Comment voyez-vous les investissements d'Autoroute du Maroc dans le réseau autoroutier marocain ? Autoroutes du Maroc (ADM) a consenti beaucoup d'efforts ces dernières années en termes d'investissements. Le réseau a beaucoup évolué. Ce qui est salutaire c'est l'utilisation des dernières technologies en la matière avec des installations dernier cri, comme en témoigne le dernier ouvrage à Rabat, le tunnel de Bouregreg. Ce tunnel suspendu sera le plus grand du continent africain. C'est une fierté pour le Maroc. Cet ouvrage démontre également que le génie civile du groupe évolue et dispose d'une grande expertise. Quelle est votre appréciation du réseau autoroutier marocain ? Il y a eu des ouvertures et des projets ambitieux comme la 3ème voie entre Rabat et Casablanca qui est maintenant opérationnelle. Toutefois, je pense que le réseau doit évoluer davantage car il ne répond pas à la demande dans certaines zones géographiques précises. Veuillez-nous préciser ces zones ? Je fais allusion notamment au réseau qui doit se développer entre Beni Mellal et Marrakech. Je parle aussi de l'autoroute Fès-Tanger-Tétouan. Il faut concevoir également une autre autoroute parallèle à celle de Rabat et Casablanca et qui reliera Bouznika à Benslimane. Cette dernière contribuera considérablement à l'allègement de l'autoroute existante et rapprochera les automobilistes de l'aéroport de Benslimane. Ce sont des projets qu'il faut lancer d'urgence. Qu'en est-il des régions du Sud. Mustapha Rebbah, ministre du Transport a récemment déclaré à Tan Tan qu'un plan d'action sera mis en œuvre pour connecter cette région aux autres routes du royaume. Pourquoi un tel retard ? Pour construire une autoroute, il y a plusieurs paramètres à prendre en considération notamment le trafic et le rayonnement économique de la région en question. C'est à partir de ces paramètres que ADM décide d'investir ou non. Cependant, je trouve qu'il faut à moyen terme lancer un chantier qui vise cette région et qui doit relier Agadir à Laâyoune. Cela aura une connotation politique importante. Pourquoi les autoroutes sont-elles toujours payantes au Maroc, contrairement à ce qui se passe dans de nombreux pays à l'étranger ? Il faut savoir que les constructions d'autoroutes coûtent excessivement cher à ADM. Un seul kilomètre linéaire coûte entre 20 et 30 millions de dirhams. Ces dernières années ADM a lancé beaucoup de projets. Des chantiers importants ont été initiés mobilisant des montants astronomiques. Les charges d'ADM dépassent largement les redevances des péages. Cela a été financé principalement par des dettes et actuellement ADM est déficitaire et dans une situation alarmante. En parallèle, il y a eu plusieurs initiatives dans le cadre de l'amélioration du services, l'assistance, l'entretien des autoroutes et les aires de repos. Le jour où ADM ne sera plus déficitaire et aura un bon retour sur investissements, on pourra parler de gratuité. Quelle est votre position quant au conflit social en cours actuellement chez ADM à cause des licenciements des employés de péage recrutés par des agences d'intérim ? Il faut comprendre une chose, ADM a lancé plusieurs actions dont l'impact certain est la réduction du personnel, comme le télépéage ou les guichets. De 1 400 personnes, les effectifs passeront à 500 personnes prochainement. ADM savait que ça allait lui causer un souci, donc elle a opté pour des agences d'intérim pour ne pas les licencier directement. Maintenant, ce que nous demandons, c'est que ADM respecte le droit de ses employés. On considère qu'ils doivent bénéficier de leurs droits et de leur dignité. Nous les comprenons parfaitement. Leur salaire moyen est de 3 000 DH. ADM doit mettre de la pression sur ces entreprises de recrutement. Quelles sont les revendications des employés affiliés à l'UNTM ? Elles sont multiples, mais je vais vous citer les plus importantes. Nous observons, par exemple, un énorme décalage entre les salaires des hauts cadres, des cadres et les autres employés. C'est une exception chez ADM par rapport aux autres établissements au Maroc. En 2ème lieu, il y a aussi un décalage quand il s'agit de prime de transport et de logement. Un agent d'exécution peut toucher une prime de 200 DH par mois pour une prime de logement, alors qu'un cadre se voit octroyer 2 000 DH par mois. C'est injustifiable et cet écart évolue de plus en plus avec le temps. Ces disparités nous inquiètent. De plus, les agents qualifiés et les employés en génie civile, informatique, comptabilité et les techniciens n'évoluent pas normalement. Ils sont marginalisés. Certains ont plus de 20 ans d'expérience et stagnent dans leur poste.