Cela fait deux ans qu'à chaque fin de mois, 300 personnes se réunissent sur l'esplanade de la Sqala pour débattre de sujets politiques et sociétaux. A l'occasion de ce deuxième anniversaire, le Café Politis a choisi d'aborder le thème de la femme. « En deux ans, nous avons accueilli plus de 6 000 participants et 130 intervenants », explique Ahmed Ghayat, président de l'association Marocains Pluriels. « Nous avons réussi à installer ce rendez-vous dans l'agenda national, à fidéliser un public, à donner confiance. Aujourd'hui, les jeunes aussi bien que les intervenants savent qu'ils viennent participer à quelque chose de pérenne, à un rendez-vous sérieux qui n'est pas un coup ponctuel sans suite, qu'il n'y a derrière les discussions aucune intention de manipulation ou d'embrigadement », se félicite-t-il. Le thème du débat fait référence à la place « légitime » de la femme dans la société. Ahmed Ghayat explique : « Nous avons intitulé ce thème ‘la place légitime de la femme dans la société marocaine', car il y a la place que la femme occupe réellement, dans les faits et celle à laquelle elle aspire légitimement. A titre d'exemple, à compétences égales son salaire est nettement inférieur à celui des hommes, dans la rue elle subit un harcèlement qui la pénalise dans son droit au respect, dans les manuels scolaires l'image de la femme est dépréciée, et ainsi de suite ». Le panel sera exclusivement composé d'intervenantes. Un choix assumé par les organisateurs, qui précisent par ailleurs que le débat est ouvert à tous. « Nous cherchions une idée originale pour célébrer ce deuxième anniversaire du Café Politis, une manière de bien marquer le coup », explique Ahmed Ghayat. « En réfléchissant aux intervenants et aux débats que nous avons eus je me suis rendu compte que dans le public les jeunes filles étaient aussi nombreuses que les jeunes garçons alors qu'au niveau des intervenants c'était la gente masculine qui avait été la plus nombreuse, d'où cette idée de composer une «tribune» de femmes uniquement…Une façon de faire un beau clin d'œil à tous les organisateurs de débats, de conférences, de colloques à travers le pays également », précise-t-il. Quatre intervenantes se sont succédées, chacune abordant un thème : l'image avec l'actrice Latefa Ahrare, l'écriture avec Lamia Berrada, journaliste et auteure, puis l'associatif Narjis Aliane, étudiante, et enfin le foyer avec Amina Essalhi, mère de famille. « Il y aura aussi la participation d'une «invitée du cœur» à qui nous voulons rendre hommage », ajoute Ahmed Ghayat. Une telle plateforme de discussion peut jouer un rôle central dans le débat public, d'autant plus que 80 % des participants au débat sont des jeunes, d'après les organisateurs. « Il est très important que ces thèmes soient débattus avec la jeunesse car c'est un projet de société que nous cherchons à construire, un projet pour mieux «vivre ensemble»…Ce projet doit nécessairement être porté par les jeunes », affirme Ahmed Ghayat. Malgré les difficultés, la persévérance donne ses fruits et « le bilan est très largement positif », selon Ahmed Ghayat. « Modestement nous contribuons à faire progresser le débat, à faire évoluer le sens du dialogue et à faire avancer les idées », conclut-il.