Le gouvernement de Nicolas Sarkozy est dans l'obligation de fournir des réponses qui, logiquement, devront l'engager dans cette affaire. L'affaire du colonel Terhzaz se fraye un chemin au Parlement français. La mobilisation de sa famille a porté fruits. Trois députés en effet issus des rangs des deux grandes formations politiques en France ont adressé des questions écrites à Bernard Kouchner. Armand Jung et Pierre Cohen du parti socialiste (opposition) et Pierre Cardo du parti de Sarkozy (UMP, majorité) interpellent ouvertement le chef de la diplomatie française afin d'agir, et d'urgence, en faveur du colonel Kaddour Terhzaz en retraite, 72 ans, emprisonné à Salé depuis 2008 et condamné à 12 ans de prison. S'adressant à Bernard Kouchner, le député Jung a écrit que «plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un chef d'accusation absurde et une parodie de procès. En France, le soutien à l'officier emprisonné s'organise et des pétitions demandant sa libération circulent. L'intéressé étant franco-marocain, il souhaite savoir si la France a entrepris des démarches pour lui apporter son soutien et son assistance et si des contacts ont été pris avec les autorités marocaines pour obtenir sa libération dans les plus brefs délais». Un ton modéré qui tranche avec celui adopté par un autre socialiste, Pierre COHEN, un Français de confession juive, né en Tunisie. Dans sa question écrite, il met l'accent notamment sur «la détention dans des conditions inhumaines et pour des motifs politiques de Kaddour Terhzaz, de nationalités marocaine et française». Il qualifie d' « exception » le procès qui «n'a pas permis à Terhzaz de présenter des témoins». Et de conclure que «la France ne peut rester sans expression publique sur cette situation qui frappe l'un de ses ressortissants» et demande «au ministre des Affaires étrangères si le gouvernement, dans le cadre de son engagement pour les droits de l'Homme entend associer la diplomatie française à ces appels et lui demandent quelles actions il entend mener pour obtenir une amélioration des conditions de détention de Kaddour Terhzaz ainsi que la perspective de sa libération». Avec ses trois questions écrites, la mobilisation en faveur du colonel franchit un nouveau cap. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy est dans l'obligation de fournir des réponses qui, logiquement, devront l'engager dans cette affaire. Un engagement qui devrait tenir en compte les relations entre Paris et Rabat. Par ailleurs au Maroc, le nom du colonel Terhzaz a été donné comme étant bénéficiaire de la grâce royale lors du 10e anniversaire de la fête du Trône mais il n'en fut rien. C'est effectivement suite à cela que la famille du colonel a changé de tactique pour demander sa libération. Désormais, c'est en France où elle concentre toute son énergie avec à la clé des points de presse, pétition et soutien d'Amnesty international. Pour mémoire, l'ONG basée à Londres a parrainé récemment une rencontre-débat, à Toulouse sous le thème si révélateur de la position d'Amnesty «Au Maroc, violation des droits de l'Homme et détentions arbitraires : le cas de Kaddour Terhzaz, emprisonné arbitrairement au Maroc depuis 15 mois». Dans cet élan international de solidarité avec le colonel, l'AMDH a choisi de saisir Abdelaziz Bennani, en sa qualité d'inspecteur général des FAR. Dans sa missive, l'ONG exige une révision du procès de l'officier.