Les polémiques sont les bienvenues, pas les insultes et les coups bas... Franchement, à quoi rime cette joute médiatique, vindicative à souhait, abominable qui oppose désormais les différents journaux de la place ? Quel intérêt pour le lecteur de savoir qu'un tel patron de presse habite dans une villa, que l'autre paie ou pas les cotisations sociales de ses salariés, qu'un ancien rédacteur en chef a quitté son journal en mauvais termes … ? Est-ce cela notre métier, nous les journalistes en 2010? S'insulter à longueur de colonnes et régler nos comptes personnels et professionnels via des coups bas, des entrefilets perfides anonymes et des éditos haineux et revanchards ? Où est l'enrichissement intellectuel dans tout cela ? et du débat démocratique dans notre pays avec tous les dossiers politiques, économiques et sociaux mis à l'ordre du jour ? Est-il imaginable qu'en France par exemple, le rédacteur de chef du Monde insulte quotidiennement le patron de la rédaction du Figaro, et vice-versa, en prenant les lecteurs en otage? Mais où va-t-on ? Avons-nous conscience qu'en procédant ainsi, nous dégoûtons davantage chaque jour le petit nombre de lecteurs que nous avons dans ce pays ? Les plus avertis d'entre eux ont divorcé depuis longtemps avec la presse écrite nationale. Ils trouvent leur bonheur intellectuel ailleurs : dans les magazines étrangers, les chaînes TV d'informations en continu et les sites Internet. Inconscients, nous nous regardons le nombril tout en creusant notre tombe. Tout naturellement, les polémiques sont les bienvenues dans la presse. Elles sont le sel du métier et le débat est un exercice salutaire qui interpelle l'esprit, en sollicitant l'argumentation logique, la preuve et le raisonnement qui tient la route. Or, le spectacle donné par certains éditorialistes censés être des leaders d'opinion responsables qui éclairent le lectorat, est absolument affligeant : diffamation, insultes et choc des égos. Bref, l'image d'une presse sous-développée, tribale, digne des sociétés archaïques. Ce cri de colère est d'autant plus fort que nous sommes une corporation qui n'a pas honte de jouer les donneurs de leçons face au reste du pays. Des plus hautes instances de l'Etat jusqu'aux partis politiques en passant par l'administration et le secteur privé, rien ne trouve grâce à nos yeux. Alors, justement, pitié ! Un peu de retenue et tournons la page de ces guéguerres. Ça suffit ! Abdelkhalek ZYNE