Nul doute que la surexploitation des stocks halieutiques mondiaux bat son plein. Conséquence : Le reflux du commerce mondial de poisson et de produits halieutiques va s'accentuant surtout en ces temps d'incertitudes économiques et de récession mondiale. L'étau se resserre donc autour des opérateurs, d'autant plus que de nouvelles règles d'accès à ce marché s'imposent. «Depuis le 1er janvier 2010, l'Union européenne, premier marché mondial d'importation de poisson, exige désormais que toutes les importations de poisson sauvage soient accompagnées d'un certificat validé par les autorités halieutiques du pays dont le navire de pêche bat pavillon», affirme la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) dans son tout dernier rapport intitulé «Les nouvelles règles d'accès au marché et la crise économique affectent le secteur du poisson». Ces nouvelles exigences et mécanismes de certification représentent une «véritable gageure» notamment pour les petits producteurs des pays en développement, puisqu'ils se taillent la part du lion en termes de production mondiale. Certes la finalité de se conformer aux normes est de «combattre la pêche illégale, non réglementée et non déclarée», mais la modernisation et la rénovation des installations et des équipements et l'investissement dans le savoir-faire technique, impliquent de nouvelles charges que ces producteurs ne sont pas en mesure d'assumer. Un nouveau coup dur qui vient s'ajouter aux retombées de la récession économique de 2009. D'ailleurs, le secteur du poisson a accusé des pertes sèches en valeurs et en volumes, bien que toutes les données de 2009 ne sont pas encore publiées, selon la FAO. Les seuls chiffres disponibles concernent l'Union européenne et font état d'un repli de 7% en valeur durant la période janvier-juillet. Cela étant, une question cruciale s'impose, cette nouvelle décision recouvre-t-elle un aménagement rationnel et responsables des pêches ? Ou au contraire dresse-t-elle des barrières face à ces efforts ? Les nouvelles exigences de certification représentent une «véritable gageure» notamment pour les petits producteurs des pays en développement. Selon la FAO, la solution réside dans la meilleure optimisation qui combine réduction de la pauvreté, sécurité alimentaire…d'un côté et de l'autre la sauvegarde des emplois et des revenus de quelque 43,5 millions de personnes employées directement dans les pêches et l'aquaculture. Sans compter les autres quatre millions qui travaillent à titre occasionnel. La FAO estime qu'un demi-milliard d'individus dépendent du poisson pour la totalité ou une partie de leurs revenus. Se conformer à plus d'une norme place la barre encore plus haut. «Le commerce durable de poissons sauvages et de fruits de mer dépend d'une base de ressources renouvelables aménagée de façon durable et responsable. Les critères d'accès au marché peuvent être formulés afin de créer des mesures d'incitation à une pêche durable. L'enjeu pour les responsables politiques est de garantir que ces mesures soient rationnelles, aient un fondement scientifique et ne créent pas de barrières inutiles», a déclaré le sous-directeur général de la FAO pour les pêches et l'aquaculture, Ichiro Nomura, A noter que les échanges internationaux de poisson et de produits halieutiques se sont élevés à 102 milliards de dollars en 2008. Les captures de poissons à l'état sauvage ont dépassé les 100 millions de tonnes par an. D'après les données statistiques, le poisson est l'une des denrées alimentaires les plus échangées à l'échelle mondiale avec près de 37% de toute la production halieutique (53 millions de tonnes). Les pays développés détiennent la palme d'or en matière de poisson importé avec 60% du total en poids et 80% en termes de flux monétaires. Au total, et toujours pour l'année 2008 le montant global des importations de poisson a atteint 108 milliards de dollars. L'Europe, le Japon et les Etats-Unis s'adjugent la grosse part avec 75% de toutes les importations de poisson. Ce qui se traduit pour les pays en développement par des recettes de 27 milliards de dollars par an.