Pays plus que proche du Maroc, la Mauritanie constitue notre voisin immédiat à tous points de vue et si la métaphore peut choquer quelques puritains, on dirait le prolongement ethnique, humain, culturel et spirituel du Maroc. Tant il est vrai que le brassage et l'interpénétration entre les deux peuples restent grands. Stabilité du Mali en ligne de mire Dans les pas d'une coopération qui n'a connu qu'une ligne rectiligne, en dépit de quelques incidents de parcours vite surmontés, le nouveau partenariat maroco-mauritanien tombe à point nommé. Et la visite à Nouakchott de Saâd Eddine El Othmani a valeur de symbole, parce que d'une part elle confirme la volonté du gouvernement marocain de consolider l'héritage politique d'une relation historique, et d'autre part souligne la nécessaire concertation qui s'impose à un moment où la région sahélo-saharienne est soumise à rude épreuve, face au terrorisme notamment. Si la visite du ministre des Affaires étrangères avait entre autres comme objectif de préparer la 7e haute Commission mixte maroco-mauritanienne, prévue le mois prochain sous la présidence des deux chefs d'Etat, elle n'en a pas moins relancé le processus de dialogue entre les deux pays que le roi Mohammed VI souhaite voir se hisser à un niveau digne de leur amitié. Au demeurant, Saâd Eddine Othmani a tenu, à l'issue de l'audience que le président mauritanien lui a accordé, à déclarer que « le Roi Mohammed VI accorde un grand intérêt au développement des relations bilatérales pour les renforcer davantage aux plans politique, économique, culturel et populaire ». Avec le président mauritanien, un dialogue ouvert a permis aux deux parties de confronter leurs points de vue sur des questions plus que formelles, plus que bilatérales. Le Mali semble avoir focalisé les regards des uns et des autres. Le gouvernement marocain a appuyé la démarche de Nouakchott dans la crise malienne, mais il a aussi renouvelé, c'est le moins que l'on puisse y attendre, son soutien aux efforts déployés par les pays de la Cédéao qui s'efforcent de mettre en place des structures destinées à renforcer la stabilité du Mali. A ce niveau, le Maroc ne ménage aucun effort, a dit le ministre, pour soutenir toute initiative dans ce sens. « Cette rencontre a permis également d'aborder les chantiers qui attendent le Mali sur les plans sécuritaire, politique et humain ainsi qu'en matière de développement et qui engagent le Maroc et la Mauritanie », a affirmé El Othmani. Des relations entre deux peuples d'abord On se félicite donc de part et d'autre de cette communauté de destin qui se renforce au regard des événements bilatéraux et, dans le même temps, d'une conjoncture régionale qui incite à la solidarité effective. Et pour preuve, la signature lundi entre Saâd Eddine El Othmani et son homologue mauritanien, Hamadi Ould Baba Hamadi, d'un Mémorandum d'entente qui est l'expression retenue pour souligner leur volonté d'aller de l'avant, en prévoyant notamment la mise en place d'un mécanisme de concertation politique sur des dossiers d'intérêt commun, notamment sur la région et au niveau international. M. Othmani a souligné que « la signature de cet accord et la tenue de la 7éme session de la haute commission mixte maroco-mauritanienne en avril prochain à Nouakchott sont à même de donner une forte impulsion aux relations de coopération bilatérale. Il a mis en évidence « la volonté commune des deux pays, sous la conduite éclairée des deux chefs d'Etat, de consolider les relations bilatérales à tous les niveaux et d'ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat » , affirmant qu'il « s'agit de relations entre deux peuples avant d'être des relations entre deux gouvernements ». Concertation constante Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération n'avait pas de mots assez forts pour souligner l'impératif d'une complémentarité. Dans la foulée , il a affirmé que « les relations politiques entre le Maroc et la Mauritanie « ont toujours été très bonnes, d'où l'impératif d'une concertation politique constante et d'un échange de vues permanent sur les questions d'intérêt commun», ajoutant qu'ils « partagent les mêmes préoccupations et travaillent sur des dossiers communs, comme la situation au Mali et dans la région sahélo-saharienne, la construction de l'Union maghrébine et bien d'autres questions qui nécessitent des consultations ponctuelles ». Convié à commenter sa visite à Nouakchott, Saâd Eddine El Othmani a précisé que « les objectifs fixés ont été atteints, notamment l'évaluation du bilan de la coopération bilatérale dans des domaines aussi variés que la formation professionnelle, l'habitat, l'aménagement, l'équipement, la santé, la pêche maritime et l'agriculture ». Son homologue mauritanien, tout à sa volonté d'enchaîner avec le même enthousiasme a déclaré à l'issue de la séance de travail et de la signature du mémorandum : « Nous fondons d'importants espoirs sur cette réunion pour impulser la coopération et le partenariat entre les deux Etats frères pour mieux servir leurs intérêts communs ainsi que pour répondre aux attentes légitimes de nos deux peuples ». M. Ould Hamadi a fait également part de « sa profonde conviction que la Mauritanie et le Maroc sont liés par des relations historiques, géographiques, sociales et économiques ainsi que par un destin commun, ce qui fait d'eux un modèle à suivre dans la solidité des relations et la confiance réciproque ». Il n'en est pas resté à ce propos qui ramène les deux pays à une époque fondatrice : « Fidèle au principe du développement et du renforcement des relations de coopération avec le Royaume frère du Maroc dans tous les domaines, a-t-il souligné, la Mauritanie estime que la situation actuelle n'est pas au niveau des ambitions des deux pays et qu'elle ne reflète ni les capacités disponibles, ni le niveau des liens appréciables unissant les deux pays ». Autrement dit, il leur faut une mise à niveau de leurs ambitions !