Depuis les USA, le prix Goncourt marocain, Tahar Benjelloun, nous répond avec simplicité et franchise. L'une des plus belles plumes du royaume, Tahar Benjelloun, sera au centre d'une rencontre littéraire organisée prochainement à la Villa des arts de Casablanca. Prévue pour le 10 novembre, ce sera l'occasion de revenir sur les grandes étapes de son œuvre littéraire et de sa vie d'écrivain. Avec la présence de Kacem Basfao, professeur, chercheur et critique littéraire marocain, cette rencontre aura tous les ingrédients nécessaires pour se dérouler dans les meilleures conditions et pour être l'un des moments culturels forts de l'année 2010. Tahar Ben Jelloun est un écrivain et poète franco-marocain de langue française, né à Fès un 1er décembre 1944. Il est l'écrivain francophone le plus traduit dans le monde, notamment grâce à L'Enfant de sable (Editions Le Seuil 1985) et La nuit sacrée, Prix Goncourt 1985, tous deux traduits en quarante-trois langues. En voyage aux Etats-Unis, Tahar Benjelloun a bien voulu répondre aux questions du Temps. «L'objectif de cette rencontre est la célébration de la poésie. C'est important en ces temps de tumulte et de matérialisme sauvage qu'on revienne à la poésie, qu'on écoute les poètes et qu'on leur rende hommage. Je serai un humble porteur de cet espoir pour que la poésie ne nous abandonne pas», nous dit-il. Plutôt poète… Il faut en déduire que cet auteur, dans sa vie et sa carrière, accorde une importance particulière à sa vocation de poète. D'ailleurs, le Prix de «Bayt Achiîr» (Maison de poésie) du Maroc, dénommé prix «Argana», lui sera décerné le 13 décembre au Théâtre national Mohamed V. Au sujet des auteurs qui ont inspiré Tahar Benjelloun, l'écrivain et poète nous apprend: «Mes auteurs préférés sont de plusieurs pays : Cervantès, l'auteur de Don Quichote ; J.L.Borges, l'argentin ; James Joyce, l'auteur d'Ulysse ; Mahmoud Darwish, le grand poète palestinien ; et puis il faut ajouter l'Américain William Faulkner, Juan Rulfo (Mexique) et bien sûr Jean Genet auquel je viens de consacrer un livre». Mais il faut savoir que l'écrivain sait aussi garder les pieds sur terre et témoigne d'une grande modestie. Ainsi, il n'y a pas d'ouvrage particulier qui lui inspire de la fierté. «Je ne suis fier de rien. Je fais mon travail selon les exigences de la rigueur et de la sincérité. Je n'aime pas les auteurs qui s'auto-promeuvent, qui se mettent en avant. J'ai appris de Jean Genet l'humilité et l'exigence du travail bien fait». Un côté «féministe» est à découvrir en cet auteur. En effet, questionné au sujet de son avis sur les auteurs marocains, Tahar Benjelloun nous confie : «Je ne connais pas tous les auteurs marocains. J'en lis quelques uns et j'essaie de me tenir au courant. Ce qui est important, c'est le fait que de plus en plus de femmes prennent la plume pour s'exprimer. Je sais qu'au Maroc ce sont les femmes qui font bouger les choses, parfois discrètement, mais elles écrivent, agissent, prennent la société civile en main. Je tiens à leur rendre hommage».Tahar Benjelloun vit actuellement à Paris avec sa femme et ses enfants auxquels il a parfois dédié des ouvrages («Le racisme expliqué à ma fille» en 1997 s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires). Amerhoun Amine