Miloudi a un scoop. Charlot n'est pas mort. Pour le vérifier, il suffit de prendre l'avion au départ de n'importe quelle ville du royaume. A peine la petite lumière qui autorise à déboucler sa ceinture mais pas à fumer éteinte, des écrans tombent pour ébaubir le voyageur qui s'ennuie. Et là, devinez qui officie ? Charlot himself, dans des films qui, bien que tournés il y a près de cent ans, fonctionnent encore. Miracle de la technologie ou prouesse de la conservation, le petit homme se déhanche avec la même souplesse d'un film à l'autre. Le dosage, certainement dû à une étude psychologique poussée du comportement des voyageurs confinés dans un aéronef pendant une durée maximale de quatre heures, le dosage donc, alterne entre Charlot et la fameuse caméra cachée qui nous vient du Canada, allez savoir pourquoi. Le match peut paraître inégal entre un film muet, en noir et blanc, tourné sans les prouesses disponibles aujourd'hui et ces caméras cachées qui ridiculisent les anonymes en couleurs et dans une tentative d'universalisme humoristique. Pour Miloudi, le score est tranché. D'une part parce que Charlot restera toujours inimitable, et d'autre part, aussi parce qu'il n'a jamais usé de la crédulité des gens pour se mettre en avant et gagner de l'argent. Talent contre moyens, un antagonisme qui traverse le temps sans se soucier de son issue. Une fois cette digression terminée, notre Miloudi a émis un autre grief, réellement universel cette fois-ci. Pourquoi faut-il qu'à l'approche de la descente, mais bien avant, la projection s'arrête brutalement et laisse le voyageur sur sa faim au moment où le suspense est susceptible de se dénouer? Le psychologue qui a décidé du choix des films mérite donc un zéro pointé, d'autant plus que la probabilité de revoir un jour la fin en question est proche de zéro. En attendant, l'on peut toujours se consoler d'avoir survécu aux trous d'air.