Pris en étau par la récession et deux guerres en Irak et en Afghanistan, le 44ème président américain trouve quand même le temps de liquider l'héritage Bush. Tour d'horizon des 100 premiers jours de Barack Obama à la Maison Blanche. Debout devant la façade ouest du Capitole en ce mardi 20 janvier, Barack Hussein Obama doit prendre conscience de l'immensité de sa tâche. En chute de son discours d'investiture, “Forty-four” choisit de rappeler à ses concitoyens les phrases du père de la nation. “Qu'il soit dit au monde qui vient… qu'au plus profond de l'hiver, quand seuls l'espoir et la vertu pouvaient survivre… que la ville et le pays, face à un danger commun, ont répondu”. En reprenant ces quelques mots célèbres de George Washington, extraits de “La crise américaine de Thomas Paine (1776)”, le président des Etats-Unis a condensé sa vision. Alors que la crise fait rage, l'Amérique doit puiser dans ses talents et sa foi pour renverser la tendance. Tourné vers le futur, optimiste, Barack Obama a donné l'exemple. Récit, en douze dates, de ses 100 premiers jours. 22 janvier. Pour son premier décret présidentiel, Obama annonce la fermeture du camp de détention de Guantanamo Bay dans l'année. Premier geste fort du nouveau maître de la maison Blanche, l'interdiction de la torture et des techniques d'interrogatoires coercitives, comme le waterboarding, procédé qui simule la noyade et légitimé par les conseillers juridiques de l'administration Bush. Désormais, les interrogatoires devront être menées sans torture. Premiers couacs, après seulement deux semaines “on office”. L'audit des nominés pour la nouvelle administration, révèle des irrégularités fiscales pour Tom Daschle, pressenti comme secrétaire à la Santé, et Nacy Killefer, candidate au poste de contrôleuse du Budget. Le 3 février, ils annoncent leur retrait. À la télévision, Obama avoue “avoir foiré”, mais défend son projet de texte pour la relance de l'économie, débattu au Congress Barack Obama signe, le 17 février l'American Recovery and Reinvestment Act of 2009. Ce plan de relance budgétaire d'un montant record de 787 milliards de dollars, destiné à répondre d'urgence à la crise financière, inclut des réductions d'impôts, des mesures sociales et des dépenses dans les secteurs de l'éducation, de l'assurance-maladie et des infrastructures. Dix jours plus tard, le 26 février, le président révèle sa proposition de budget fédéral pour 2010. Couvrant les dépenses du gouvernement pour la période allant d'octobre 2009 à septembre 2010, le budget projeté creuse le déficit public à 1750 milliards en 2009, le plus profond de l'histoire des Etats-Unis. Rompant avec l'héritage Bush, Barack Obama annonce, le 9 mars, la suppression des règles qui limitaient le financement fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Devant un parterre de parlementaires et de scientifiques, le président promet que son administration “prendra, dans le domaine des sciences, des décisions basées sur des faits et non sur l'idéologie”. Le département de la Justice décide, le 13 mars, l'abandon de la terminologie de “combattant ennemi”, adoptée après le 11 septembre 2001. Le président Obama vient de charger un diplomate de persuader des pays tiers d'accueillir d'anciens détenus de Guantanamo, Symbole de la présidence impériale de George W. Bush, l'appellation excluait de toute protection juridique les personnes détenues dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Barack Obama est la star de l'émission The Tonight Show, le 19 mars. En pleine polémique sur les bonus octroyés aux dirigeants d'AIG, le géant américain de l'assurance qui a reçu plus de 120 milliards de dollars d'aides publiques, Obama veut dédramatiser. Surprise le même soir, dans une vidéo postée sur le site officiel de la Maison Blanche, “Mr. President” souhaite un heureux Nowrouz au peuple iranien. Il avait répété, lors de sa campagne, vouloir mettre le paquet sur la stabilisation de la situation afghane, le nouveau président des Etats-Unis dévoile, le 27 mars, sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan et le voisin Pakistan. Reconnaissant que les deux dossiers sont inséparables, Barack Obama veut obtenir des résultas contre la guérilla des Talibans. Sur un ton solennel, le president Obama adresse, le 30 mars, un ultimatum à General Motors et Chrysler, qui demandent l'aide publique pour surmonter la crise du secteur automobile. Les deux grandes compagnies de Détroit sont invitées à accepter des changements radicaux et rapides. À défaut, Obama explique qu'une mise en liquidation contrôlée pourrait être la meilleure façon de réorganiser les deux géants de l'automobile. Pour sa première grande tournée à l'international, Barack Obama se rend à Londres. Reçu en grandes pompes par la reine Elizabeth II, le couple présidentiel fait sensation. Le sommet du G20, ouvert le 2 avril, est le premier test de la stature diplomatique de l'hôte de la Maison Blanche. En coulisses, Obama joue le pacificateur entre le Premier ministre chinois Hu Jintao et Nicolas Sarkozy, le président français. Le lendemain, le président américain enchaîne sur le sommet de l'OTAN, en France et en Allemagne. Le 5 du même mois, à Prague, il prône une relance du désarmement nucléaire. Toujours plus à l'Est, Obama se rend, le 6 avril, en Turquie. Pour sa première visite présidentielle dans un pays musulman, il multiplie les signaux d'ouverture. Après un dernier discours remarqué à Istanbul, Obama fait un saut à Bagdad. Deux mois et demi après son élection, il rencontre le Premier ministre Nouri al Maliki, et réaffirme sa stratégie de retrait d'Irak. De retour à Washington, le président donne ses instructions au département de la Justice pour révéler quatre mémos, jusque-là confidentiels. Le 16 avril, la divulgation de ces mémos, portant sur les conditions d'interrogation des détenus d'Al Qaida, suscite une polémique. D'anciens responsables critiquent l'exposition de secrets d'Etat, Obama garde le cap. En clair, de telles pratiques sont aujourd'hui révolues. Sur les sujets de politique intérieure, le nouveau président a imposé une marque : volontarisme économique, retour à la légalité pour lutter contre le terrorisme, une communication efficace et proche des attentes de l'opinion nationale. À l'étranger, dans un mélange de modestie et de confiance, Barack Obama tente de déminer le terrain laissé par son prédécesseur. The making of a President… Youssef Aït Akdim