«Mais ce n'est pas possible! Je suis en retard pour mon travail, mais ça il ne le comprend pas ». Costume noir, chemise blanche immaculée, veste trois quart, Nourddine n'a pas arrêté de regarder sa montre, depuis qu'il s'est installé dans le petit taxi. Ses propos traduisent agacement et colère, des sentiments auxquels il doit faire face presque tous les matins. « Chaque fois que je prends un petit taxi à Casa-port, je dois attendre une éternité. Et chaque fois je regrette de ne pas être venu en voiture ». A Casablanca, les « taximen » sont loin de satisfaire leurs clients. Devant les porte de sortie de la gare Casa-port, ils se bousculent presque à chaque arrêt de train, chacun voulant attirer des clients. « un taxi monsieur, un taxi madame…. », crient certain d'entre eux. Une fois le premier client installé dans le fameux taxi rouge, il doit attendre que le chauffeur trouve d'autres passagers. Les clients se plaignent mais en vain Pourtant, le dahir (n° 1-63-260) du 12 novembre 1963 stipule, entre autres, que le client a des droits qu'il peut réclamer lors de la course. Il peut exiger que le chauffeur de taxi ne charge pas d'autres clients. Le transport par taxis est donc en principe régulé, ne laissant pas de place pour l'anarchie. En pratique, aucune de ces lois n'est appliquées. Selon le président du Comité de coordination nationale du transport, Abderrahmane Chafîi, «ces lois ne sont pas prises en compte parce que le chauffeur de taxi a plusieurs responsabilités. Le taximen attend plus d'une heure l'arrivée du prochain train, il doit bien être payé pour cette heure d'arrêt qu'il a faite », témoigne-t-il. Les chauffeurs des taxis rouges ne peuvent que partager cet avis. Abdesslam, taximen qui a atteint la cinquantaine, s'indigne que quelqu'un lui pose la question. « J'ai une recette à payer, du carburant, et une famille à nourrir, j'ai besoin de gagner de l'argent » répond-il avec nervosité exagèrée. « Je ne peux pas charger un seul client à la fois. J'emmène trois courses à la fois ! », dit-il. Les Casablancais, n'ayant pas d'autres choix, sont donc obligés de supporter les lois improvisées par les chauffeurs.