La première moitié du siècle dernier s'est achevée avec la création de l'ONU. De 1941, avec la déclaration du palais de Saint-James et de la Charte de l'Atlantique, jusqu'à la conférence de San Francisco le 26 juin 1945, la volonté de doter le monde d'une organisation édictant une série de principes devant servir au maintien de la paix et de la sécurité internationales, a abouti à la création de la plus célèbre des institutions internationales. Bien que les Nations unies n'aient officiellement vu le jour que le 24 octobre 1945, la Charte est le document de référence fixant les droits et les obligations des Etats membres et établit les organes et procédures. L'ironie de l'Histoire veut que déjà à l'époque, à l'occasion de la signature de la Déclaration des Nations unies, le 12 janvier 1942 à Washington, les représentants de 26 Etats ont proclamé leur appui à la Charte de l'Atlantique en signe de leur adhésion à la lutte contre «l'Axe», c'est-à-dire l'Allemagne, l'Italie et le Japon, qui se sont battus contre les Alliés durant la Seconde guerre mondiale. 65 ans plus tard, l'axe s'est déplacé et une rapide comptabilité nous rappelle l'échec de l'ONU dans les grandes crises majeures qui se fondent avec son histoire. Inutile de rappeler les innombrables résolutions restées lettre morte quand elles n'ont pas été simplement bloquées par le véto de l'un des membres du Conseil de sécurité, tout comme il n'est pas nécessaire de revenir sur la gestion du génocide au Rwanda, ni de la guerre au Congo, ni de l'opération militaire en Somalie, ni de toutes ces décisions qui culmineront en 2003 avec le divorce entre les populations de la majorité des pays et l'ONU à travers sa décision de légitimer une agression contre l'Irak au risque de se dédire plus tard, toute honte bue, à la lecture du déroulement des évènements. Aujourd'hui le constat est plutôt négatif. Il est celui de l'impuissance de cette organisation à réguler les conflits internationaux et à assurer la sécurité collective. Il est également celui de la perpétuation d'un ordre colonial déguisé avec une poignée de pays dont la décision peut annuler purement et simplement la parole de tous les autres membres avec leur véto. Le monde a considérablement évolué et en dépit d'une intense activité, l'organisation n'a pas répondu aux attentes de la communauté internationale et de ses évolutions. Le constat de son impuissance à réguler les conflits internationaux et à assurer la sécurité collective serait donc le signe de l'incapacité de cette institution à faire face aux nouveaux rapports de force mondiaux. A défaut de se réformer profondément, elle ne pourrait alors plus être considérée comme le lieu approprié pour traiter les affaires de ce monde…