Annoncé depuis le début du mandat de Lahbib Choubani, le lancement de ce dialogue a débuté hier à Rabat. Ismail Alaoui, ancien secrétaire général du PPS, a été nommé hier président de la commission nationale pour le dialogue sur la société civile. Composée de représentants des secteurs institutionnels (du secrétariat du gouvernement, du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l'Intérieur, entre autres) ainsi que d'une trentaine de représentants de la société civile issus d'associations de droits de l'homme, d'associations féministes, d'ONG de protection de l'enfance, et protection du consommateur, entre autres associations. Trois champs d'actions avaient été délimités au préalable par le ministère : « l'action législative, la gouvernance des associations et le suivi et l'organisation des informations concernant la société civile ». Un recensement de l'ensemble des associations et organisations de la société civile à l'échelle nationale est également prévu « en vue de fournir une base de données globale à même de constituer une plateforme de planification stratégique pour tous les acteurs gouvernementaux », avait déclaré Lahbib Choubani il y a quelques semaines. Enfin, un programme « Hakama » (gouvernance) sera lancé afin de former les acteurs de la société civile en termes de gestion organisationnelle et financière, ainsi que l'institution d'un prix de la gouvernance. Boycott pour « manque de transparence » Invités à rejoindre la commission, les représentants de certaines associations ont choisi de boycotter ce dialogue. L'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) en fait partie. Khadija Rebbah, membre de l'ADFM et également membre de la commission de préparation du dialogue explique que la décision de refuser la participation à la commission vient du fait que le ministère a nommé des personnes physiques et non pas des associations. Khadija Rebbah faisait partie de la commission de préparation du dialogue national sur la société civile mais a choisi de se retirer « à cause du manque de transparence » et du fait que « les recommandations de la commission de préparation n'ont pas été prises en compte ». « Nous boycottons la commission, non pas le dialogue », précise-t-elle. « Nous sommes contre la nomination de personnes physiques. Ce sont les associations qui doivent être représentées », conclut Khadija Rebbah. Contacté par Le Soir échos, le président de la commission Ismail Alaoui estime que la nomination de personnes s'explique du fait que ces personnes désignées « ne peuvent pas se défaire de leur identité liée à leur rôle dans leurs associations respectives ». « Le choix est peut-être arbitraire, mais j'estime qu'il est pertinent », conclut Alaoui. Rappelons que ce vaste processus de consultation publique sera marqué par des colloques nationaux et internationaux, des rencontres régionales et des séances d'audition où seront présentés les mémorandums des associations et des ONG, indique un communiqué du ministère chargé des Relations avec le parlement et la société civile. Dans un souci d'accompagnement du dialogue, un site électronique interactif sera mis en place afin de recevoir les contributions des acteurs de la société civile au Maroc comme à l'étranger. Le dialogue national sur la société civile et ses nouveaux rôles constitutionnels vise à associer le plus grand nombre d'associations et d'ONG dans l'élaboration des textes de base devant servir à la définition des règles juridiques relatives à la démocratie participative, en particulier les dispositions de la Constitution réglementant le droit de présenter des pétitions et la participation à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques et des dispositions constitutionnelles qui s'y rattachent, ajoute le communiqué. Ce dialogue ambitionne, en outre, à élaborer des règles de gouvernance sur la gestion associative et d'une charte d'honneur national pour la démocratie participative.