura un taux de 10% annuel garanti. Pour les personnes qui veulent convertir plus tôt leurs obligations en actions, deux fenêtres ont été prévues et ce, en juin 2011 et juin 2012. Cependant, l'ORA n'est pas connue au Maroc et on espère montrer, grâce à cette opération, les avantages de ce type d'émission. Un produit hybride qui allie les avantages d'une obligation et ceux d'une action et qui est particulièrement adapté aux sociétés qui se développent mais qui traversent une phase d'investissement qui implique une longue distribution de dividendes. Quel sera votre plan de croissance une fois les fonds levés ? A.G : Notre plan d'investissement est déjà préétabli. Il est de l'ordre de 1,6 MdDH d'ici à 2013. Sur ce montant, 400 MDH ont été utilisés pour la construction d'hôtels. Donc il reste 1,2 MdDH pour terminer la construction des hôtels Sofitel de Casablanca, Sofitel Atlantic d'Agadir, Ibis de Tanger ainsi que la rénovation du Sofitel de Marrakech, puis la construction de 8 Etap Hotels dont les premiers travaux ont déjà commencé et la première ouverture se fera à Tanger. Il y aura également un Ibis à Casablanca et un autre à Rabat et un Novotel à Casablanca. Le montant de 1,2 MdDH sera financé en partie par cette levée de fonds, par le cash-flow généré par l'entreprise et également par le financement bancaire mais tout en respectant un rapport equity/dette raisonnable (60% pour la dette et 40% pour l'equity). M.T : Par rapport à la physionomie de cet investissement, la majeure partie des investissements des hôtels Sofitel est déjà terminée et on est en phase de livraison. Par contre, la chaîne économique Etap Hotels concentrera une bonne partie de notre plan de croissance. L'objectif est de construire à moyen terme huit hôtels pour arriver à un réseau de 20 hôtels de type Etap. En parallèle, nous allons compléter le maillage territorial d'Ibis. Quel est votre sentiment par rapport à la réussite de cette levée de fonds ? M.T : Nous somme sereins quant à une rapide souscription de la totalité des obligations. Au-delà de la levée de fonds, cette opération sera une occasion de réexpliquer la stratégie de Risma. Nous avons, en effet, souffert de la non-lisibilité de Risma et ça serait donc une occasion pour parler de notre plan de développement. D'ailleurs l'image de Risma est encore diffuse. C'est quoi Risma aujourd'hui et combien pèse-t-elle ? A.G : Risma est une société d'investissement. Elle est formée à hauteur de 65% par des actionnaires marocains et principalement des institutionnels et 35% par le groupe Accor. Maintenant, Risma a sa structure financière, administrative et celle du suivi du développement et de construction. Ces structures étaient avant sous-traitées à AGM (Accor Gestion Maroc) et donc il y avait une confusion. Risma s'est fixé comme objectif de constituer une chaîne présente sur tout le territoire marocain et avec des enseignes qui vont du luxe (Sofitel) jusqu'à l'économique (Etap Hotel) totalisant une taille comprise entre 5 000 et 6 000 chambres. Cette ambition implique des efforts d'investissements exceptionnels. On investissait l'équivalent de ce qu'on a investi l'année précédente et par conséquent ceci impliquait des frais financiers et des amortissements importants. Ces charges ont eu pour conséquence une rentabilité moindre. Donc il fallait sacrifier le court terme au profit du long terme. M.T : Actuellement, l'activité d'exploitation des hôtels est très rentable. Ce qui pèse, c'est le développement et la construction des nouveaux hôtels. Par rapport à la valorisation de Risma, notre objectif est de doubler de chiffre d'affaires à l'horizon 2014 pour arriver à un milliard de dirhams, ainsi qu'un résultat net de 250 MDH et un excédent brut d'exploitation (EBE) d'environ 500 MDH. Ceci nous permettra de distribuer des dividendes et de réaliser un développement maîtrisé notamment dans l'hôtellerie économique. Quel est votre business model ? M.T : Notre business model est équilibré. Au départ, nous étions positionnés sur le segment «loisirs». Maintenant, nous nous somme ouverts sur d'autres segments. La clientèle d'affaires représente, par exemple, une part importante dans le chiffre d'affaires du groupe. Outre notre diversification, Risma se positionne en tant qu'entreprise qui met en avant des marques bien étudiées dans une relation directe avec le client tout en exploitant davantage Internet et les tours opérateurs. Sur un autre critère, nous sommes sur une répartition du chiffre d'affaires équilibrée géographiquement avec une focalisation notamment sur les villes de Casablanca, Rabat et Tanger. A.G : Effectivement, notre business model est très diversifié. Cette segmentation de clientèle et cette répartition géographique équilibrée permettront à Risma de faire face aux aléas conjoncturels. Par exemple, si le tourisme d'affaires fait défaut, le segment luxe va compenser et si une région subit une baisse d'activité, les autres régions neutraliseront cette baisse. Le départ de M. Gilles Pelisson, PDG d'Accor Monde, aura-t-il des incidences sur les orientations stratégiques du groupe au Maroc ? A.G : Pas du tout ! Récemment, j'ai rencontré les responsables d'Accor et ils m'ont reconfirmé leur totale conviction pour les potentialités du marché marocain. Ils continueront à être présents, à investir et à nous accompagner. D'ailleurs, le président du conseil de surveillance, qui est l'un des deux fondateurs du groupe, à savoir Gérard Pellisson, reste notre président du Conseil de surveillance. Propos recueillis par Abdelkhalek Zyne et Mohamed Amine Hafidi