Comment est né le Festival international du film animalier et de l'environnement (FIFALE) ? Un projet de festival sur la protection de l'environnement mûrissait lentement dans mes cartons. Mon arrivée au Maroc et mon installation à Rabat furent deux éléments déclencheurs pour mettre en œuvre ce festival. J'ai découvert un pays aux paysages magnifiques et surtout une ville, Rabat, dotée d'une ceinture verte, protectrice, naturelle, symbole combien précurseur à cette époque dans un pays comme le Maroc. Mon cheminement m'a conduite vers celui qui était à même de répondre et de comprendre mon idée. J'ai rencontré Abdelkrim Bennani, président de l'association Ribat Al Fath qui a immédiatement accepté de concrétiser ce projet. De son côté, Rachad Bouhlal, un membre très actif et très impliqué dans le FIFALE, même pendant ses missions à l'étranger, toujours présent, m'a apporté un soutien dynamique. C'est toujours un collaborateur exceptionnel. Le ministère de l'Environnement venait de naître et Feu Sa Majesté le Roi, Hassan II, nous avait octroyé son haut Patronage. Depuis toutes les éditions ont reçu cet honneur. Lors de sa première édition, en 1996, plus de 80 films sont entrés en compétition, en provenance de 14 pays des 5 continents. C'est ainsi que le Maroc, pays d'ouverture, a accueilli le FIFALE, premier festival du genre sur le continent africain. Quels sont les objectifs de cet événement ? A sa création, ce festival avait déjà pour but premier d'inciter une prise de conscience vis-à-vis de la protection de l'environnement. A travers les documentaires animaliers, nous avons trouvé une forme ludique pour faire naître dans la population, un sentiment de responsabilité et d'engagement sur la protection de la faune et de la flore, notre patrimoine. Un animal peut vivre dans un environnement sain mais il disparaît dans un environnement détérioré. Protéger l'animal et son environnement, c'est tout simplement protéger notre planète dans le seul but de léguer à nos enfants le meilleur des héritages. Un des autres buts du FIFALE est de développer la réalisation et la production de documentaires animaliers ou environnementaux au Maroc avec des partenaires et des techniciens marocains. Peut-on avoir une idée sur le programme de cette 9e édition notamment les thèmes phares qui seront abordés ? Comme dans tous les FIFALE précédents, nous avons de nombreux films en avant-première. Chaque soirée a une thématique et les intervenants sont des passionnés de la sauvegarde de notre environnement, des amoureux du patrimoine culturel marocain. Nous allons recevoir de grands professionnels, réalisateurs de documentaires au palmarès époustouflant comme Christian Petron, René Heuzey, Jean-Michel Corillion, Rachid Oujdi, mais également Boyan Slat. Il nous expliquera son projet incroyable pour débarrasser les océans des plastiques si destructeurs de la faune marine, des oiseaux etc. Je ne peux pas tout vous énumérer mais le FIFALE est très fier de la programmation de cette 9e édition. Prévoyez-vous d'apporter des innovations cette année ? Chaque année, le FIFALE recherche les meilleurs documentaires internationaux en préparation. Cette année, parmi les invités « vedettes » au niveau mondial, investis d'une mission de protection de l'environnement, on peut noter la présence de Boyan Slat avec son projet du remorquage d'un iceberg pour fournir de l'eau douce aux pays qui en manquent dans le film « rêve de glace ». Le documentaire raconte l'histoire de jeunes bénévoles marocains « la tribu des écolos » qui s'investissent dans des opérations environnementales, sous la houlette d'Oussama, créateur d'Ecologie.ma. Le FIFALE devient un portail incontournable et un outil de communication pour toutes ces actions de préservation. Parallèlement, vous organisez aussi des séances scolaires. De quoi s'agit-il concrètement ? Les séances scolaires ont toujours été une préoccupation majeure de l' équipe du FIFALE et de Abdelkrim Bennani. Ces séances ont pour but de développer des actions pédagogiques au profit des élèves pour faire connaître ce patrimoine, sensibiliser le public sur les grands défis que lance le Royaume pour la protection de la biodiversité et des écosystèmes. Cette jeunesse représente les générations futures et je peux vous dire qu'elle a bien conscience de cet héritage à protéger. Voyez toutes les actions qui se développent partout au Maroc. Pourquoi avez-vous choisi le septième art pour sensibiliser sur l'environnement ? L'approche cinématographique, surtout le documentaire, fait prendre conscience des problèmes en travaillant sur le terrain. Le documentaire est un outil, un support visuel qui aide le grand public à mieux comprendre à mieux appréhender l'urgence à agir et à protéger son environnement. Est-ce que selon vous les thématiques liées à l'environnement sont suffisamment abordées par les médias audiovisuels au Maroc ? Non, bien sûr, d'autant que le documentaire est le parent pauvre du cinéma au Maroc alors, imaginez le documentaire sur le thème animalier et environnemental ! Cette année, en accord avec l'ISCA (ndlr : Institut spécialisé du cinéma et de l'audiovisuel à Rabat), nous allons organiser des Master Class avec les grands professionnels invités du FIFALE et les étudiants de l'ISCA. Il faut aussi que les médias audiovisuels marocains offrent des cases de programme sur la nature. La série « Amouddou » est une série de très bonne qualité sur la SNRT. Il faudrait que d'autres TV se penchent sur ce thème. Le documentaire n'est pas du cinéma « bas de gamme », au contraire. Il y a un grand travail à faire auprès des instances cinématographiques marocaines pour faire reconnaître à sa juste valeur ce genre de film.