Londres- L'importante conférence tenue cette semaine à Rabat sur "la sécurité euro-méditerranéenne, perspectives maroco-britanniques", a été l'occasion de conforter le Maroc dans son rôle clef en tant que pole de stabilité dans la région. Organisée à l'initiative de l'ambassadeur de SM le Roi au Royaume-Uni, Chrifa Lalla Joumala Alaoui, cette conférence, présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taïb Fassi-Fihri, demeure en soi un nouveau témoignage du poids du Maroc dans une région hautement sensible. Le calibre des personnalités et des experts internationaux qui ont assisté aux travaux de la conférence ainsi que la qualité des débats engagés soulignent la pertinence du thème choisi. Les questions, passées au peigne fin dans le cadre de plusieurs panels, restent d'actualité dans une région ou les partenaires sérieux comme le Maroc et le Royaume-Uni et avec eux l'Union européenne s'activent à bâtir un véritable espace commun de dialogue, d'échange et de prospérité loin de toute tendance d'exclusion fondée sur des calculs aussi étriqués que dépassés. Le Maroc ou la voix de la raison La vocation du Maroc en tant que pays de modération et d'ouverture attaché aux vertus du dialogue et de la tolérance a été mise en exergue par plusieurs invités de marque qui ont fait le déplacement à Rabat. La Baronne Symons de Vernham Dean, membre de la chambre des Lords et ancien ministre au Foreign Office chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique a éloquemment fait un tel constat en qualifiant le Royaume de "voix de la modération" dans la région. Cette importante position qu'occupe le Maroc le place en pole position pour se présenter comme un partenaire non seulement valable mais incontournable dans toute initiative régionale ou internationale pour la stabilité et le développement du bassin méditerranéen. "Le Maroc est un pays extrêmement important" pour le Royaume-Uni, explique dans ce sens l'ambassadeur britannique au Maroc, M. Tim Morris, réaffirmant l'attachement de Londres au renforcement des relations de coopération maroco-britanniques. "Nous considérons le Maroc comme un pays extrêmement important dans la région en termes d'analyse des problèmes et en tant qu'acteur régional clef", a martelé ce diplomate chevronné qui a passé par des postes clefs au sein du Foreign Office avant d'occuper le poste de représentant du Royaume-Uni à Rabat. D'après lui, le domaine sécuritaire demeure l'un des secteurs clefs du partenariat maroco-britannique qui connait depuis le début de 2009 une nouvelle dynamique à la hauteur des relations d'amitié qui lient les deux Royaumes depuis plus de deux siècles. L'initiative d'autonomie de nouveau saluée La conférence de Rabat a été, par ailleurs, l'occasion pour les participants de saluer l'initiative d'autonomie présentée par le Maroc pour un règlement définitif du conflit artificiel crée autour de son intégrité territoriale et qui a déjà été qualifiée de sérieuse et crédible par le Conseil de sécurité de l'Onu. Experts et parlementaires britanniques s'accordent à souligner ce caractère sérieux de cette initiative. Il s'agit d'"une bonne initiative", indique Dr Jonathan Eyal, directeur des études sur la sécurité au sein du think-tank britannique du Royal United Institute (RUSI, basé à Londres). Abondant dans ce sens, Daniel Kawczynski, député conservateur à la chambre des Communes (chambre basse du parlement britannique), a appelé le gouvernement de son pays à soutenir l'initiative, car il s'agit, comme il l'a expliqué, de "proposition juste". Si cette volonté du Maroc d'aller de l'avant en faisant preuve d'esprit de compromis et de réalisme a été saluée à sa juste valeur, les positions figées de l'autre partie, en l'occurrence l'Algérie, ont été dénoncées par des experts dont les analyses font figure de référence dans les domaines des études politiques et stratégiques. "Les Algériens instrumentalisent la question du Sahara pour servir leurs propres intérêts", lance Dr. George Joffé, professeur à l'Université britannique de Cambridge et célèbre expert international en questions nord-africaines. Une telle instrumentalisation "devra se poursuivre jusqu'à ce que des changements importants interviennent en Algérie", argumente l'expert qui suit l'évolution de la situation politique au Maghreb depuis plus de 30 ans. Joffé ne cache pas sa "frustration à cause de l'échec de l'Algérie de répondre favorablement aux initiatives entreprises par le Maroc en vue de trouver une solution à cette question". Efforts soutenus pour des relations plus fécondes Au-delà de l'importance indéniable du débat qu'elle a amorcé, la conférence de Rabat sur les questions de sécurité dans l'espace euro-méditerranéen est venue apporter une preuve supplémentaire de la richesse des relations anglo-marocaines. C'est un rendez-vous qui a eu le mérite de jeter un nouveau regard sur les moyens de renforcer la coopération entre le Maroc et la Grande-Bretagne, estime Dr. Joffé, soulignant que les questions soulevées bénéficient d'un intérêt particulier de la part des gouvernements britannique et marocain. La Conférence a également permis aux parties d'identifier les domaines où elles peuvent travailler ensemble pour le renforcement de la sécurité dans la région euro-méditerranéenne, ajoute-t-il, relevant que cette rencontre marquera sans doute le début d'un dialogue permanent en matière de sécurité entre Rabat et Londres. Du coté officiel britannique, on estime, comme le souligne M. Tim Morris, que "les deux pays disposent d'un très bon cadre pour renforcer leurs échanges économiques et commerciaux". Ces échanges sont désormais mis sur la voie de la dynamisation depuis la 1ère Conférence internationale sur les investissements au Maroc, tenue en novembre dernier à la Mansion House, siège emblématique du Lord Maire de la City (quartier financier de Londres). Cette rencontre, désormais érigée en rendez-vous annuel, a permis d'imprimer une nouvelle cadence au partenariat anglo-marocain, estime la Baronne Symons, expliquant que la conférence, à laquelle avaient participé près de 500 hommes d'affaires, a permis au Maroc de se positionner sur l'agenda des investisseurs britanniques et internationaux.