Dans cet entretien tenu dans les locaux du Soir échos, les deux ambassadeurs des pays organisateurs de l'Euro 2012, la Pologne représentée par son ambassadeur Witold Spirydowicz, et l'Ukraine représentée par son ambassadeur Yaroslav Koval, accordent leurs violons pour expliquer au public marocain le fonctionnement de cet Euro, ainsi que le côté sportif de l'évènement. Côté Euro 2012, tout se passe bien en Ukraine… Reste que l'on dénombre des manifestations anti prostitution… Comment gérez vous cela ? Y. Koval : Vous faites sans doute allusion à cette petite ONG qui s'appelle « Femen », et qui proteste contre toute sorte d'inégalité ou d'insuffisance des droits de l'homme. Ces jeunes femmes protestent les seins nus. C'est vrai, cette organisation a manifesté avant le début du championnat, et cela a mis en garde les autorités publiques contre l'augmentation de la prostitution à l'occasion de l'Euro. Le travail de prévention a été mené en Ukraine, et nous avons tout fait pour que ce phénomène néfaste ne connaisse pas de recrudescence pendant le tournoi. Notre directeur de championnat, qui est un ancien diplomate, a dit en répondant à la presse que « l'ambiance sera tellement intéressante, et il y aura tellement de choses à voir en dehors du football, que je suis sûr que les supporters n'auront pas le temps de penser au sexe ». J'espère qu'il a eu raison et la police nous révèlera les résultats par la suite. Sur le plan footballistique, les deux pays sont malheureusement disqualifiés, que retenez-vous de cette participation ? W. Spirydowicz : Peut être que les espoirs étaient trop grands. Il faut admettre que l'équipede la Pologne n'est pas l'équipe d'il y a 30 ans où nous étions les maîtres du monde, une équipe qui a occupé la troisième place mondiale en Allemagne (1974 ndlr). Les joueurs jouent dans les clubs étrangers et ont rarement l'occasion de jouer ensemble. C'est une déception. L'entraineur national (Smuda ndlr), contrairement à Gerets, a déclaré qu'il va démissionner. Il n'était pas très brillant, à mon avis. Yaroslav Koval : Nous avons été les derniers à quitter le championnat, prématurément, mais quand même pas très tôt. Ceci dit, notre sélection connaissait déjà un problème de relève. Nous savions que Schevchenko, notre grand joueur avait des problèmes de santé, il a fait un immense effort dans un match face à la Suède, mais face à la France, nous avons perdu. Un journaliste sportif ukrainien disait que « si on devait perdre, autant perdre face à un adversaire comme l'équipe de France, car au moins c'est une équipe qui joue très bien ». J'espère, au moins, que nous avons donné à tous les supporters de football un beau spectacle. Comment se passe le transport entre les deux pays ? W. Spirydowicz : Beaucoup d'équipes ont choisi la Pologne comme domicile pendant le championnat,même pour les équipes qui jouent en Ukraine. Elles voyagent par avion vu la distance entre les deux pays, et cela se déroule sans problèmes. Nous avons modernisé tous nos aéroports et réseaux routiers, et nous avons finalisé également l'autoroute de Varsovie à Lisbonne. Avez-vous un chiffre concernant le nombre des vols effectués ? Y. Koval : D'ici peu nous aurons des statistiques fort intéressantes. L'équipe des Bleus a choisi Donetsk pour quartier général, Kiev accueillait l'équipe nationale d'Ukraine, bien sûr, mais aussi l'équipe suédoise et en matière de transports, l'Ukraine a finalisé 1800 km de voie rapide avant le championnat pour relier les villes. Notre société de transport a acheté une dizaine de trains rapides qui permettaient de relier Kiev à Donetsk, deux villes que presque 700 km séparent. On mettait 5h30 à 6h entre ces deux villes. Mais il ne faut pas se faire beaucoup d'illusion, c'est le transport aérien qui a du assumer le gros des transferts des supporters entre les deux pays. L'Ukraine et la Pologne ont simplifié aussi bien le contrôle des supporters aux aéroports qu'aux frontières terrestres. Nous avons mis en place des équipes conjointes Ukraino-polonaises de gardes frontières et pompiers. Pour les aéroports, nous avons demandé aux compagnies aériennes de fournir aux autorités ukrainiennes à l'avance les listes des passagers de manière à réduire le passage des supporters en quelques secondes. Avez-vous pensé à un visa commun des deux pays pour faciliter les passages ? W. Spirydowicz : Ce n'est pas possible puisque le Pologne appartient à la zone Schengen et à l'Union européenne tandis que l'Ukraine est en dehors vu les règlements européens. Y. Koval: Malgré l'appartenance de la Pologne au traité Schengen, il y a des accords bilatéraux qui prévoient des facilitations assez importantes, tant au niveau de la gratuité que sur le plan d'octroi de visas. Des incidents se sont déroulés entre Russes et Polonais à Varsovie en marge de leur match. Vous dites qu'il n'y a pas de rapport entre politique et sport, expliquez nous ce fait ? W. Spirydowicz : s'il y a des manifestations, c'est la volonté des gens. Je répète qu'à mon avis, mélanger sport et politique c'est mauvais, d'ailleurs toutes ces manifestations ont été condamnées par la classe politique y compris l'opposition actuelle. Y-a-t'il des accords dans le domaine du sport entre vos gouvernements et le Maroc ? W. Spirydowicz : Il n'y a eu pas d'accords mais vu l'état de notre équipe nationale (rires), ce serait bien d'organiser un match amical. Vous avez un stade formidable à Marrakech, nous avons maintenant ce stade national à Varsovie, nous allons travailler là-dessus. Y. Koval : Nous avons, au sein du Dynamo Kiev (équipe où évolue Schevchenko, ndlr), un joueur marocain, Badr El Kadouri. Malheureusement, il ne joue pas l'Euro, il aurait été d'une aide remarquable (rires). S'agissant de la coopération sportive, il y a des opérations décentralisées. L'été dernier, une équipe de jeunes était partie s'entrainer avec un entraineur ukrainien. Il y a aussi des contacts concernant les entrainements de volleyball et de boxe. Nous avons aussi un projet d'accord dans le domaine de la jeunesse et des sports que nous allons signer, j'espère, dans les mois qui viennent. Donc nous avons déjà certains acquis qu'il faut conclure et développer davantage. ◆