La problématique de la sécurité des enseignantes dans les zones rurales éloignées se pose avec acuité. Une nouvelle affaire de tentative de viol a été enregistrée à la commune Ghouirate dans le cercle d'Outat El Haj relevant de la province de Boulemane. Deux hommes, habitant le douar, ont attaqué l'enseignante à 11h du soir, jeudi dernier. La victime a été sauvée, in extremis, par un enseignant qui habite près de l'établissement scolaire où elle habite. Les cris stridents de la victime ont réveillé les habitants du douar. L'ODT (Organisation démocratique du travail) dénonce dans un communiqué cette agression sexuelle. « L'enseignante est dans un état hystérique. Elle a été transportée à l'hôpital dans un état lamentable. Elle souffre de blessures et de cassures au niveau des bras et des pieds », s'indigne Fatna Afid, secrétaire générale de l'Organisation démocratique de l'enseignement affiliée à l'ODT. Il poursuit : « Cet incident n'est pas le premier. Nombreux de cas d'agressions sexuelles et de viol ont été enregistrés dans les zones rurales. Les derniers en date se sont produits à Chaouen et Ouerzazate. Cette situation ne doit plus continuer. L'Etat doit assumer ses responsabilités et garantir la sécurité aux enseignantes ». L'agression a provoqué une vague d'émotions dans toute la région. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie royale. Selon l'ODT, la sécurité de l'enseignante est menacée. « L'enseignante reçoit par téléphone des menaces de la part des agresseurs », souligne Fatna Afid, qui s'indigne contre cette vague d'agressions faites aux enseignantes. « Une autre enseignante a perdu son œil. L'agresseur qui n'arrêtait pas de la harceler l'a attaquée un jour et l'a rouée de coups », poursuit-elle. Garantir la sécurité des enseignantes Les « crimes » successifs perpétrés contre les femmes du corps enseignant font froid dans le dos. Fatna Afid pointe du doigt la politique menée par les différents gouvernements qui se sont succédés. « Les différents gouvernements qui se sont succédés ont négligé la question du logement de l'enseignant. Au moment de la construction d'un établissement scolaire, on ne pense pas à bâtir également un logement pour l'enseignant ou l'enseignante. Il est vrai que certaines écoles disposent d'un logement pour l'enseignant. Cependant, 70% des établissements ne l'ont pas. Les enseignants habitent dans la classe. C'est regrettable », déplore cette militante chevronnée des droits du corps enseignant avant de poursuivre : « Dans les années 90, j'enseignais à Chaouia. Une amie a été violée alors qu'elle était mariée. Elle n'a pas voulu porter plainte contre l'agresseur pour éviter la honte. Les habitants du douar étaient au courant mais on n'osait pas en parler ». Par la voix de sa secrétaire générale, l'Organisation démocratique de l'enseignement a envoyé une missive au ministre de l'Education nationale dans laquelle elle exige de garantir la sécurité aux enseignantes des zones rurales. « Il est insensé que l'on envoie des enseignantes dans ces régions sans qu'on leur assure au moins un logement décent et sécurisé», martèle-t-elle. Fatna Afid a salué la démarche prise par le ministère de l'Education national dans l'affaire de Ouarzazate. « Le ministre de l'Education nationale a demandé à la délégation de Ouarzazate de déposer une plainte auprès de la justice au nom du ministère. C'est une bonne initiative pour que les agresseurs ne restent pas impunis ». Par ailleurs, la secrétaire générale de l'Organisation démocratique de l'enseignement dénonce également les violences et les agressions faites aux enseignants célibataires. « Nombreux sont les enseignants qui ont été accusés de harcèlement sexuel contre les femmes du douar. Ils étaient même obliger d'épouser des femmes de ces régions rurales pour éviter les problèmes ». Fatna Afid soulève également la problématique des agressions sexuelles et des viols dont sont victimes les infirmières qui travaillent dans ces régions rurales très éloignées