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Le fiasco de Kounouz Biladi
Publié dans Le temps le 17 - 09 - 2010

Les Marocains sont déçus par la «campagne mensongère» sur les prix des hôtels. Retour sur un fiasco nommé : Kounouz Biladi !
Le ramadan approche et les arrivées des touristes étrangers risquent de fondre comme neige au soleil. Solution : Le tourisme interne.
En effet, depuis les répercussions de la crise internationale sur le tourisme marocain, nos ministres ne cessent de dénicher des relais de croissance susceptibles de pallier ce manque de rentrées de devises pour l'économie marocaine.
Dernière innovation en date : Kounouz Biladi. Le fameux programme initié par l'ONMT (Office National Marocain du tourisme) en 2003 et qui a fait beaucoup parler de lui –négativement-. Chaque année, l'opération arrive avec du renouveau et ce depuis 7 ans déjà. On relooke le programme, on l'étend sur tout le territoire marocain, on courtise les professionnels et on mène des campagnes de communication agressives. Le bilan de l'année écoulée est plus morose que celui de la précédente. Pourquoi Kounouz Biladi peine t-il à se frayer un chemin ? Et pourquoi nos ministres du Tourisme échouent t-ils à réhabiliter le tourisme interne qu'on mis sous les feux des projecteurs une fois la crise installée ?
Ici ou ailleurs ?
Kawtar, cadre dans une banque, vient de prendre son congé. Elle hésite entre un voyage à l'étranger ou un voyage au Maroc. Adepte des séries turques, elle succombe aux offres alléchantes pour cette destination. «De plus en plus de Marocains optent pour des packages à destination de la Turquie, la Tunisie, l'Egypte ou même la Thaïlande. La Turquie par exemple connaît un engouement particulier. Vous pouvez par exemple profiter d'un séjour de 8 jours en pension complète dans un hôtel 4 étoiles à seulement 6 000 DH !», commente un responsable billetterie d'une agence de voyage à Casablanca. Et pourtant, le tourisme national pourra jouir d'un tel engouement, preuve en est les sites naturels ou culturels peu appréciés par les touristes marocains. Chez Marisar Travel, un tour opérateur de Rabat, le déclic a été trouvé et ce grâce à des offres innovantes. «Nous étions les premiers à offrir des voyages organisés au Maroc. Notre dernière offre comporte un voyage de 11 jours qui commence à Oualidia et s'achève à Merzouga, en passant par Essaouira, Zagoura et Ouarzazate», déclare Sarah Bennour, responsable département tourisme de l'opérateur. Contemplant la lune depuis les bivouacs de Merzouga et découvrant les richesses du sud, le voyageur opte pour cette proposition qui lui revient moins cher qu'un voyage en Turquie. Budget : 5 500 DH.
Le fiasco !
Un scénario des plus idéalistes pour une industrie touristique toujours en mal d'innovation et de crédibilité. Car, et de l'avis de plusieurs experts, le tourisme interne peine encore à se frayer un chemin dans le paysage touristique marocain. Kounouz Biladi, dont l'objectif est de booster le tourisme interne tergiverse encore et n'arrive pas à décoller. «Quand je contacte un hôtel partenaire du programme pour une réservation, ils répondent qu'il n'y a pas de chambre libre ou bien les prix déclarés ne correspondent en rien à ceux affichés sur le site de Kounouz Biladi», s'alarme ce père de famille qui voit dans ce programme une véritable arnaque. De plus, les agences de voyages n'offrent pas de séjour dans les hôtels affiliés au-dit programme à cause d'une marge bénéficiaire «modique» de 50 DH par réservation. On se souvient tous de l'espoir suscité à l'annonce de ce programme destiné à une population à revenus moyens. En effet, les avantages sont principalement d'ordre pécuniaire. Ainsi, une chambre d'hôtel 2 étoiles coûtera 260 DH TTC avec petit-déjeuner, pour ce qui est des hôtels 3 étoiles, le prix est de 360 DH et de 560 DH pour les hôtels 4 étoiles. Quand il s'agit d'un hôtel 5 étoiles, une réduction de 60% est opérée. «Les attentes ont tourné au fiasco. La non-transparence des professionnels conjuguée à un manque de contrôle des autorités ont entériné l'échec de ce programme», déclare un professionnel de la place. Résultat : 170 établissements hôteliers participeront à l'édition 2010 qui a commencé le 21 juin contre 240 l'année dernière. L'opération 2010 concernera tout le territoire marocain et prendra fin le 31 décembre. Mais en réalité, la grande majorité des hôtels affiliés ne sont installés que dans quatre villes, à savoir 32 établissements à Ouarzazate, 31 à Agadir, 30 à Marrakech et 16 à Casablanca.
Mal structurel…
Si le tourisme interne tarde à prendre son envol, c'est aussi à cause de problèmes structurels. Car au-delà des hôteliers qui n'honorent pas leurs engagements par rapport à l'offre annoncée, c'est toute une industrie touristique intégrée qui tarde à voir le jour pour un marché interne qui représente plus de 3,2 millions de nuitées par an, soit 20% de celles réalisées par les touristes étrangers et les MRE. Le ministère du Tourisme qui a initié l'opération Kounouz Biladi en 2003 en partenariat avec l'ONMT avait prédit une recrudescence des nuitées pour le tourisme marocain. Il s'était basé sur le facteur de masse. Selon le département du Tourisme, les agences de voyage marocaines auront la possibilité, grâce à ce programme, de faire des réservations en masse, ce qui aura une incidence favorable sur les prix pour le plus grand bonheur des Marocains. Ces derniers en effet prétendaient qu'ils étaient biaisés : Les touristes étrangers viennent via des tour-opérateurs intégrés qui réservent les chambres en gros et sur toute l'année, ce qui leur permet de bénéficier de prix très intéressants. Dans la foulée, le ministère n'a pas pris en compte la marge bénéficiaire avoisinant les 50 DH par réservation qui n'encourageait guère les agences de voyages marocaines à proposer ces services et à se concentrer sur le Maroc. De surcroît, les hôtels se frottent les mains quand il s'agit de touristes étrangers auxquels ils facturent des chambres nettement plus chères que s'ils optaient pour ce programme. Résultat : Kounouz Biladi s'avère un vrai fiasco !
En parallèle des agences de voyages et établissements qui refusent d'adhérer à un tel programme, le secteur informel serait mis à mal si l'opération s'avérait un succès. Le bonheur des uns faisant le malheur des autres. «Des centaines de familles louent des chambres à Assilah et Essaouira par exemple pour les touristes marocains à des prix très intéressants. L'été est pour eux une vraie bouffée d'oxygène pour leur revenu. Si les hôtels baissent leurs tarifs cela compromettra leurs finances et leur quotidien.», commente un sociologue. De même, la société marocaine est habituée à passer les vacances en famille. «Qui n'as pas connu un séjour chez une tante à Tétouan ou chez d'anciens voisins installés à Agadir ?», remarque ce sociologue. Selon lui, la société marocaine a revenus moyens ou modestes, principale cible de l'opération Kounouz Biladi, n'est pas habituée aux hôtels et préfèrent passer par le circuit informel.
Conception du produit «Kounouz Biladi» inadapté à la demande ou offre insuffisante et incapable de suivre la volonté gouvernementale, ce qui est sûr, selon nombre de professionnels, l'opération 2010 fera encore des remous. A l'exemple de Kawtar, notre cadre bancaire, plusieurs Marocains préfèrent trancher pour un séjour en Egypte ou en Turquie au grand «dam» d'un relais de croissance pour le tourisme marocain. A vos valises !
Mohamed Amine Hafidi


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